samedi 10 juillet 2010

Réponse à un lecteur

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Dans l'impossibilité de répondre par le voie ordinaire au commentaire d'un lecteur, je me décide mettre le mien sous la forme d'un billet.
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Cher monsieur,
J'ai le regret de vous dire que vous utilisez les mêmes arguments que les journalistes et que vous mélangez deux affaires totalement différentes : celle du financement occulte de l'UMP par madame BETTENCOURT - l'accusation semble avoir fait long feu. Et celle de son évasion fiscale. Votre manière de présenter les choses, en amalgament les deux affaires, revient tout simplement à accuser monsieur WOERTH de prévarication, voire de concussion dans la première affaire. Si c'est ce que vous pensez, dites-le, au conditionnel bien sûr, mais clairement. Ne laissez pas vos lecteurs fantasmer, et imaginer de ténébreuses histoires.
Madame WOERTH était payée 180.000 euros par an. C'est beaucoup, mais ce n'est même pas le double de ce que gagnait pendant le même temps le majordome indélicat de la vieille dame. De ce qu'elle était bien rétribuée, il ne s'ensuit pas qu'on l'ait engagée pour commettre des actes délictueux. Compte tenu de sa situation, il y a même fort à parier qu'elle n'a rien fait dans ce sens au sein de la société CLYMENE. Il faudrait aussi prouver qu'elle gérait directement et spécialement la fortune de madame BETTENCOURT.
Bien que je désapprouve ces pratiques, il n'est pas illégal d'être gestionnaire de patrimoine et membre d'un Conseil d'administration. Cette situation est anormale. La loi doit l'interdire, comme elle doit interdire d'être membre de plusieurs Conseils d'administration à seule fin d'en toucher les jetons de présence. Et il n'y avait aucune honte (légale, cela s'entend) à prétendre à être membre du Conseil d'administration de la société HERMES. La correspondance saisie par les enquêteurs portait peut-être sur cette nomination à laquelle monsieur de MAISTRE était hostile.
Que les enquêteurs saisissent toutes les pièces utiles à la manifestation de la vérité (correspondance, bulletins de salaires, ordinateurs, etc.) ne prouvent aucunement que ces pièces soient accusatrices. Et remettre la Légion d'honneur à un ami, quelque temps après qu'il a recruté votre épouse ne prouve pas que ce recrutement ait été assorti d'un petit clin d'oeil de bienveillance. C'est bien mal connaître les règles de nomination et de promotion dans cet ordre honorifique. Il faut remplir un volumineux dossier, fournir toutes sortes de pièces, être entendu par les renseignements généraux, etc., avant la publication du décret de nomination ou de promotion, un an au bas mot. L'argument fourni par la presse, est, je le dis en toute franchise, d'une rare faiblesse et d'une bassesse insigne. Mais enfin c'est la presse. Vous n'êtes pas obligé de vous faire le diffuseur de ces arguments-là.
Vous faites allusion a ce que dit monsieur de MAISTRE quant à la satisfaction (toute supposée) du ministre de voir sa femme recrutée chez Clymène. C'est ce que DIT monsieur de MAISTRE. Pour que cet argument soit recevable, il faudrait que monsieur WOERTH ait exprimé directement sa satisfaction à monsieur de MAISTRE en l'assortissant d'un petit clin d'oeil d'indulgence pour les manoeuvres fiscales que ce dernier viendrait à faire ou aurait faite . C'est en tout cas ce que vous suggérez sans le dire, et c'est ce que je trouve insupportable. On peut simplement penser que quelqu'un qui voit les revenus du ménage gonfler de 180.000 euros par an ressente une certaine satisfaction et c'est semble-t-il la satisfaction que prête à son ami monsieur de MAISTRE.
Les poursuites en matière de fraude fiscale sont mises en oeuvre par le Parquet. Ce n'est pas au ministre du Budget à le faire. Et du reste le Parquet était saisi. Il faudrait savoir qui, dans cette noble institution et pourquoi, a pris l'initiative de ne rien entreprendre. Je doute fort que ce soit le ministre du Budget qui a certainement d'autres soucis en tête que de prendre connaissance quotidienne de la liste des fraudeurs. Je reconnais toutefois que ce point demande à être éclairci au plus vite.
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Voilà ce que je voulais dire. Mais je termine sur une opinion personnelle : s'il apparaît que monsieur WOERTH a négocié le recrutement de son épouse contre des indulgences fiscales, il doit être lourdement condamnés. Nombre de ceux qui, du temps du Président MITTERRAND, disparus comme lui de ce monde, et qui n'ont pas eu le malheur d'être condamnés pour leurs malversations doivent dans leurs tombeaux pousser un ouf de soulagement.
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Je ne reviendrai plus sur cette affaire, sauf événements nouveaux et imprévus.

