mardi 20 juillet 2010

La caserne philosophique

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Par nature, par goût et par éducation, le peuple français est porté à l'idolâtrie des systèmes, à l'amour des idées, au culte de l'abstraction. De l'homme concret, il se soucie peu, et il doit ce trait de caractère à l'enseignement dont ses enfants ont été et sont toujours accablés. Il ne s'agit pas de condamner les enseignants. J'ai déjà eu l'occasion à de multiples reprises d'en vanter le dévouement, la compétence et l'enthousiasme. Il s'agit d'une emprise beaucoup plus subtile, qui remonte aux origines de la troisième république, mal assurée de sa pérennité et qui pour ne point périr, a froidement décidé de laver les cerveaux (j'en reparlerai, car il y a des choses proprement incroyables que l'on nous cache), et de faire exactement et par les mêmes moyens, ce qu'elle reprochait, avec quelque vraisemblance, à l'Église catholique et à son clergé : imposer ses dogmes, son échelle de valeur, et des comportements prétendument républicains. L'entreprise était totalitaire. Elle a réussi au-delà de toutes les espérance de ses promoteurs.
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Je voudrais ici vous citer la conclusion que donne TAINE au Livre consacré à la Révolution et à la survenue de BONAPARTE en conclusion des crimes et des excès des soi-disants porteurs de la Liberté, dans son magistral ouvrage : Les origines de la France contemporaine.
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Selon BONAPARTE, le régime qu'il apporte est (et je commence ici la citation) : "l'alliance de la philosophie et du sabre". Par philosophie, ce qu'on entend alors, c'est l'application des principes abstraits à la politique, la construction logique de l'État, d'après quelques notions générales et simples, un plan social uniforme et rectiligne ; or, comme on l'a vu, la théorie comporte deux de ces plans, l'un anarchique, l'autre despotique. Naturellement, c'est le second que le maître adopte, et c'est d'après ce plan qu'il bâtit, en homme pratique, à sable et à chaux, un édifice solide, habitable, bien approprié à son objet. Toutes les masses du gros oeuvres, code civil, université, concordat, administration préfectorale et centralisée, tous les détails de l'aménagement et de la distribution, concourent à un effet d'ensemble, qui est l'omnipotence de l'État, l'omniprésence du gouvernement, l'abolition de l'initiative locale et privée, la suppression de l'association volontaire et libre, la dispersion graduelle des petits groupes spontanés, l'interdiction préventive des longues oeuvres héréditaires, l'extinction des sentiments par lesquels l'individu vit au-delà de lui-même, dans le passé et dans l'avenir. On n'a jamais fait une plus belle caserne, plus symétrique et plus décorative d'aspect, plus satisfaisante pour la raison superficielle, plus acceptable pour le bon sens vulgaire, plus commode pour l'égoïsme borné, mieux tenue et plus propre, mieux arrangée pour discipliner les parties moyennes et basses de la nature humaine, pour étioler ou gâter les parties hautes de la nature humaine - Dans cette caserne philosophique, nous vivons depuis quatre-vingts ans." (La Préface de l'ouvrage est datée de 1884.)
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Bien entendu, il n'y a rien à rajouter à cette analyse. Elle n'a pas pris une ride. Et s'il y avait un homme politique suffisamment libre d'esprit, suffisamment intègre dans ses comportements, il s'efforcerait de modifier la structure et les moeurs politiques de notre patrie, en écoutant ce que disent leurs concitoyens de leurs désirs, de leurs rêves, de leur vie concrète.
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A ce point, il vaut la peine de vous livrer ici l'incipit de la Préface du Livre consacré à la Révolution et au Gouvernement révolutionnaire. C'est un extrait tiré d'un commentaire de CLEMENT d'ALEXANDRIE, repris à son compte par TAINE et développé avec une intelligence stupéfiante et une méthode rigoureuse dans son application à la Révolution.
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"En Égypte, dit CLEMENT d'ALEXANDRIE, les sanctuaires des temples sont ombragés par des voiles tissus d'or ; mais si vous allez vers le fond de l'édifice et que vous cherchiez la statue, un prêtre s'avance d'un air grave, en chantant un hymne en langue égyptienne, et soulève un peu le voile, comme pour vous montrer le dieu. Que voyez-vous alors ? Un crocodile, un serpent indigène, ou quelque autre animal dangereux ; le dieu des Égyptiens paraît : c'est une bête vautrée sur un tapis de pourpre."
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Et c'est ainsi que TAINE, par son travail méticuleux, par le dépouillement de milliers de pièces d'archives, par son esprit critique, a montré combien le régime qui nous semble si beau aujourd'hui (je veux parler du Gouvernement révolutionnaire et de Bonaparte), est en réalité une bête dangereuse cachée derrière des voiles tissus d'or. Et c'est ce dieu-là qu'on nous apprend à encenser à l'école. Je ne marche plus dans cette honteuse combine.
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1 commentaire:

