samedi 1 septembre 2007

Le PS sent le Sapin

Avec une rare inélégance, plusieurs éléphants socialistes règlent leurs compte à madame ROYAL après son échec aux élections présidentielles. Claude ALLEGRE n'a jamais caché son opposition avant et pendant celles-ci à la candidate rebutée par le suffrage universel. On lui pardonne de le voir, après la défaite, persister dans son opinion par la publication d'un ouvrage au vitriol. Il y souligne les erreurs stratégiques et les faiblesses qu'il prête à l'ex-star de son parti, ou plutôt de son ancien parti, puisqu'il vient d'en démisionner. Mais que dire de Marie-Noëlle LIENEMANN ou du sénateur Jean-Luc MELANCHON ? Pourquoi brûlent-ils aujourd'hui celle qu'hier ils ont adorée ? Il me semble que ces luttes à coûteaux tirés relèvent plus de la stratégie de prise de pouvoir de leur courant au sein du parti socialiste que d'une analyse de la réalité. J'attends toujours des propositions sur les retraites, le système de santé, la modification de la calamiteuse loi sur les 35 heures, sur l'aide à la production, à l'innovation, sur la question non moins délicate de l'immigration clandestine, etc. A bon droit, la majorité peut dire : "D'autres feraient sans doute mieux que nous, mais nous faisons".
Monsieur SAPIN, d'habitude mieux inspiré - il n'est pas la plus inintéressante des personnalités socialistes - déclare du discours du Président de la République à l'Université d'été du MEDEF : "C'est un très beau discours de campagne électorale, un très mauvais discours de responsable politique". J'ai entendu ce discours, et j'ai vu et entendu la réaction de nombreux entrepreneurs. J'ai lu la déclaration de monsieur SAPIN : elle en dit long sur le jugement que les hommes politiques portent sur une campagne électorale : accumulation de paroles verbales, promesses intenables, logomachie sans consistance ? Voilà ce qu'ils en pensent, et voilà les intentions qu'ils prêtent à monsieur SARKOZY. Avec un tel état d'esprit, on comprend que madame ROYAL n'ait pas cru au SMIC à 1500 euros qu'elle dit avoir été contrainte de mettre dans son programme, en sachant que cette mesure, dans l'état actuel du monde et de notre économie, était inapplicable.
Il n'y avait pas de propositions concrètes dans ce discours, clament les médias avec une unanimité suspecte. Si le Président SARKOZY avait proposé de régler tout seul, sans le secours du dialogue social et des partenaires sociaux, la délicate question des salaires, des 35 heures, etc., que n'aurait-on pas dit ? Et comment les champions du monde du volontarisme politique peuvent-ils critiquer un homme qui veut fortement, et a tenu une partie importante des promesses faites ?
Justement, venons-en aux promesses. Les députés socialistes ont déféré la loi sur le bouclier fiscal et autres mesures au Conseil Constitutionnel. Ce dernier, comme la constitution le lui permet, et seulement quand il est consulté, s'est alors autosaisi de l'article 5 de la loi qui étendait aux emprunteurs d'avant le 6 mai le bénéfice de la déduction fiscale de ces intérêts, au motif qu'il y avait une "rupture de l'égalité de traitement". Les emprunteurs d'avant le 6 mai auraient été déjà propriétaires de leur logement ! Drôle de constat qui admet que les banques n'ont aucun droit sur les biens acquis avec leur concours, alors qu'ils sont hypothéqués et que la défaillance dans le remboursement des échéances ouvrent aux prêteurs le droit de procéder à une vente forcée du logement ou de la maison de l'emprunteur défaillant. La vérité en cette matière est dite par Henri HUDE, dans son ouvrage Ethique et politique (j'en a déjà parlé). Les banques qui prêtent sont en réalité les vraies propriétaires des biens de leurs clients et ne font que leur revendre en "leasing" et fort cher ce qu'elles ont acheté pour lui. Il faut bien comprendre la déception des électeurs socialistes qui doivent à l'intempestive inititiative de leur parti de ne pouvoir bénéficier d'une mesure de simple justice. Au fait, les avez-vous entendu barir les éléphants, après que le Conseil Constitutionnel a censuré cet article ? Pourtant ils ne lui avaient pas demandé de l'examiner, et si la loi ne lui avait pas été déférée, il n'aurait pas pu le faire. L'arroseur est arrosé. Le PS sent le Sapin. C'est à la fois tant mieux, et triste, car nous avons besoin d'un contre-pouvoir crédible et probe.

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