J'ai omis de mentionner à mes lecteurs que je m'absentais pendant deux jours. Je doute qu'ils aient été déçus de ne pouvoir lire mes billets. Mais enfin peut-être que j'ai quelques fans parmi eux. Alors à ceux-là, je présente mes excuses.
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Je voudrais faire ici une mise au point. Un très proche que j'avais l'autre jour au téléphone m'accusait de partialité, d'être sur des rails, brefs d'être étroit d'esprit. J'ai pour lui suffisamment d'affection pour ne pas m'offusquer de son opinion. Elle est brutale. Mais je l'accepte. Toutefois je voudrais rappeler ici que je m'efforce autant qu'il est possible de partir de fait que chacun peut contrôler : un article, une dépêche d'agence, un livre, des statistiques, et que par ailleurs je m'efforce d'argumenter. Quand je dis et maintiens que le PS n'a strictement aucune proposition crédible pour satisfaire les exigences de sa clientèle, je précise que les dites exigences sont triples : gagner plus, travailler moins, et être totalement protégé (soi et sa famille) par un état tutélaire et de ce fait nécessairement totalitaire sinon dans son esprit, du moins dans ses méthodes : il est aidé dans cette tâche par le développement des moyens informatiques, des caméras, des radars, des fichiers, des contrôles de toutes sortes. Je vais développer. Et je vais prendre celui de la fonction publique et plus exactement des enseignants. Je parlerai ensuite de la solidarité.
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La proposition de madame AUBRY, recruter 300.000 fonctionnaires en 5 ans (si j'en crois ce que j'ai lu et entendu, mais je n'ose vraiment y accorder crédit), est d'une rare folie. Oui, je n'ose croire qu'elle pense ce qu'elle dit ou même qu'elle l'a dit. Je passe par pertes et profits ce qui me semble anecdotique et peut-être faux. Réaliste et plus responsable, Manuel VALLS propose d'établir un moratoire sur la suppression des postes d'enseignants. Il ne parle pas des autres fonctionnaires. Monsieur HOLLANDE entend recruter entre 60.000 et 70.000 enseignants en cinq ans, alors que nous sommes revenus au même niveau d'effectif d'enseignants qu'il y a 30 ans et que les effectifs d'enseignés ont baissé de 50.000 ou 60.000 élèves ou lycéens ; c'est est irresponsable, et de plus irréalisable, car il n'y aurait pas suffisamment de candidats. (L'inénarrable Luc CHATEL, l'introducteur officiel de la théorie du genre dans les sciences de la vie ! a employé ces mots...) Si monsieur HOLLANDE voulait réformer l'éducation nationale, il commencerait par modifier le système d'affectation des nouveaux professeurs, titulaires de l'agrégation ou du CAPES, ou de tout autre diplôme ouvrant la carrière d'enseignant. Telle jeune femme de ma connaissance qui habite POITIERS se voit affecter en région parisienne, dans un établissement qui sans être infernal n'en est pas moins sensible. Elle n'a été prévenue, en tant que titulaire académique, que deux jours APRES la rentrée, (tout ça parce qu'il faut bien mettre des professeurs dans les établissements difficiles, et que la règle de l'ancienneté passe avant celle de l'expérience : les postes les plus faciles sont affectés aux plus anciens, bénéficiaires de "points" dont l'attribution se fait selon une règle extrêmement syndicale, passablement opaque, et sur des bases qui demanderaient à être examinées avec un peu plus de sérieux. Ce calcul ressemble un peu à celui de l'âge du capitaine.) Cette jeune femme devait commencer ses cours le lendemain de l'annonce de son affectation. Commencer est un mot faible : six heures dans la journée ! Comment se loger ? Quel mode de transport ? A quel prix ? Si elle n'avait pas eu à ses côtés quelques personnes secourables, je ne sais comment elle aurait trouver en moins de 24 heures des solutions à ces problèmes. C'est un exemple. Il y en a hélas des milliers. Les responsables des affectations ne semblent pas trop se poser ces questions. Ils gèrent des postes et non des personnes, selon des critères strictement comptables. Ils ne peuvent faire autrement me direz-vous ? Mais si, ils le pourraient si l'on changeait un peu les données du problème : sanctionner les trublions à la première incartade (cf. les analyses du père PETITCLERC, et mon billet "sanctionner ou punir") ce qui ne ferait plus fuir les professeurs les mieux dotés en points et les fixerait au moins pour un temps dans ces établissements délicats, instaurer des classes de