mardi 24 juillet 2007
Vacances
Je pars pour environ trois semaines et reprendrai mes billets vers le 16 août. Il y aura encore une petite interruption fin août. Puis tout reprendra son cours normal.
Le poids des mots
Le sénateur BADINTER est un juriste éminent. Garde des Sceaux sous François MITTERAND, il a été l'inlassable artisan de l'abolition de la peine de mort dans notre pays. C'est un titre de gloire. Je le dis comme je le pense. Couper la tête d'ignobles assassins ne rendait pas la vie à ceux qu'ils avaient tués et ne faisait que satisfaire les plus basses passions de l'âme humaine dont la vengeance est une des formes les plus hideuses. Le sénateur BADINTER n'est pas un excité. Sa parole a du poids. Et même si je ne partage pas toutes ses idées, je trouve à ses propos de la mesure et de l'intérêt. Voilà pourquoi j'ai lu quelques extraits de l'interview qu'il a donné au Journal du Dimanche. J'en suis étonné. "Le problème de fond de la cinquième République, - y dit-il - c'est la constante dérive, non pas vers un régime présidentiel, mais vers une présidence impériale." Et de critiquer, ce qui est son droit, la manière de faire du Président de la République. Que veut dire cette expression ? Faut-il y voir une allusion au Prince-Président Napoléon ? Ce qui serait un jugement a priori et un grave procès d'intention. Ou une expression imagée qui cherche à définir l'exercice de la fonction par Nicolas SARKOZY ? Ce qui demande à être expliqué en détails. Ou un jugement sincère sur cet exercice ? Ce qui doit être examiné.
Un empire a pour tête un empereur qui n'est pas (toujours) élu (Le Saint Empire romain germanique faisait exception à cette règle). Il dirige un vaste complexe de pays qui gardent chacun leur mode de gouvernement et restent nominalement indépendants les uns des autres bien qu'ils n'aient que peu ou n'aient pas de marge de manoeuvre politique (Un excellent exemple de cette définition est l'empire d'Autriche-Hongrie.) Manifestement, l'expression n'est pas un procès d'intention et ne vise pas l'inavouable désir du Chef de l'Etat de pérenniser son pouvoir par un coup d'état. Il me semble que le reproche fait ici à Nicolas SARKOZY est celui d'une action politique "tout azimuth", souvent couronnée de succès, déployée par un homme suractif et omniprésent. Du moins, à la différence du Président Sphinx qu'était François MITTERAND, l'actuel Président de la République accepte-t-il d'être exposé au feu de la critique, ne se piédestalise-t-il pas, ne se met-il pas constamment en scène et reste-t-il un homme simple. Oui, le reproche qui lui est fait, dans le fond, est de vouloir fortement ce qu'il veut, et de prendre les moyens adéquats pour parvenir à ses fins. On ne l'appelle pas Dieu, lui. En outre, son recours à des hommes de l'opposition me semble aller à l'encontre du jugement à l'emporte-pièce porté par monsieur BADINTER. (Il me souvient que François MITTERAND avait en moins d'un an mis ses amis à la tête de tous les grands corps de l'état. Je n'ai plus en tête tous les noms de ces grands commis. Il m'en reste deux : monsieur CHANDERNAGOR à la Cours des comptes, monsieur de NICOLAÏ au Conseil d'Etat. Ainsi avait fait Napoléon BONAPARTE dans le premier Empire français ; il avait placé ses frères et ses proches sur les trônes des pays satellites : Hollande, Espagne, Naples, etc.) Il me faut admettre que la critique de monsieur BADINTER est fortement teintée d'idéologie. Il lui fallait bien trouver un angle d'attaque pour aider son parti à gravir péniblement la route qui mène au sommet. Je ne crois pas que cet angle-là soit le bon. Il nous faut des propositions. Du reste monsieur BADINTER, dans cet interview en fait une, qui n'est plus de mise mais qui a le mérite d'exister : il aurait préféré une commission parlementaire paritaire majorité-opposition à une commission ad hoc pour examiner les réformes à apporter au fonctionnement de nos institutions. Aucune des deux formules n'est entièrement satisfaisante. Celle de monsieur BADINTER me semble grosse de dangers, celui de voir les passions politiques l'emporter sur le bon sens, celui de sombrer dans l'impuissance, faute de consensus. Mais enfin, monsieur BADINTER propose, lui.
Monsieur HOLLANDE poursuit son parcours de directeur d'Almanach Vermot. Il parle du "coup d'éclat permanent" du Président de la République, pendant que les 27 pays de l'Union Européenne planchent sur la rédaction du Traité simplifié, qu'EADS se réorganise, que monsieur KOUCHNER s'apprête à aller au Liban après avoir commencer à renouer les fils brisés de l'échevau libanais lors d'une rencontre à Paris, et que messieur Gordon BROWN et Nicolas SARKOZY organisent leur voyage au Darfour. Vous avez dit "coup d'éclat" ? Pauvre François. Vite un petit coup de sirop Typhon pour lui remonter le moral et donner du tonus à ses "idées".
