On l'ignore, et pourtant... LAMARTINE a écrit une volumineuse Histoire de la Turquie, en huit volumes, publiés à Pars en 1836, Aux bureaux du Constitutionnel. J'ai le bonheur de posséder cet ouvrage, complet, dans l'édition originale. Le poète manifeste là une grande hostilité vis-à-vis de la Russie qui pousse alors en direction des mers chaudes, du mépris pour les Byzantins et les Grecs, et une partialité un peu trop bienveillante pour les Turcs dont il se complaît, pourtant, à décrire les atrocités. Quand les Turcs envahissent la Perse pour y installer la dynastie des Seljoukides après en avoir chassé les souverains légitimes, LAMARTINE, au Livre quatorzième, décrit le peuple persan avec une admirable pénétration. On verra que cet esprit lucide a cerné bien des traits du peuple iranien, lesquels expliquent en partie l'attitude des dirigeants actuels, et la patience avec laquelle le peuple subit leur tyrannie.
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"Les Perses dans leur nom antique, les Persans dans leur nom moderne, sont un peuple primitif, né de lui-même dans le berceau ténébreux des âges anté-historiques. Ils n'apparaissent pour la première fois dans la fable ou dans l'histoire qu'avec ce caractère de haute civilisation, de maturité et presque de décadence politique, morale et littéraire, qui indique l'extrême vétusté des nations. On pourrait les appeler les Grecs et les Italiens de l'Orient et ils ne datent de personne. La nature autant que la civilisation les doués d'une incontestable supériorité d'intelligence et de sociabilité sur es races qui leur disputent la haute et la basse Asie ; aussi héroïques que les Tartares, aussi philosophes que les Indous (sic), aussi religieux que les Arabes, aussi industrieux que les Chinois, aussi conquérants que les Turcs, ils ont de plus que chacune de ces nations auxquelles ils confinent cette promptitude d'intelligence, cette souplesse d'esprit, cette élégance de moeurs, cette grâce héroïque de chevalerie, cette activité de moeurs, de travail, d'industrie, de politique, d'arts, de lettres, de poésie, de philosophie, de religion, qui font de la Perse un des foyers les plus éclatants de l'esprit humain. On peut aussi dire qu'ils ont les vices de leur supériorité, le dédain des races moins douées qu'eux par la nature, l'instabilité de leurs institutions, la facilité de changement, la promptitude à la révolte, le jeu avec les serments, la diplomatie poussée jusqu'à la ruse, l'hypocrisie qui leur fait prendre ou quitter tous les rôles, selon leurs intérêts plus que selon leur conviction ; la souplesse dans la tyrannie, l'insolence dans la liberté, le courage par élan, le découragement par lassitude, l'adulation, cet abus de la politesse, la foi peu sûre, cette défaillance de caractère le plus essentiel à l'honnête homme, la vérité ; en un mot, tout à la fois dans les moeurs d'un peuple, la noblesse de la nature et la décadence de la corruption.
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Les nations en leur concert, pourront toujours essayer de dialoguer avec le régime des ayatollahs et de monsieur AHMADINEDJAB ; elles seront toujours flouées ; elles se sont pas de taille à lutter avec ces esprits subtils et sans scrupules. Mais on n'humilie pas un grand peuple à coups d'oukases et de menaces et, loin d'affaiblir le régime, chaque intervention internationale brutale ancre davantage le peuple iranien dans un nationalisme exacerbé par la crise économique et la pauvreté qui découlent de la politique économique du régime. Les Chinois sont partout en IRAN, ils achètent tout, et les Iraniens sont dépossédés des richesses nationales au profit de l'Empire du Milieu. (Ils en sont fort mécontents, comme me le disaient plusieurs étudiants iraniens amis que je rencontre dans divers cours et conférences. La prudence m'invite à ne pas dire lesquels ni où.) L'élection présidentiel a été truquée. Quelques jours avant le scrutin, un grand ponte du régime annonçait le pourcentage avec lequel le favori du clergé serait élu. Des urnes ont été bourrées.
