vendredi 2 juillet 2010

A l'intention des tentés...

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Le premier Empereur QIN SHIHUANGDI, fondateur de l'éphémère dynastie des QIN, cet Empereur qui fit édifier pour lui une tombe somptueuse gardée par des milliers de soldats grandeur nature en terre cuite, fut un véritable tyran. Pour unifier l'Empire, il n'hésita pas à combattre impitoyablement les Lettrés confucéens (on raconte qu'il en fit enterrer vivants plus de 400 !), ordonna de brûler tous les Livres, autres que de médecine, d'agriculture et de technique, et s'entoura, pour gouverner, de conseillers de l'école des Légistes. Ces derniers prirent des mesures exclusivement fondées sur la répression, le châtiment et la récompense, et le contrôle. Quiconque, par exemple, était pris en possession d'un des Classiques confucéens, était mis à mort.
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De tout temps, les détenteurs du pouvoir ont eu à coeur d'étendre leur puissance par le moyen des Lois et des Règlements. Nos actuels régimes n'échappent pas à la tendance : contrôles, fiscaux, contrôles de la vitesse, contrôle du travail (inspecteurs du travail), contrôle douanier, contrôle de toutes sortes d'activités (inspecteurs de la répression des fraudes), contrôle des activités de téléchargement d'oeuvres protégées, etc. Il n'est pas question de nier que certains de ces contrôles soient nécessaires. Il est tout à fait possible de s'interroger sur leurs modalités et sur l'état d'esprit dans lequel les fonctionnaires chargés de les opérer agissent.
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LANZA del VASTO (j'en ai déjà tellement parlé !) dans cet ouvrage décapant (je l'ai si souvent cité), Les quatre fléaux, dit ceci à propos des contrôles.
"D'aucuns pensent que par un contrôle sévère et complet, on peut coordonner l'économie, supprimer les abus. De fait, le Régime Libéral peut guérir de sa fièvre en mourant. On peut écraser l'actif, inventif, astucieux Commerçant sous le poids du Fonctionnaire inerte, inepte et soucieux de conserver sa place : préférer au parasite sautillant, du type de la puce, le parasite planté à même la chair, de l'espèce de la tique. C'est alors que le permis, la patente, le certificat, le ticket, la fiche, le timbre, le visa, la montagne des papiers, barrent tous les chemins et bouchent l'horizon. C'est alors que petits et grands, à la queue, vont mendier, à la grille des guichets, la permission de vivre. C'est alors que les bateaux s'encroûtent dans les ports, que les stocks pourrissent dans les gares, que le gâchis public remplace tous les excès passés du profit personnel et l'incurie des bureaux l'injustice des tyrans."
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Je me demande (a) si ce n'est pas cette société-là que les hommes politiques, de droite comme de gauche, nous préparent, au nom de l'utopie de l'égalité ; (b) si nous ne préférons pas la servitude du confort administré à la liberté de vivre en assumant les risques de la vie ; (c) si nous arriverons un jour à sortir de ce faux dilemme : liberté ou égalité.
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En matière de contrôle, je crois que le socialisme a une longueur d'avance sur le soi-disant libéralisme. Rien n'indique cependant que celui-ci ne rattrapera pas celui-là. La tyrannie réglementaire des bureaucrates de BRUXELLES met effectivement de l'ordre dans ce décalage des distances. Comment ne pas évoquer de nouveau Joseph de MAISTRE : "Étant données la population, les moeurs, la religion, la situation géographique, les relations politiques, les richesses et les bonnes et les mauvaises qualités d'une certaine nation, trouver les lois QUI LUI CONVIENNENT." Ces messieurs de BRUXELLES concoctent leurs potions pour un Européen idéal, un Européen qui n'existe pas. Et de cela, moi je ne veux pas, car je suis Français.
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Alors, à l'intention des tentés par la réglementation, le contrôle, l'encadrement de la société, à la manière du totalitaire PLATON (voir mon billet "J'aime pas PLATON"), je suggère la lecture des Quatre Fléaux de LANZA del VASTO, né Prince LANZA di TRABIA, qui n'a point dédaigné travailler de ses mains, cultiver la terre, élever des moutons, jeûner, vivre pauvrement, mais toujours dans les cimes de la pensée (pas des idées !), d'une pensée nourrie de méditation, de prière, de bienveillance. S'ils ont du temps, et s'ils en trouvent les l'oeuvres, ils liront avec profit les Considérations sur la France du Comte Joseph de MAISTRE.
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1 commentaire:

tippel a dit…

Grand merci pour cette exellente analyse de la dérive de nos societés. Mais il faut dire que celà est possible quand les peuples qui craignent les lois courbent l'échine, et se résignent,alors le petit fonctionnaire devient le prince des ténèbres. Le socialisme est là!