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lundi 23 juillet 2007
Nihil novi sub sole
Déjà, en 1878, un voyageur français écrivait en introduction de l'ouvrage qui racontait son long séjour en Chine, ce que voici : "Ce qui frappe le plus le voyageur à mesure qu'il s'éloigne de la France, c'est de voir quelle petite place elle tient dans les contrées lointaines. Tandis que l'Angleterre remplit tout de son nom, de son commerce, de sa langue, le renom de la Fance s'affaiblit au contraire d'autant plus vite que celui de sa voisine grandit.
C'est avec tristesse que le Français constate cet effacement de la patrie. Mais ce qui l'attriste encore plus au retour, c'est de reconnaître que les causes de cette infériorité sont dues à l'indifférence et au dédain de ses compatriotes pour les autres peuples en proportion de leur éloignement.
Il faudrait les convaincre que le meilleur moyen d'assurer l'influence de leur pays, c'est de se répandre au dehors, et que la première condition de ce progrès, c'est de connaître les autres peuples, leur civilisation, leur caractère et leurs besoins, d'imiter en un mot l'Angleterre et de lutter avec elle sur ce terrain fécond, où la France pourrait lui disputer, sinon l'empire commercial, du moins, l'empire moral et civilisateur du monde."
Les choses, depuis, ne se sont guère améliorées, et si l'empire américain, s'est substitué à l'empire anglais, les rapports entre les deux cultures, anglo-américaine d'une part, française de l'autre, sont dans la même dissymétrie. D'où cela vient-il ? Le texte même de ce voyageur désabusé porte en lui la réponse, mais sa proximité d'avec un mode de pensée qui n'a cessé de nous abaisser depuis qu'il est devenu la référence des "intellectuels" ne lui permet pas d'aller au bout de la démarche qu'il esquisse.
Pourquoi les français s'intéresseraient-ils en effet à des pays dont la culture, à leurs yeux, n'a pas atteint le degré d'universalité propre à celle de leur patrie ? Nous sommes victime de cette illusion d'optique qui veut que toute pensée française vaut pour le monde entier. Vous savez, "l'exception française".
Voici une anecdote qui illustrera ce que je veux dire. Je discutais avec un collègue et ami de l'Université de Lausanne, un biochimiste connu internationalement, francophone de naissance. Et il me disait, avec un petit sourire narquois : "Vous, les Français, vous ne pouvez pas vous empêcher de pensée à l'échelle du monde. Notre pensée à nous s'arrête aux frontières de notre canton natal." Voilà notre limite, voilà notre faiblesse, voilà le défaut de notre cuirasse : nous croyons, depuis le siècle des Lumières, que nos "Philosophes" ont apporté au monde une pensée universelle, et, depuis la Révolution, que la France a fait naître l'humanité à la Liberté et aux Droits de l'Homme. Cette façon de voir la vie et le monde, de ne contempler que notre nombril, nous interdit de rentrer profondément dans la pensée des autres peuples. Il faudrait pour cela comprendre que la Fance ne peut incarner à elle toute seule les valeurs universelles, même si elle a puissamment contribué à l'approfondissement d'une pensée "valable pour tous les hommes, en tout temps, et en tout lieu". C'est une contribution, pas une somme définitive.
Il est assez caractéristique de voir que Léon ROUSSET, professeur à l'arsenal de Fou-Tchéou (Fu-Zhou), ne cherche pas tant à disputer à l'Angleterre l'empire commercial que l'empire moral et civilisateur du monde. Il trahit ainsi, sans le vouloir et pour les raisons que j'ai dites plus haut, cette prétention française à l'Universel qui nous a fait tant de mal.
Le Président de la République veut mettre fin à l'influence de mai 68 sur l'Esprit Public ; il serait bon que les "intellectuels" lui suggèrent d'entreprendre le même travail pour ce qui concerne l'arrogante prétention des Lumières à éclairer le monde.
Philippe POINDRON
Citation de
Léon ROUSSET.
A travers la Chine.
Librairie Hachette et Cie, Paris, 1878.
(Je possède ce livre fort intéressant.)
PS : bien que je m'efforce de relire avec soin mes textes, je laisse encore des fautes de typographie (peu graves) et d'orthographe (inexcusables !) Que mes lecteurs soient indulgents. Je les invite vraiment à commenter et à s'inscrire comme membre du Blog. Mon ambition est de créer un courant de pensée susceptible de contriber au renouveau de l'esprit public, par une contestation raisonnée des idées reçues et des idéologies. Si je me suis attaqué surtout aux idéologies socialistes, je passerai aussi à la moulinette de la critique réaliste les idéologies libérales et néo-libérales. Comme elles sont les plus disputées et critiquées par les médias, il me semble plus urgent de pourfendre leurs symétriques qui font des ravages.
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mardi 17 juillet 2007
lundi 16 juillet 2007
Toujours la révolution
Dans un salon parisien, au début de l'année 1788.
Il y a là CHAMFORT, CONDORCET, VICQ- D'AZYR, de NICOLAÏ, BAILLI, MALESHERBES, ROUCHER, LA HARPE, la duchesse de GRAMMONT et CAZOTTE, dont nous avons déjà parlé. CAZOTTE - nous devons ce témoignage à LA HARPE qui a fixé la scène dans un texte remarquablement écrit - poussé par l'assistance va prophétiser. Toutes ses prophéties se réaliseront dans les moindres détails.
