lundi 7 janvier 2013

Merci madame

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Voici publié dans le magazine La Vie une interview de madame Georgina DUFOIX. Elle me semble digne d'être reproduite, car elle est dense et profonde.
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Georgina Dufoix a été secrétaire d'Etat à la famille (1981-84), ministre des Affaires sociales et de la solidarité nationale (1984-86), ministre chargée des questions familiales (1988), sous la présidence de François Mitterrand. Elle s'est convertie au protestantisme évangélique au début des années 90. Cette femme courageuse et engagée prend position contre le mariage pour tous et ira manifester le 13 janvier.

Pourquoi apportez-vous votre soutien aux manifestants contre le 
mariage pour tous ?


François Hollande a annoncé pendant sa campagne qu'il 
souhaitait établir un mariage pour les homosexuels. Les Français ont 
voté pour lui, et donc en faveur de cette mesure. Mais il n'avait pas 
dit qu'il allait transformer le mariage tel qu'il est instauré. Sa 
proposition ne remplaçait pas les notions de père et de mère par une 
notion neutre qui change la vie de tous les Français.


Dans quelle mesure cela pose-t-il problème ?


Les statuts de mère et de père ont un impact dans l'intime de 
notre être. Il ne s'agit pas seulement d'un statut juridique. Ce sont 
des notions profondes et délicates qui nous structurent 
individuellement, dans le rapport aux autres, à la fois entre le père 
et la mère eux-mêmes, et dans la relation aux enfants et à la société 
dans son ensemble. Si François Hollande avait posé la question 
suivante : êtes-vous d'accord pour supprimer les mots père et mère du 
droit civil français et des codes qui régissent la famille, les 
Français s'y seraient opposés. Nos concitoyens n'ont pas compris que 
derrière le mariage des homosexuels, c'est la théorie du genre qui est 
insufflée dans la société française. Cette théorie qui vient des Etats-
Unis estime qu'homme et femme sont interchangeables.


Serez-vous présente lors de la manifestation ?


Oui, avec mon mari. Le Pacs ne me posait pas un problème suffisant 
pour que je descende dans la rue. En revanche, nier l'altérité entre 
un homme et une femme me semble contraire à la réalité de notre 
condition humaine.


N'êtes-vous pas gênée de vous mêler aux catholiques de droite, majoritaires dans cette manifestation ?


Il reste à démontrer que les catholiques de droite sont 
majoritaires. La manifestation fédère bien au-delà des catholiques de droite.


Etes-vous guidée par votre foi sur ce sujet ?

Je me suis posé la question, et non, ce n'est pas ma foi qui me 
guide, c'est une réflexion sur la société française d'aujourd'hui, sur ce qu'est la famille, un pays, la stabilité apportée par la famille. 
Un pays créateur et dynamique est un pays où le lien familial est 
riche, porteur et sécurisant. Le projet de loi remet en question la 
filiation au profit de la parentalité. Comment peut-on au détour d'une 
loi sur le mariage homosexuel remettre en cause la succession des 
générations pour un peuple ? Comment peut-on remettre en question le 
droit de l'adoption ? L'adoption a été faite pour que des enfants 
trouvent une famille, non pas pour promettre à des adultes d'avoir le 
droit à des enfants.


Comment expliquer que vous êtes une des rares personnalités de gauche 
à prendre position contre le projet de loi ?

Le "mariage homo" focalise toutes les attentions, mais dans ce projet 
de loi, il n'est que la partie émergée de l'iceberg. Ce projet de 
loi se proposerait de transformer en profondeur notre façon de vivre 
ensemble en essayant d'effacer de notre droit l'altérité entre hommes 
et femmes pour la remplacer par la théorie du genre . Il y a d'autres 
voies pour permettre aux couples homosexuels qui le désirent de 
solidifier leur union.
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Il faut vous dire merci, madame, pour votre lucidité et votre courage.
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