mercredi 18 mars 2015

18 mars 2015. Un moment de poésie avant la vraie reprise.

-
Il y a une dizaine d'années, un groupe d'amis strasbourgeois et lorrains m'offraient un livre merveilleux, intitulé La conférence des oiseaux, traduit du persan par Manijeh NOURI-ORTEGA et adapté par Henri GOURGAUD (Éditions du Seuil, Paris, 2002). Il s'agit d'un long poème écrit par le poète persan ATTAR. Né en 1130, ATTAR mourut en 1230. C'est un des plus grands poètes mystiques de la Perse. Il appartenait à la tradition soufie et il parle de Dieu en des termes que ne renieraient point des mystiques chrétiens. Certes, il était musulman, mais avant tout, c'était un chercheur de Dieu. Voici comment il parle de la Création :

"Dieu a rougi la cime ensoleillée des monts du sang de la tulipe. Il a fait dans le ciel de fumées envolées des champs de nénuphars. De vulgaires cailloux, il a fait des agates et de terre pétrie des rubis rubiconds. Il a fait clair le jour, ténébreuse la nuit. Au seuil du crépuscule, à l'entrée du matin, la lune et le soleil posent pour l'honorer le front dans la poussière. Pourraient-ils sans cela cheminer ? Il a fait de l'azur un oiseau impatient de cogner tous les soirs à sa porte fermée. A Lui la huppe doit l'art de guider les êtres. A lui le perroquet doit sa gorge dorée. Qu'il souffle sur l'argile et voilà que naît l'homme. De quelques grains d'écume Il crée des univers. [...]."

En vérité il me paraît très difficile de dépasser en souffle et en beauté ce poème qui exalte le créateur à travers sa création. Sans doute, seul le récit de la Genèse peut l'équivaloir, mais, paradoxalement, en raison de sa concision et de son laconisme qui laisse à la Parole toute la puissance de l'appel à l'être. Ah ! Nous pouvons nous glorifier de nos écrivains. Dans notre ignorance des autres, nous passons à côté de trésors littéraires qui appartiennent à l'humanité tout entière.

On ne peut rien comprendre à la politique actuelle conduite par l'IRAN, si l'on ignore que ce pays est multi-millénaire, que c'est une grande nation, un grand peuple et qu'il a nourri en son sein des esprits supérieurs qui valaient bien les nôtres. Notre rationalisme desséchant, l'empressement de nos gouvernants à éteindre tout sens du transcendant dans l'âme de notre patrie trouve dans ce poème l'antidote le plus parfait à notre prétention de tous savoir, de tout pouvoir et de tout vouloir.

Demain, reprise des billets classiques.

1 commentaire:

claude a dit…

magnifique poème qui nous emporte, même pour un mécréant comme votre serviteur , vers des sommets où plane l'air raréfié du sublime