On commence par brocarder la religion. On récite les vers (philosophiques) de cet affreux bonhomme de DIDEROT : "Et des boyaux des derniers prêtres, Serrer le cou du dernier roi".
CAZOTTE se tait. On continue. "Il faut absolument que la superstition et le fanatisme fassent place à la philosophie". On suppute sur les chances qu'ont les uns et les autres de voir advenir le règne de la raison. CAZOTTE continue de se taire. On le presse de prendre la parole : "Messieurs, dit-il, soyez satisfaits, vous verrez tous cette grande et sublime révolution que vous désirez tant." On se moque, car CAZOTTE se targue d'avoir de dons de prophétie. CONDORCET le provoque : ..."un philosophe n'est pas fâché de rencontrer un prophète. - Vous, monsieur de CONDORCET, vous expirerez étendu sur le pavé d'un cachot ; vous mourrez du poison que vous aurez pris pour vous dérober au bourreau". Quelques temps après, tandis que la conversation s'anime : "C'est au nom de la philosophie, de l'humanité, de la liberté ; c'est sous le règne de la raison qu'il vous arrivera de mourir ainsi". Et à CHAMFORT : "Vous, monsieur CHAMFORT, [...] vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n'en mourrez que quelquels mois après. [...] Vous, monsieur VICQ-d'AZYR, vous ne vous ouvrirez pas les veines vous-même, mais après, vous les ferez ouvrir six fois dans un jour, [...], et vous mourrez dans la nuit. Vous monsieur de NICOLAÏ, sur l'échafaud ; vous, monsieur BAILLY, sur l'échafaud." ROUCHER, qui croit être fin, s'esclaffe : "Ah ! dieu soit béni, il paraît que monsieur n'en veut qu'à l'Académie ; il vient d'en faire une terrible exécution ; et moi, grâce au ciel ! - Vous, vous mourrez aussi sur l'échafaud." L'assistance proteste : "il a juré de tout exterminer" et CAZOTTE : "Point du tout ; je vous l'ai dit, vous serez alors gouvernés par la seule raison. Ceux qui vous traiteront ainsi seront tous des philosophes, auront à tout moment les mêmes phrases que vous débitez depuis une heure, répéteront toutes vos maximes, citerons comme vous, les vers de Diderot et de la Pucelle." CAZOTTE achève en prophétisant l'exécution de la duchesse de GRAMMONT sur l'échafaud, sans le secours de la confession, et celle de LOUIS XVI, le seul des condamnés qui aura droit à cette faveur. LA HARPE a survécu à la révolution. C'est à lui que nous devons ce témoignage connu sous le nom de "Prophétie de Cazotte".
"Et des boyaux des derniers prêtres, Serrer le cou des derniers rois." disaient-ils.
Pendant que ces messieurs dansent sur un volcan, les hommes d'Eglise eux s'activent. Mgr de BARRAL, évêque de Castres, fait distribuer aux curés de son diocèse, dès 1765, 20 ans avant PARMENTIER, des tubercules de pommes de terre dont il impose la plantation pour éviter les famines. Son successeur Mgr de ROYERE fait ouvrir quatre routes et construire plusieurs ouvrages d'art pour donner du travail aux chômeurs. En Provence, Mgr de BOISGELIN fait dessécher des marais, construire des routes et des ponts, Mgr de BAUSSET crée un RMI avant la lettre, pour les pauvres de son diocèse, donne des allocations aux vieux et aux chômeurs, augmente la dotation de l'hôpital, établit et défend le projet de creusement du nouveau port de Fréjus. Dans le Dauphiné, l'évêque de Grenoble organise un bureau d'assistance judiciaire gratuite. En Bourgogne, l'évêque de Langres crée un système d'assurance contre les incendies. Mgr de la MARCHE, évêque de St-Pol-de-Léon en Bretagne, se fait lui aussi le propagandiste de la culture de la pomme de terre. En Artois, Mgr de PARTZ de PRECY, évêque de Boulogne, crée un séminaire gratuit et fonde une institution qui permet de doter dans chacune des paroisses de son diocèse une jeune fille pauvre obligée de travailler de ses mains. En Picardie, Mgr de MACHAULT, évêque d'Amiens, donne tous ses revenus aux chômeurs de la "Fabrique" anéantis par la concurrence anglaise et vit dans la plus grande pauvreté. A Paris, Mgr de BAUMONT fait réparer des métiers à tisser et crée ainsi 2.000 emplois. Son successeur, Mgr de JUIGNE, pour réduire la disette et la misère du peuple, pendant que ces messieurs discutent dans les salons luxueux du Faubourg Saint-Germain, vend sa vaisselle, pendant l'hiver 1788, et engage son propre patrimoine pour contracter des emprunts élevés destinés à soulager la misère. Etc., etc., je dis bien etc. [Merci à Jean DUMONT qui donne ces détails dans son livre remarquable (La Révolution Française ou les prodiges du sacrilège. Criterion, Paris, 1984.)]
"Et des boyaux des derniers prêtres, Serrer le cou du dernier roi..."
Est-ce si bien vu de la part de Philosophes qui ont inlassablement tressé la corde destinée à les pendre ? Car la Révolution, qu'ils appelaient de leurs voeux et qu'ils ont engendrée, a dévoré ses enfants. Ce n'est que logique ; c'est une constante de toute révolution.
