dimanche 6 janvier 2013

Lettre ouverte à monsieur Vincent Peillon

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Monsieur le Ministre,

J'ai ici même, et assez souvent, dit du bien de votre personne. Vous me sembliez un homme droit et libre. Devrais-je changer d'avis ?

La presse, France Info en tête, présente votre lettre aux Recteurs d'Académie comme un avertissement à l'Enseignement catholique ; son secrétaire général a demandé que l'on organise au sein des établissements qui relèvent de son autorité, des débats sur le mariage homosexuel. J'ai pu prendre connaissance de cette demande, hier sur TF1, demande que curieusement de rares médias reproduisent. Elle est extrêmement équilibrée et fait bien la part des choses, en suggérant ant que les lycéens et collégiens puissent se faire une opinion éclairée sur cette question.

Vous êtes philosophe, monsieur le Ministre. Mais hélas vous êtes socialiste. De sorte qu'il y a en vous un conflit entre la nécessité de penser de manière critique - ce qui suppose une présentation des arguments pour et des arguments contre ce calamiteux projet de loi - et votre appartenance à un parti qui regarde dans son cerveau avant de regarder dans la réalité.

Et comme philosophe, je suppose qu'en raison de votre idéologie de référence, vous préférez VOLTAIRE à  PASCAL, et élisez comme source de jugement les soi-disant Lumières de la raison et non la Lumière qui éblouit jadis notre grand génie national lors de la "Nuit de Feu". Mais n'est-ce pas VOLTAIRE, dont les vôtres se gargarisent, qui fut (disait-il) le chantre de la tolérance ? Trouvez-vous normal qu'un de vos collègues aille faire campagne "contre l'homophobie" dans divers établissements publics, accompagné d'un membre du mouvement LGBT ? Et ne pensez-vous pas qu'un juste éclairage des consciences exigerait qu'on présentât à nos jeunes les arguments pour (ils ne reposent que sur une fumeuse identité des droits) et les arguments contre (qui me semblent ancrer dans une réalité à la fois naturelle, transhistorique et trans-spatiale et surtout sur l'altérité et les droits naturels de l'enfant).

HEGEL, que je me suis efforcé de lire et qui me paraît souvent incompréhensible, a inspiré de manière indirecte, un penseur remarquable, Michel de CERTEAU, un jésuite, et un incomparable historien, un homme qui savait penser l'impossible articulation de l'universel et du particulier. Il disait ceci que je soumets à votre réflexion de philosophe et de ministre : "La résistance des autres reste la condition de son propre progrès". Je vous dédie ce constat, monsieur le ministre, non sans citer pour terminer le titre de l'ouvrage d'où il est tiré : L'Etranger, ou l'union dans la différence, paru en 1969 chez Desclée de Brouwer, Paris (deuxième édition, 1991). Il est assez providentiel que ce titre fasse référence au mystère de l'altérité, ce mystère qui vit et faire vivre unis les couples dans la différence des sexes.

Soyez assuré, monsieur le ministre, de ma très haute considération.

Philippe POINDRON

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