jeudi 15 juillet 2010

L'Iran, Gobineau et le Ketmân

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Peut-être vous souvient-il que, dans un récent billet, j'avais fait allusion à des remarques que le Comte de GOBINEAU avait faites sur le caractère dissimulateur des Persans ? J'avais à tort attribué ces remarques à son ouvrage remarquable Trois ans en Asie. C'est dans un autre livre du diplomate qu'on les trouve, et qui lui a pour titre Les religions et les philosophies dans l'Asie centrale. Bien entendu, nos énarques, élites, ambassadeurs, experts de toutes sortes dédaignent les leçons du passé en général, et de GOBINEAU en particulier, car ils parent ce dernier de toutes les tares d'un racisme insupportable pour avoir commis son (très mauvais) Essai sur l'inégalité des races. [Sur ce point, GOBINEAU n'a rien à envier à Jules FERRY, dont dans un autre billet, j'ai cité en détail un discours abject sur l'impérieuse nécessité faite aux "races supérieures" d'apporter la civilisation aux "races inférieures".]
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Il est impossible de rien comprendre à cette Asie mystérieuse si l'on ne cueille pas les fruits de l'expérience d'un homme comme GOBINEAU, qui pratiquait fort bien la langue persane. Je vais donc vous rapporter ses propos. Vous comprendrez comment et pourquoi monsieur AMADHINEDJAB roule les occidentaux dans la farine, et pourquoi la reprise des négociations de l'Union Européenne avec l'Iran, inspirée par l'inénarrable madame ASHTON, (madame who ?), censée représenter la position diplomatique unanime de susdite Union, n'est qu'une erreur de perspective et une idiotie de plus.
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"[...] Il est des cas - dit GOBINEAU - où le silence ne suffit plus, où il peut passer pour un aveu. alors on ne doit pas hésiter. Non seulement il faut alors renoncer à sa véritable opinion, mais il est commandé d'accumuler toutes les ruses pour que l'adversaire prenne le change. On prononcera toutes les professions de foi qui peuvent lui plaire, on exécutera tous les rites que l'on reconnaît pour les plus vains, on faussera ses propres livres, on épuisera tous les moyens de tromper. Ainsi seront acquis la satisfaction et le mérite multiples de s'être mis à couvert ainsi que les siens, de n'avoir pas exposé une foi vénérable au contact horrible de l'infidèle, et enfin, d'avoir, en abusant ce dernier et en le confirmant dans son erreur, imposé sur lui la honte et la misère spirituelle qu'il mérite."
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"C'est là ce que la philosophie asiatique de tous les âges et de toutes les sectes connaît et pratique, et que l'on appelle le Ketmân. [...] Le Ketmân enorgueillit celui qui le met en pratique. Un croyant se hausse, par ce fait, en état permanent de supériorité sur celui qu'il trompe, et fût ce dernier un ministre ou un roi puissant, n'importe. Pour l'homme qui emploie le Kêtman à son égard, il est, avant tout, un misérable aveugle auquel on ferme la droite voie, qui ne la soupçonne pas..."
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GOBINEAU parle ici de la pratique courante des Persans. Il me semble que nous aurions grand profit à méditer ce passage, et à être des plus prudents dans les négociations qui s'annoncent avec l'Iran.
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1 commentaire:

Unknown a dit…

Voir le livre de Claude Rives à propos de Milosz et de Gobineau. La Pologne