L'invention du RMI, des assurances, des allocations de vieillesse, des allocations de chômage, l'assistance judiciaire gratuite, sont des créations de l'Eglise, n'en déplaise à nos "socialistes" contemporains. Tout le reste est du mensonge, du bourrage de crâne, un déni de justice et un viol de la vérité.
Je suis un scentifique invétéré, et je dis que les faits ont la tête dure. D'oùce rappel, que je vous invite à fixer dans vos mémoires. Pardonnez-moi l'inhabituelle longueur de ce billet. Mais nous venons de fêter le 14 juillet. Quelques rappels ne me semblaient pas superflus. Mais attention, je suis solidaire, de fait, de l'histoire de ma patrie. Je l'aime, dans ses grandeurs, comme dans ses petitesses, et si je déplore ses crimes et ses excès, j'accepte d'en assumer l'héritage.
Politis-Philippe
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dimanche 15 juillet 2007
Roi de France et duc d'Orléans
Je ne sais plus lequel de nos rois a dit après qu'il eut monté sur le trône de France "Le Roi de France ne venge pes les injures du duc d'Orléans". Il me semble que c'est là l'exemple que donne à la nation notre Président de la République. Je l'ai vu à la télévision gravir en compagnie de DSK (qui avant les élections, appelait à la création d'un front anti-Sarkozy) le perron de l'Elysée, afin de présenter son candidat aux personnalités européennes invitées au déjeuner de gala, en vue des élections à la présidence du FMI. Que DSK ait les compétences requises pour cette fonction est indiscutable si l'on juge objectivement son action comme ministre. D'autres que Nicolas SARKOZY se seraient sans doute souvenu de la posture de DSK avant le scrutin présidentiel et auraient choisi un candidat de leur clan. Tel n'a pas été le cas. L'idée de réconcilier les Français dans le seul service de leur patrie est tout simplement formidable. Bien entendu, messieurs HOLLANDE, LE FOLL, MOSCOVICI et tutti quanti vont crier au débauchage. Ils ne peuvent en effet accéder au pouvoir, sans créer les conditions artificielles d'une guerre civile idéologique. Et s'ils reconnaissaient dans cette ouverture une réelle volonté d'apaiser les conflits politiques qui nous déchirent depuis la Révolution ? Je prétends que nous avons en la personne du nouveau Président, un homme d'une immense stature. Il n'a pas fini de nous surprendre (il me surprend, je dois l'avouer) et, par sa conformité aux exigences du réel, il ramènera la France en un état qu'elle n'aurait jamais dû voir se dissoudre, celui d'une nation à la fois fière d'elle-même, de ses réalisations et de ses enfants, et ouverte sur le monde et sur l'Europe. Tout ce qui fait converger, tout ce qui unifie est moralement fondé et mérite le soutien de ceux qui croient à la morale plutôt qu'au pouvoir.
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samedi 14 juillet 2007
Lettre de cachet
Je rentre du défilé du 14 juillet. S'agitent en moi des sentiments divers : fierté d'être français quand je vois à quel niveau de perfection atteint le défilé, quand je respire la beauté de la ville qu'autour de moi américains, japonais, italiens ou autres, admirent, chacun dans leur langue ; tristesse aussi de voir que tant d'argent est dépensé pour faire la guerre, fût-t-elle préventive ; tristesse encore quand je me rappelle les événements que nous commémorons. Mes compatriotes croient que le 14 juillet fête la prise de la Bastille ; c'est une erreur. Le 14 juillet commémore la Fête de la Fédération qui eut lieu un an plus tard. De fédération, ma patrie ne connaît plus rien ; le jacobinisme le plus étroit, le sectarisme le plus étriqué des "Philosophes" et de leurs séides (les Girondins que l'on a raccourcis en savent quelque chose), l'idéologie la plus désincarnée l'a chassée de l'espace public. Quant à la prise de la Bastille, symbole de l'arbitraire, il y a lieu de se demander si elle a vraiment expulsé ce vieux démon de nos moeurs collectives. Le pauvre gouverneur de LAUNAY qui a cru en la bonne foi de la populace lui a ouvert les portes de la forteresse. Il a été massacré. De prisonniers, il semble me souvenir qu'il n'en restait qu'un dans la forteresse. Il est bon de rappeler que les lettres de cachet qui condamnaient à la prison des sujets sans qu'ils fussent jugés, étaient souvent prises à la demande de la famille. Personnellement, je ne verserai pas une larme sur l'emprisonnement du marquis de SADE, embastillé pour ses moeurs scandaleuses sur la requête de ses proches. Pour reprendre les critiques pro-révolutionnaires, il est vrai qu'un seul homme, le Roi, avait le pouvoir de mettre à l'ombre des sujets encombrants, et que c'est difficilement acceptable pour une conscience moderne.