niveaux, restreindre les cours à l'apprentissage intensif de la langue française pour les jeunes qui ne la possèdent pas suffisamment. Donner de l'air aux responsables des établissements. Que signifie un programme national quand dans certaines classes, 80 % des élèves ont un vocabulaire restreint à 400 mots ? Les principaux, les proviseurs ont alors recours à des trésors d'ingéniosité pour trouver un peu de jeu dans le carcan réglementaire. J'ai eu l'occasion de rencontrer de nombreux chefs d'établissement en Alsace. J'ai été rempli d'admiration pour leur compétence et leur dévouement. Toutes ces qualités sont gâchées, dilapidées, ignorées par des mesures mesquines, des circulaires inapplicables, des pressions politiques et syndicales de tous ordres et de toutes origines. Le totalitarisme est inscrit dans le mode de gestion des carrières, dans le mode d'évaluation des enseignants (ah ! les inspections !), dans le mode de recrutement. Et très honnêtement, devant la réticence des enseignants titulaires à être le tuteur d'un jeune qui vient d'être nommé (réticence incompréhensible ; car est-il plus belle mission que celle de transmettre autant qu'il est possible un savoir-faire, une expérience ?), je pense qu'il faut réintroduire une année de formation. Ce fut une erreur de la supprimer. Mais si c'est pour apprendre aux futurs enseignants que le nom scientifique du ballon est celui de "référentiel bondissant" (sic), alors il faut trouver autre chose.
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Il faut bien comprendre que plus l'Etat intervient dans la vie des personnes, et plus il est obligé de contrôler. Son pouvoir d'intervention est directement proportionnel à sa propension totalitaire. C'est la tentation de la solidarité "politique". Mais, me direz-vous, vous êtes contradictoires : il y a deux jours vous trouviez anormal qu'il y ait 8 millions de français vivant au- dessous du seuil de pauvreté ? Et maintenant vous semblez dire le contraire. Que nenni. Si au lieu de nous pomper des impôts de toutes sortes, on nous obligeait à verser, à la source, un pourcentage de nos revenus à une organisation de solidarité de notre choix (il suffirait de signaler à l'organisme payeur le nom de l'organisme), on supprimerait toutes les superstructures intermédiaires chargées de collecter l'impôt, de contrôler, et de sanctionner parfois à tort : plus de bâtiments pour les héberger, plus de fonctionnaires affectés à ces services, plus de dépenses de chauffages, d'entretien, d'investissements, et des dizaines d'emplois créés par ces associations de solidarité. Il suffirait simplement d'un agrément de l'Etat sur un contrat d'objectif, et un contrôle a posteriori des résultats. Je ne crois pas que le fait d'être un organisme privé, ou associatif ou public introduise de grandes différences dans la prise en charge de la solidarité... J'ai même la certitude expérimentale du contraire.
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Bref, il faut mieux articuler la relation des personnes à la société. Conduire une politique qui consiste à répondre à tous les désirs des individus (je dis bien individu), c'est arriver à l'extrême individualisme de la société française, et c'est bien le discours officiel de la gauche, d'une partie de la droite. Nicolas SARKOZY a eu le courage de s'attaquer à ces féodalités idéologiques. Il l'a fait parfois maladroitement. Mais il a tenté de faire bouger notre vieux pays. Or une féodalité blessée est une féodalité tueuse. Voilà une analyse que je crois juste. Voilà ce qui me semble bon. Ce n'est pas avec papa FREUD, papa MARX, la lutte des classes, l'envie (pour la gauche), l'égoïsme (pour la droite) qu'on se sortira du guêpier dans lequel nous ont fourrés trente ans de laisser-faire, de démagogie ou d'imprévoyance, et par-dessus tout d'absence d'esprit (au sens où il s'oppose à la matière).
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Et puis zut ! Je ne suis pas sûr d'avoir fait une mise au point. Au moins, me suis-je déchargé la bile.
1 commentaire:
Philippe Poindron a dit en parlant d'un ami
"Un très proche que j'avais l'autre jour au téléphone m'accusait de partialité, d'être sur des rails, brefs d'être étroit d'esprit."
Alors je dit, que cet ami devrait intervenir sur ce blog et nous donner son avis. Car je serais heureux de lire un point de vue qui sort des rails. Allez courage cher inconnu il n'y a aucun risque.
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