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C’est le moment de sortir du sommeil.
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1. UN
CONSTAT DE ROD DREHER.
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"Le
philosophe Charles TAYLOR décrit le Moyen Âge comme un « monde
enchanté », une période si différente de la nôtre qu’il nous est difficile
de nous la représenter. Nous sommes à présent sur un rivage lointain, d’où nous
sommes incapables d’apercevoir la façon dont nos ancêtres médiévaux concevaient
le monde qui les entourait.
"Le divin était bien plus présent
dans la vie quotidienne des hommes du Moyen Âge. La religion imprégnait tout,
comme chez nombre d’autres peuples, chrétiens ou non, et ― c’est là essentiel ―
elle était affaire moins de croyance que d’expérience. Pour la Chrétienté
médiévale, les mondes spirituel et matériel s’interpénétraient : il n’y
avait entre eux qu’une frontière légère et poreuse. Autrement dit, les hommes
du Moyen Âge avaient de toute chose une perception sacramentelle."
Page 50.
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2. NOSTALGIE
EN CONTREPOINT.
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"Cette
humanité disparue au point que le terme de disparue ― en dépit de toutes nos ethnologies,
de tous nos musées, etc. ― que ce terme, dis-je, n’a plus lui-même de sens :
cette humanité, comment a-t-elle seulement pu exister ? Et cependant, ce
qu’elle rêva en marchant […] nous parvient comme la lumière des constellations
éteintes pour nous, à jamais éloignées : or, c’est en nous que fulgure l’astre
éclaté, c’est dans les ténèbres de nos mémoires, dans la grande nuit constellée
que nous portons en notre sein, mais que nous fuyons dans notre fallacieux
grand jour." (Pierre KLOSSOWSKI. Le Bain de Diane. Collection Blanche.
Gallimard, Paris, 1980, page 8. Pierre KLOSSOWSKI est le frère du peintre
BALTHUS.)
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3. COMMENTAIRES
PERSONNELS.
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Je
n’aurais pas l’outrecuidance de me comparer au très grand penseur qu’est Marcel
GAUCHET, duquel j’ai déjà cité plusieurs passages tirés du Désenchantement du monde. GAUCHET écrit en fait une histoire
politique du religieux. Il ne se place jamais sur le plan philosophique, ni sur
la pertinence des innovations des penseurs du moyen-âge ou des Lumières. Je ne
sais pas davantage si Charles TAYLOR connaissait l’œuvre du penseur français
ou, réciproquement, si ce dernier connaissait l’opinion de TAYLOR. Ce qui est
intéressant, me semble-t-il, c’est que les deux auteurs reprennent l’idée d’un
monde enchanté.
Nous
devons convenir que le choix de ce mot n’est pas innocent, et qu’il porte en
lui un jugement de valeur, probablement négatif, sur la manière dont les hommes
du moyen-âge voyaient le monde environnant.
Ce
que nos modernes appellent un monde enchanté est un monde auquel ils ne croient
pas. Or la question qui se pose, la seule qui vaille et qui est véritablement axiologiquement
neutre est celle-ci : cette conception est-elle vraie ou fausse ; en
d’autres termes, est-il vrai, philosophiquement et théologiquement, que ce qui
est, est bon, beau et vrai, trouve sa source en Dieu, est ordonné par Dieu en
un ensemble harmonieux (comme le dit DREHER) ? En d’autres termes, est-il possible de connaître
en vérité (au moins partiellement) ce qui nous entoure ? KLOSSOWSKI a la nostalgie de ces moments
où, au milieu peut-être des pires difficultés matérielles de l’époque, les
hommes vivaient « la grande nuit constellée », dont nous avons perdu
la vue, mais non la mémoire et que nous fuyons pour vivre dans notre fallacieux grand jour.
Le
pari bénédictin tient pour vraie la parole de la Genèse : « Dieu vit que
cela était bon » dit-il à propos de sa création.
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4. LIEN
UTILES ET ILLUSTRATIFS.
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