Adoptons le point de vue des structuralistes et voyons s'il existe de nos jours , dans notre pays, un homme seul qui a le pouvoir d'emprisonner sans jugement. Cet homme existe, démultiplié à des centaines d'exemplaires : c'est le juge d'instruction qui peut littéralement embastiller sans procès des justiciables sans autre motif que son intime conviction. La détention préventive, vous connaissez ? C'est ainsi que monsieur Fabrice BURGAUD a pu garder à l'ombre, non pas un, mais plus de deux dizaines de nos compatriotes, pendant près de trois ans, avant qu'ils ne fussent déclarés innocents. L'un d'eux n'a pas eu la patience d'attentre le jugement et s'est donné la mort. Je ne vois pas pourquoi on dénierait aux souverains de l'Ancien Régime le bon sens et l'intime conviction qui les amènaient à embastiller, et qu'on donnerait ce droit exorbitant à des magistrats dont le bon sens et la légitimité ne sont pas forcément les qualités les plus évidentes. Certes, à la différence des prisonniers de l'Ancien Régime embastillés, les accusés d'OUTREAU ont eu droit à un procès ; c'est ce qui fait la très grande différence ; cependant qui leur rendra les trois ans de vie perdus par la faute d'un seul ?
Croyez bien que je n'exprime pas cette opinion par esprit réactionnaire. Je l'exprime parce qu'elle me paraît juste et qu'elle est le fruit d'un très longue réflexion sur la violence légitime, réflexion que j'ai commencée après la lecture des oeuvres de René GIRARD.
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vendredi 13 juillet 2007
Ad hominem
Si j'avais été monsieur MOSCOVICI, voici ce que j'aurais dit des positions de Jack LANG : "Jack, en acceptant la proposition qui vous est faite par le Président de la République, vous pourriez affaiblir le PS, déjà mal en point. Je vous demande de bien réfléchir avant de faire le pas. Si vous deviez le faire en conscience, je vous garderais mon estime et mon amitié. Mais vous pouvez comprendre qu'il est nécessaire de ne pas mélanger les genres et que dans ce cas vous devriez quitter le Bureau National." Voilà une opinion qui me semble conforme au réel. Au lieu de cela, monsieur MOSCOVICI brocarde, persifle, pétraquise et utilise la méthode bien connue des éléphants qui consiste à utiliser des arguments ad hominem. Il vous déclare d'un ton patelin, mais vachard, que Jack a rendu de grands services au PS, mais qu'il n'a qu'un seul défaut, je cite : "Il aime trop la lumière... Il ne supportait pas d'être loin de l'Elysée, là où est le pouvoir." Parce que lui, Pierre MOSCOVICI, ne désire aucunement que son parti accède au pouvoir ? Parce qu'il préfère rester indéfiniment dans le soleil de l'opposition, plutôt que dans l'ombre de l'Elysée ? Monsieur MOSCOVICI se tire une bal dans le pied, en reprochant à Jack LANG d'avoir ce penchant pour le pouvoir élyséen, alors qu'il motive la plus âpre guerre des chefs au sein du parti auquel il appartient : le contrôle du PS n'ouvre-t-il pas la candidature à la Présidence de la République pour 2012 ? Humain, très humain, trop humain. Et pour tout dire nul.
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jeudi 12 juillet 2007
Sauce hollandaise
J'ai fait une erreur de jugement sur le caractère de Jack LANG. Il vient de démissionner des instances dirigeantes du PS, avec fracas, en mettant en cause les méthodes qu'emploie François HOLLANDE pour animer son parti. Le Premier Secrétaire a fait voter par le Bureau Politique du PS une décision d'exclusion des instances dirigeantes, de tous ses membres qui accepteraient à titre individuel de participer à des commissions ou groupe de travail créés par l'actuel Gouvernement et le Président de la République. Voilà un bel esprit d'ouverture, voilà l'expression d'un grand esprit démocratique, voilà la preuve d'une grande envie de participer à la vie politique de la Nation sur un sujet qui nous concerne tous : le fonctionnement de nos institutions.
Jack LANG est agrégé de droit public et c'est à ce titre qu'il a été convié à participer à la commission, présidée par Edouard BALLADUR, et chargée de réfléchir aux modifications susceptibles de moderniser le fonctionnement de nos institutions. Il a donc une compétence personnelle évidente dans ce domaine. Il me semble qu'il y avait là une possibilité pour l'opposition d'apporter des suggestions utiles et conformes à ses propres orientations. Il lui suffisait de donner à Jack LANG quelques orientations de travail, et des propositions. Mais non. Monsieur HOLLANDE voit dans cette offre une tentative de débauchage, d'instrumentalisation, un je-ne-sais-quoi de macchiavélique, un piège. En somme il vit dans la méfiance, il est assiégé, il a la fièvre obsidionnale. Et pourtant, 82 % des Français approuvent cette politique d'ouverture, et je crains fort que monsieur HOLLANDE ne finisse par apparaître ouvertement ce qu'il cherche à nous cacher, un homme de parti, un esprit sectaire qui a besoin d'un affrontement idéologique parfaitement artificiel pour arriver à ses fins : prendre le pouvoir, et si possible le conserver : c'est ce j'appelle la politique à la sauce hollandaise.
