samedi 23 avril 2011

Comme une épée à deux tranchants

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Office des Ténèbres en ce Samedi Saint. Il y a du monde ce matin dans l'abside où règne une douce lumière ; elle éclaire à peine l'autel dépouillé de sa nappe et donne une atmosphère extrême de recueillement. Des hommes et des femmes de toutes langues et de toutes nations sont là : Africains, Asiatiques, Européens, tous dans une même ferveur chantent devant la Croix, une belle croix dans le style roman ; ils veillent comme les femmes de l'Evangile le firent, qui étaient assises près du tombeau où l'on avait déposé le corps de Jésus.




"Vivante [...] est la parole de Dieu, énergique et plus tranchante qu'aucun glaive à double tranchant. Elle pénètre jusqu'à diviser âme et esprit, articulations et moelles. Elle passe au crible les mouvements et les pensées du coeur. Il n'est pas de créature qui échappe à sa vue", dit l'auteur inconnu de la Lettre aux Hébreux qu'on lisait ce matin dans la première partie de l'Office.




Est-ce un hasard si le premier Psaume (Psaume 4,) fait dire au juste : "Fils des hommes, jusqu'où irez-vous dans l'insulte à ma gloire, l'amour du néant et la course au mensonge ?" au moment où la cité des papes se déshonore par une exposition blasphématoire ? Oui, jusqu'à quand l'insulte à la Gloire du Crucifié ? C'est parce que l'insulte du monde à son Créateur ne cesse pas que Pascal avait dit (je cite de mémoire) : "Le Christ est en agonie jusqu'à la fin du monde".




Le Psaume 15 qui est chanté immédiatement après, fait dire à celui qui a été saisi par l'appel et s'est converti : "Toutes les idoles du pays, ces dieux que j'aimais, ne cessent d'étendre leurs ravages, et l'on se rue à leur suite. Je n'irai pas leur offrir le sang des sacrifices ; leur nom ne viendra pas sur mes lèvres !" Comment ne pas penser à tous ceux qui ont été blessés par la publicité honteuse du Piss Christ ? Comment ne pas être scandalisé devant la condamnation de l'AGRIF par les tribunaux ? Cette Association, présidée par Bernard ANTHONY a été condamnée à 8.000 euros d'amende pour avoir protesté contre la photo du crucifix plongé dans l'urine. J'ignore les attendus du jugement, mais j'avais prédis dans un billet que la "justice" ne donnerait pas raison à ceux qui protestaient. Tout de même, on peut s'interroger. Le fou qui a uriné sur un Coran a été fort justement condamné à de la prison avec sursis. Deux poids, deux mesures ?




Le soleil régnait hier sur Paris. Une foule immense, pourtant, se pressait dans le grand hall du Musée du Louvre. J'y étais. Et, en ce Vendredi Saint, je me suis réjoui de voir qu'il existe dans notre patrie des hommes et des femmes de goût qui ont osé organiser, comme une sorte de contre-exposition expiatoire, une présentation du Visage du Christ vu par REMBRANDT à différentes étapes de sa vie. Une pure merveille, aussi bien dans les commentaires que dans le choix des oeuvres exposées. Le Christ sur la croix, corps torturé, visage marqué par la souffrance, sur un fond enténébré, sans rien d'autre que cette ténèbre ? Bouleversant. Et ces études de la tête du Christ, sans doute faites d'après un modèle vivant, en prélude au chef d'oeuvre absolu qu'est le célèbre tableau conservé au Louvre : les Pélerins d'Emmaüs ? Une beauté à couper le souffle.




Une foule muette d'admiration se presse autour des toiles. Et en écho, le Psaume 23, le troisième de l'Office de ce jour proclame : "Voici le peuple de ceux qui te cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta Face. Portes, levez vos frontons, élevez-vous portes éternelles : qu'il entre le Roi de gloire !"








La Parole n'est-elle pas vivante ? Actuelle ? Ne nous invite-t-elle pas à rentrer en nous-même ? "Qui donc est ce Roi de gloire ? C'est le seigneur, Dieu de l'univers ; c'est lui, le Roi de gloire". Les provocations de monsieur LAMBERT, les injustes condamnations de l'AGRIF, les idolâtries de madame Marie-Josée ROIG et de messieurs VAUZELLE et MITTERRAND ne pourront rien contre cette évidence : elle a la solidité du Rocher, celui du Calvaire.




Comme le dit encore la lecture patristique du jour (Homélie ancienne pour le grand et saint Samedi) : "Vois les crachats sur mon visage ; c'est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée, afin de la restaurer à mon image."




Bonnes fêtes pascales.




1 commentaire:

tippel a dit…

Merci pour votre admirable billet de ces fêtes pascales.