2 commentaires:

tippel a dit…

« Vous n'êtes pas obligé de vous faire le diffuseur de ces arguments-là. »
C’est vrai cher monsieur je peux ne pas réagir, ne pas avoir de conviction personnelle. Dans cette affaire Woerth je vois qu’il y a les pour et les contre, d’un coté le parti UMP et ses supporters inconditionnels, qui tirent a présent dans tous les sens, au risque de se tirer une balle dans le pied , et de l’autre, la gauche et ses mouvances qui viennent de trouver tombé du ciel comme par hasard , un bel os pour faire oublier leurs sales affaires. Par exemple la députée PS Sylvie Andrieux de Marseille qui elle aussi ne fait pas dans la dentelle : mise en examen pour détournement d’argent public de la région PACA de plus de…… 700.000. euros 4 .600 000 de nos francs une belle somme non ! Une bagatelle pour les vertueux Socialistes, il faut faire payer les riches, sic. Et puis il y a les compatissants de centre gauche comme Simone Weil, avide d’honneurs, l’inoxydable boy scout Rocard, avide d’argent et spécialiste en création de nouvelles taxes, eux ont peur de voir les panzers du Front National envahir la France et perdre leurs avantages princier. ‘ Les blanchis’ comme le socialiste Julien Dray spécialiste révolutionnaire qui attend son poste de ministre et « qui comprend si bien ce que ressent Woerth ». Et puis il y a les absents en embuscades, Juppé, Chirac, Villepin, Debré eux ils attendent plutôt le moment du, on refait le coup Mitterrand Giscard de 1981, et la gauche gagne juste mais, c ‘est bon. Pour le moment ils comptent les points et alimentent la machine. Et voilà les méchants, les menteurs, les vendus: La comptable sans nom, le majordome ingrat, la fille de Liliane qui lui veut du mal, le procureur copain de l’homme aux talonnettes, le banquier Suisse anonyme sans tête, le patron qui gère des comptes suisses, mais reste digne de la plus haute distinction. Bravo les RG. Les « démocrates » veulent des preuves, de bonnes preuves confirmées écrites. Je constate que les preuves confirmées ne sont demandées que pour une catégorie de justifiable, ‘les bons’ les puissants, les autres, on les abandonne et on pourra les condamner durement sur… l‘ultime conviction. Deux poids deux mesures, la justice oui! Mais la même pour tous, et surtout défendue avec la même énergie pour tous les justifiables accusés. Que les donneurs de leçons du droit et la démocratie regardent leurs passés. Cette affaire emporte les passions parce que nous sommes déjà en pleine bataille politique et présidentiel. Après les cigares payés par le contribuable d’un autre ministre, les voyages en avions privés d’un autre, voilà le plus « vertueux » des ministres avec son costume couleur muraille qui doit donner des explications. Et alors ! S’il n’a rien à se reprocher qu’il se défende, la télé la radio les journaux l’attendent, tous les accusés a tort et j’en connais, n’ont pas eu cette chance. La presse étrangère et d’ailleurs très sévère avec le gouvernement.

Philippe POINDRON a dit…

Cher monsieur,

Je comprends tout à fait votre réaction. Mais pour monsieur WOERTH comme pour madame ANDRIEUX dont j'ignorais l'affaire, il faut des preuves solides plus que des insinuations. Je pense que notre système est à bout de souffle et que le type de scrutin, en ne tenant pas compte des très nombreuses opinions minoritaires et point forcément convergentes, rend un mauvais service à notre pays, en rendant fous et prêts à tout, ceux qui briguent le pouvoir.
Monsieur WOERTH a demandé à être entendu par la justice. J'ose espérer qu'il apportera les preuves de son innocence. S'il est convaincu d'avoir couvert des évasions fiscales, il doit être déchu de ses droits civiques. Car un ministre ne peut pas trahir à ce point les lois de la morale publique. Et c'est précisément parce que la chose est trop énorme, que je n'y crois pas. Ceci est une opinion personnelle. Je maintiens que les journaux (comme jadis ils l'ont fait pour Laurent FABIUS, Georgina DUFOIX, Claude EVIN et le sang contaminé) ne cherchent qu'à créer des polémiques, à soulever des passions, et que ce n'est pas ainsi qu'on obtient la paix civile. Les sus-nommés ont fait parfaitement ce qu'ils devaient faire, à la lumière des connaissances de l'époque.

TOCQUEVILLE - que j'aime et admire - était absolument pour la liberté de la presse. Mais il n'y a pas de liberté sans responsabilité. Et si monsieur PLESNEL (ou PLENEL, je ne sais) a diffusé des fausses nouvelles (même de bonne foi), il doit être sanctionné.
En tout cas, merci pour vos commentaires toujours très nourris de faits.
Amicalement.