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mercredi 11 juillet 2007
Morale et politique : l'exemple de Lu Xiaobo
"En Chine, pratiquement tout le monde a le courage de défier sans vergogne la morale. Tandis que rares sont ceux qui ont le courage moral de défier la réalité sans vergogne." Ainsi s'exprime un penseur chinois contemporain, LIU XIAOBO, qui vit en Chine et continue de militer pour l'introduction de la morale dans la vie publique. Il l'a payé très cher : camp de rééducation, grève de la faim, intervention dans la nuit du 3 au 4 juin, place Tien An Men pour empêcher l'affrontement direct entre les soldats et les étudiants, prison dans la fin des année 1980 (il est libéré en 1991). Il aura dit aussi : "Nous n'avons pas d'ennemis ! Ne laissons pas la haine et la violence empoisonner notre sagesse et la démocratisation de la Chine ! Nous avons tous besoin de procéder à un examen de conscience". (Référence dans la note [a].) Cet homme est tout entier plongé dans le réel.
Il est bon de comparer l'attitude de LIU XIAOBO à celle de quelques "intellectuels" français (Roland BARTHES, Philipe SOLLERS, Marcellin PLEYNET, François WAHL, Julia KRISTEVA) qui revenant d'un voyage en Chine en 1974, font écrire par Philippe SOLLERS dans Tel Quel (automne 1974) (référence dans la note [b]) : "La vision du monde religieuse et idéaliste qui a toujours été celle de tous les exploiteurs a un seul ennemi sérieux actuellement : la Chine." Le même, qui manifestement est un génie de lucidité, écrit, alors que la Révolution Culturelle n'a pas fini de faire sentir ses terrifiants effets : "Chez Mao Tsé-toung, matérialisme et dialectique arrivent à un degré jamais constaté de précision, d'efficacité, de clarté." En effet. En effet.
YU LUOKE ne peut plus répondre à ces pantins ridicules : jeune étudiant, il a été arrêté pendant la Révolution Culturelle en 1969, pour avoir dénoncé la théorie de l'origine de classe comme facteur déterminant de la position politique. Il a été fusillé en 1970. Pas davantage ne répondra ZHANG ZHIXIN. Cadre du parti, elle est arrêtée sous LIN BIAO et la Bande des Quatre. Elle est fusillée en 1975, après avoir été violée à quatre reprises par ses bourreaux, qui avant de perpétrer leur forfait lui avaient coupé les cordes vocales. Que dire de KUAI DAFU, meneur de la Révolution Culturelle. Il s'était opposé aux "Groupes de Travail" chargés de neutraliser les "Rebelles" ; arrêté en 1971, il était toujours en prison en 1982, sans jugement. Idem pour NIE YUANGZI, enseigante de philosophie, arrêtée après l'affichage d'un dazibao sur les murs de l'Université de Pékin, en 1966 et qui était toujours emprisonnée en 1982. SHI YUNFENG ne pourra pas davantage leur répondre. Il a été exécuté secrètement en 1977. L'eût-il voulu d'ailleurs, il ne l'aurait pu, car pour l'empêcher de parler ses gardiens lui avait cloué le bec grâce à un fil de fer qui perçait ses deux gencives et sa langue. (Détails de ces faits dans l'ouvrage référencé dans la note [c].) Cela ne dissuadera pas Roland BARTHES d'écrire dans le Monde du 24 mai 1974 [note b] : "De temps en temps, quelques gorgées de thé, une cigarette légère, la parole prend ainsi quelque chose de silencieux, de pacifié, (comme il nous a semblé que l'était le travail dans les ateliers que nous avons visités." C'est beau comme l'antique.
Ces messsieurs et dames, pour ceux qui vivent encore, vont invoquer l'excuse bien connue et très utilisée par nombre de serviteurs de l'ordre nazi : "Nous ne savions pas." Ils ne savaient pas ? Ils ne savaient pas, vraiment ? Mais ont-ils voulu savoir ? Les opposants chinois que je viens de citer étaient encore en prison ou exécutés quand nos "intellectuels" ont bu leur thé, et fumé leurs cigarettes légères. Monsieur BARTHES, paix à ses cendres, concoctait son "Fragments d'un discours amoureux", tandis que dans leur géôle, des milliers d'opposants, torturés, humiliés, attendaient dans l'angoisse le moment de leur exécution. Ces hommes étaient tout entier plongés dans leur idéologie.
Un bon conseil : n'achetez pas, ne lisez pas les oeuvres de ces "intellectuels". Elles défient sans vergogne la morale. Et je doute que LIU XIABAO en recommande l'étude. Elles ne méritent ni haine ni mise à l'index. Seulement l'oubli, et si possible, le pardon.
[a]
Jean-Philippe BEJA.
LIU XIAOBO, le retour de la morale.
In La pensée en Chine aujourd'hui (Anne CHENG, Ed.), chapitre V, pp 135-155. (Folio/Essais, n°486.)
Gallimard, Paris, 2007.
[b]
Jean SEVLLIA.
Le terrorisme intellectuel de 1945 à nos jours. (Collection "Tempus", n° 57.)
Perrin, Paris, 2000 et 2004 pour le deuxième édition.
[c]
LIU QING.
J'accuse devant le Tribunal de la Société. Traduit du chinois et annoté par le Collectif pour l'étude du mouvement démocratique en Chine. Préface de Jean PASQUALINI.
Editions Robert Laffont, Paris, 1972.