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Des opposants sont pendus, des femmes lapidées ; les châtiments corporels sont fréquents et inhumains ; les homosexuels sont pourchassés et eux-aussi pendus. Mais le peuple iranien est en train de devenir athée et révolté ; c'est du peuple iranien si bien doué par la nature - comme le dit LAMARTINE - que viendra le salut, et non des comités HIPPOLYTE et THEODULE des Nations Unis, dont l'inefficacité est directement proportionnelle au volume des émoluments versés à leur membre par une Institution très bonne mère pour ses enfants, un peu marâtre pour les peuples qui souffrent.
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J'aime l'IRAN, son peuple, ses arts, sa littérature. Et je souhaite à ce grand peuple paix et prospérité.
1 commentaire:
"Les Chinois sont partout en IRAN, ils achètent tout, et les Iraniens sont dépossédés des richesses nationales au profit de l'Empire du Milieu. "
Entre plusieurs interpellations, je m'arrête sur ce fait qui traverse nombre de pays et me paraît constituer un problème majeur.Pour cela, au milieu de quantité d'exemples qui pourraient l'illustrer, je me réfère à une thèse de Régine Levrat éditée en février 2010 à L'Harmattan.
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Régine LEVRAT
Culture commerciale
et développement rural
L’exemple du coton au Nord-Cameroun
depuis 1950
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Introduite en 1950 au Nord-Cameroun par la Compagnie Française de Développement des Textiles (CFDT), la culture du coton a connu une progression
remarquable jusqu’en 2004, où sa production a atteint 300 000
tonnes. Il y est devenu le moteur du développement, plus particulièrement depuis la création en 1974 de la Sodécoton, société nationale de développement,
filiale de la CFDT, chargée de promouvoir en même temps le coton et le développement des régions encadrées.
Pratiquée sous forme annuelle par plus de 300 000 petits paysans, cette culture s’intègre dans les systèmes agricoles traditionnels sans remettre en cause la priorité accordée aux produits vivriers. Elle a permis la modernisation des
techniques, notamment la diffusion de l’attelage, et est la principale source de revenus monétaires des producteurs. Elle est à l’origine de la création de groupements villageois, début de vie associative et ouverture vers la démocratie.
Son rôle dans l’activité régionale et même nationale est majeur. Il est à l’origine de la migration de centaines de milliers de paysans venus de régions surpeuplées de l’Extrême-Nord, vers des terres sous-peuplées des pays de la
Bénoué qu’il a permis de mettre en valeur. Il engendre de nombreuses activités : égrenage du coton, huileries, transports, commerce, finances...
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En revanche, l’industrie textile n’a jamais réussi à être vraiment concurrentielle
et survit à peine devant l’invasion des produits chinois.
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L’essentiel de la production
est exporté, ce qui la rend très dépendante du marché international.
Depuis 2004, c’est la crise : la production s’effondre, tombant à 110 000
tonnes en 2007. Crise provoquée par la chute des cours de la fibre, aggravée par la faiblesse du dollar qui affecte tous les pays de la zone franc, remettant
en cause la survie même de la filière et le gagne-pain des producteurs. Crise qui interroge sur la place, peut-être excessive, du coton dans l’économie
régionale et sur sa compétitivité ; ainsi que sur la déréglementation du marché
mondial, dominé par les plus gros producteurs, États-Unis en tête, qui par leur politique de subventions font baisser les cours.
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Régine Levrat, agrégée d’histoire-géographie, est maintenant à la retraite. Elle a enseigné la géographie à l’Université de Yaoundé (Cameroun) de 1968 à 1978, puis à Lyon II, où elle assurait les cours sur l’Afrique tropicale. Elle est auteur d’une thèse
de géographie historique sur « La culture cotonnière en Afrique soudanienne de la zone franc depuis les débuts de la colonisation : l’exemple du Cameroun », dont cet ouvrage présente la seconde partie actualisée.
En couverture : transport de coton dans une charrette près de Maroua en 2003
Préface de Hervé Gruson
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