tippel a dit…

MORALE ET TOTALITARISME: Gouverner avec la corruption, le pas serait franchi par ces républicains de la 5eme république. Cependant je ne peux personnellement mélanger la république jacobine et la 3eme république, avec le général Bonaparte ou l’empire de Napoléon 1er. Pour le reste votre analyse est des plus justes. Rappel de fait récent: Il y a quelques jours le bobo socialiste et ancien premier ministre Michel Rocard, et son amie l’UMP Simone Veil ont cosigné une tribune libre pour dire : ne parlons pas des « Affaires » car en parler c’est faire le jeu du populisme (sic). Le Politiquement correct a besoin de la corruption pour s’imposer. Avec l’arrivée des socialistes (jacobins) en 1981, ces majorités du pouvoir, PS ou UMP nous imposent contre vents et marées la mondialisation de l’économie, une folle extension de l’Europe, et une immigration massive de peuplement. Pourtant chaque jour les faits montrent que ces politiques débouchent sur la montée du chômage, la pauvreté qui gagne du terrain, et l’explosion de l’insécurité et du communautarisme. Ces politiques sont donc manifestement contraires aux intérêts de notre peuple et en particulier des classes moyennes et populaires. Et pourtant ces deux partis dits de gouvernement proposent mais surtout nous l’imposent. Ils le font grâce à des fortes campagnes de communication. Les partis et les candidats à l’élection présidentielle, (qui se présentent comme de bons républicain) Mitterrand, Chirac, Sarkozy ont donc besoin de toujours plus d’argent. Les lois de financement des années 1990 devaient régler la difficulté en autorisant les grandes entreprises et autres acteurs particuliers à effectuer des dons; ce qui revenait à légaliser la corruption : car pourquoi un entrepreneur immobilier ou une grande enseigne commerciale financerait une campagne politique s’ils n’en attendaient pas des avantages en retour. Mais, comme l’argent «autorisé » ne suffit pas, la pratique des « enveloppes » (exemple, la famille Bettencourt) manifestement continue à perdurer, d’autant plus que les échanges internationaux de l’économie le rendent plus facile. Résultat : la démocratie française s’est transformée, en ploutocratie où les intérêts et les lobbies dominants font la loi et financent les campagnes électorales des partis qui se partagent alternativement le pouvoir. Les hommes honnêtes et de convictions n’ont plus guère de place dans ces partis auxquels s’impose une idéologie unique, garder le pouvoir, faire la promotion de l’antiracisme et casser nos traditions. Le « généreux » socialiste ou le « bon » UMP ne se livre plus des batailles d’idées, il sert des lobbies, gère sa clientèle (comme la très grave affaire de la députée PS Sylvie Andrieux qui vole le contribuable à Marseille au bénéfice de caïds des quartiers nord). La dégradation de la morale publique se mesure à un signe : le nombre croissant de parlementaires qui ouvrent un cabinet d’avocats. Ces anciens parlementaires ou ministres ne vendent pas leur capacité juridique du droit ; ils mettent sur le marché leur carnet d’adresses et se font rémunérer auprès de leurs amis leurs interventions législatives. Ainsi, légale ou non, la corruption est maintenant au cœur du système et elle en assure le maintien. Le politiquement correct est une corruption. Et les « affaires » (Woerth mouillé jusqu’au coup) accidentellement connues sont des incidents de parcours. L’intervention de Sarkozy en faveur de l’indéfendable et récidiviste Eric Woerth est le révélateur des affaires que vous et moi ne connaissons pas encore. Devra-t-il en manger son chapeau ? Non ! Car Au royaume des aveugles, les borgnes sont roi. La corruption est à tous les étages. Une autre affaire proprement scandaleuse ou il ne serait pas étranger, les 450.000 euros proposées pour l’ex otage Colombienne Ingrid Betancourt. Si le prince n'est pas droit, les hommes droits deviendront trompeurs, et les hommes vertueux, pervers. (Proverbe chinois de Lao-Tse). Comme vous, ni pour l’enseignement ni pour la corruption je ne marche dans la combine.