PS : je possède et j'ai lu intégralement ou suis en trains de lire [a] tous ces livres.
mardi 10 juillet 2007
Camions
J'ai emprunté samedi dernier les autoroutes A35 (Beaune-Mulhouse) puis A36 (Mulhouse-Strasbourg). Mon voyage commencé à 12 h 10 à Beaune m'a laissé vers 3 h 20 à Strasbourg. Je croyais que les camions n'avaient pas le droit de circuler le samedi à partir de 12 h. Erreur ! J'en ai doublé des quantités sur ces trois cents et quelques kilomètres de bitume. Il y avait là des dizaines de camions polonais, des dizaines de camions tchèques, des quantités de camions espagnols, allemands, quelques camions des anciens pays d'Europe de l'Est (Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, pays baltes), des camions italiens. J'ai doublé très exactement TROIS camions français. J'en ai croisé UN.
Je m'interroge. La législation française interdit-elle aux camionneurs français de circuler sans dérogation sur les autoroutes le samedi ? Faut-il voir dans cette rareté du cabotage français un effet des 35 heures ? On aurait pu penser que dans leur frénésie à vouloir rattraper les pays de l'Europe occidentale, la Pologne, la Tchécoslovaquie encouragent leurs transporteurs à travailler tous les jours. Mais les Allemands ? Les Espagnols ? Quelle étrange aveuglement fait que nous laissions à nos concurrents le champ libre pour transporter sur nos routes toutes sortes de marchandises, alors que nous nous interdisons de le faire, de droit ou de fait ?
De deux choses l'une ou bien la législation française interdit aux camions, mais à tous les camions, de circuler le samedi, ce qui semble, hélas, incompatible avec la réglementation européenne. Ou bien notre système social est ainsi fait qu'il laisse à nos concurrents et amis le champ libre pour prendre les marchés que notre aveuglement se refuse à prendre en considération. En tout cas, je certifie la véracité de ces constatations qui me navrent. Et j'ai beaucoup de crainte pour la survie de nos entreprises de transport.
mercredi 4 juillet 2007
mardi 3 juillet 2007
Réactions épidermiques
Divers petits événements, ces derniers jours, suscitent en moi des réactions épidermiques. Pourquoi garderais-je pour moi ces coups d'humeur ?
Monsieur DEVEDJIAN, en traitant une adversaire politique de "salope", a commis une infâmie. Il montre par là qu'il ne méritait pas d'être ministre. Le Président de la République a dû sans doute repérer cette faiblesse de caractère qui empêche un responsable politique de mettre un frein à ses lèvres, et de mesurer ses propos. Heureusement, monsieur DEVEDJIAN a présenté des excuses publiques. Mais le mal est fait pour ce qui le concerne lui.
Monsieur DELANOE s'apprête à inaugurer Paris-Plage. Il me vient à ce propos cette charge que Jacques CAZOTTE lance contre les Parisiens dans une lettre qu'il adresse à son ami PONTEAU : " Hélas, les pauvres oisons sont naturellement bêtes, mais les Parisiens vont continuellement au spectacle pour se faire donner des douches d'imbécilité. Là, leur peu de sensibilité achève de s'émousser en s'évaporant sur des objets phantasmatiques (sic), et ils contractent l'heureuse habitude de se dérober au martyre de la réflexion". On ne saurait mieux dire.
Enfin, devant le flou qui entoure les propositions des responsables socialistes et le creux de leurs interventions, toujours de Jacques CAZOTTE, ce commentaire humoristique puisé dans "Ollivier" : "Avec le secours d'un bémol ou d'un dièze, d'un de ces intervalles que l'on appelle soupir [...], on parvient à dire un oui qui ne signifie rien, et un non qui ne veut pas dire non". J'ai vraiment le sentiment qu'il en est ainsi au PS en cette période cruciale pour son avenir. Nous avons besoin d'un vrai PS, pas d'un ring couvert d'une épaisse moquette sous le plancher duquel on aurait caché des couteaux et des piques pour "animer" le prochain round... Nous voulons entendre des oui qui soient des oui et des non qui soien des non.
C'est tout pour aujourd'hui.
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lundi 2 juillet 2007
Le mot chien n'a jamais mordu personne
Une déclaration qui ne manque pas de souflle par une responsable politique qui ne manque pas d'air, telles sont les caractéristiques de l'interview que madame Martine AUBRY vient d'accorder à l'Express (N° 2921, semaine du 28 juin au 4 juillet).
Avant d'expliquer pourquoi j'ai ce sentiment, il me faut faire preuve de probité intellectuelle. La mère des 35 heures a certainement précipité le marché du travail dans un cercle infernal en en alourdissant le coût, dans le contexte de la mondialisation. Mais nous devons d'abord admettre que, depuis le début du XXe siècle, la durée du travail a diminué constamment, en raison de l'amélioration de la productivité. L'idée de raccourcir la durée légale du travail n'est donc pas absurde en elle-même. En second lieu, il faut aussi accepter le fait que dégager quelques heures de libres pour les consacrer à sa famille, à ses loisirs, ou à son repos est un bien en lui-même, et un bien désirable. En d'autres termes, on se condamnerait à ne rien comprendre à l'homme en condamnant une mesure qui représente une possible amélioration de la vie.
Ainsi, ma réaction n'est pas fondée sur mon ressentiment pour un ministre qui par pure idéologie, et avec une brutalité sans nom, a voulu imposer une mesure qui est bonne pour les personnes, mais désastreuse pour la société en l'état actuel de l'économie mondiale. Il fallait concilier les deux aspects du problème et non les dissocier l'un de l'autre.
Venons-en à l'interview lui-même. Madame AUBRY y prône, tenez-vous bien, "une sécurité sociale professionnelle qui accompagne les salariés depuis la sortie de l'école jusqu'à la retraite". Et pourquoi pas jusqu'au cimetière ? Comment peut-on dépouiller à ce point les personnes de la responsabilité de leur vie, comment accepter qu'avec de telles mesures, elles finissent par ne plus habiter leur vie ? Comment concilier cette mesure avec "la majesté principielle du moi" (Jean-Claude GUILLEBAUD) ?
"La droite a préempté les questions d'emploi et de salaires : c'est un comble !". Pourquoi, chère madame, faudrait-il que ces questions soient confisquées par la gauche ? Et si les mesures prises par le gouvernement font tomber le chômage à moins de 5 %, objectif affiché par le Président, que direz-vous ? Madame AUBRY parle d'une répartition plus juste des richesses. Soit. Mais qu'est-ce qu'une répartition plus juste ? De nos compatriotes qui ne payent pas d'impôts sur le revenu, qui accepterait gaiement de se voir amputer de 60 % de ceux-ci, s'il était dans le cas de payer cet impôt ? Madame AUBRY est une experte en redistribution des richesses, mais elle a des vues assez courtes en ce qui concerne leur production. Je le redis, on ne peut pas distribuer des richesses qui n'ont pas été produites.
"Face au modèle libéral et financier qu'il [monsieur SARKOZY] propose, nous devons élaborer un autre modèle que je résume par "la justice, la justice, la justice". Quelle belle formule ! Quelle belle incantation ! Qui ne souscrirait à cela ? Mais c'est un slogan, ce n'est pas un programme, et encore moins l'énoncé des moyens qui permettraient d'atteindre cette fin, à laquelle je souscris du reste entièrement.
Qu'est-ce que la justice ? Pourquoi faudrait-il que les "riches" appelés dédaigneusement "les privilégiés" soient moralement condamnables ? En quoi, un inventeur de talent ou de génie (prenons l'exemple de PASTEUR qui a fait fortune avec ses brevets sur la bière, sur le vin, sur le vinaigre, etc.) serait-il un privilégié ? Peut-on nier que par ses travaux PASTEUR ait fait faire à l'humanité un grand pas dans la maîtrise des maladies infectieuses ? Ce service là ne mérite-t-il pas d'être reconnu ? Avant de condamner globalement "les riches", il serait juste de voir d'où viennent leurs richesses. Madame AUBRY ne dit rien de la mesure que les députés de la législature précédente ont adopté à l'unanimité et qui concerne les indemnités versées aux députés battus : ceux-ci percevront pendant cinq ans (et non plus un an) un salaire plein. Voilà un abus de privilégiés, sans compter les très belles indemnités que ce sont octroyés les Présidents des Sociétés Nationalisées du temps que la gauche était au pouvoir. Madame AUBRY n'a de la justice que l'idée d'une justice EGALITAIRE ; elle devrait se faire à l'idée qu'il existe aussi une justice DISTRIBUTIVE (et non pas redistributive !) qui consiste à rendre à chacun selon son mérite.
Madame AUBRY redistribue à tour de bras. Elle n'a aucune autre idée que cette idée fixe de faire payer "les riches", "les privilégiés". Mais il en est de l'économie, comme du courant électrique. C'est l'intensité des échanges qui fait le dynamisme d'une économie, et pour qu'il y ait échange, il faut qu'il y ait d'une part des biens ou des services offerts, et de l'autre des gens capables de les acheter. Nous sommes tous des offreurs et des acheteurs. Je ne vois nulle part que nous ne devons être que des acheteurs (les riches), ou que des offreurs (les travailleurs). C'est la différence de potentiel offreurs-acheteurs qui crée le courant d'échange pour une catégorie donnée de biens.
J'ai envie d'appliquer à madame AUBRY cette boutade de Mark TWAIN (citée par Jean-Claude GUILLEBAUD) : "Quand on ne dispose comme outil que d'un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous". Ou encore ce proverbe anglais : "Le mot chien n'a jamais mordu personne".
J'ai envie d'appliquer à madame AUBRY cette boutade de Mark TWAIN (citée par Jean-Claude GUILLEBAUD) : "Quand on ne dispose comme outil que d'un marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous". Ou encore ce proverbe anglais : "Le mot chien n'a jamais mordu personne".
Politis-Philippe
PS : je rassure ceux qui me prendraient pour un ractionnaire en leur rappelant que je fais mienne cette parole de Jésus : "Il est plus difficile à un riche de rentrer dans le Royaume des cieux, qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille". Mais ce n'est pas cela que dit madame AUBRY, qui n'est pas Jésus (ça se saurait !). Pour moi, c'est le seul aspect désespérant et dangereux de la richesse, celle qui se crispe sur elle-même, dans un splendide et dramatique isolement, une autosuffisance suicidaire. Mais j'ai connu des humainement riches, qui étaient d'authentiques pauvres spirituels, dont la main gauche ignorait ce que la droite avait donné.
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