mardi 4 septembre 2007

Une voix prophétique

Après les accords de Munich, il avait quitté la France pour le Brésil où il resta exilé 5 ans, pour ne point avoir à subir sur le sol de sa patrie l'humiliation d'une paix honteusement acquise. Il avait écrit pendant cet de 7 ans "La France contre les robots", ouvrage qui fut publié par le Comité France Libre de Rio de Janeiro avant de l'être à Paris par les éditions Robert Laffont, en 1947. Georges BERNANOS se révèle là virulent, véhément, mélangeant en un étonnant explosif des opinions révolutionnaires à des idées que nos pauvres cervelles modernes qualifieraient de réactionnaires. En fait cet ouvrage est inclassable ; il est bouillonnant de vie, d'anathèmes, de jugements à la justesse étonnante, de prophéties. En voici un extrait bien adapté à notre temps :
"L'homme d'autrefois (Bernanos parle de l'homme de l'Ancien Régime) ne ressemblait pas à celui d'aujourd'hui. Il n'eût jamais fait partie de ce bétail que les démocraties ploutocratiques, marxistes ou racistes, nourrissent pour l'usine et le charnier. Il n'eût jamais appartenu aux troupeaux que nous voyons s'avancer tristement les uns contre les autres, en masses immenses derrière leurs machines, chacun avec ses consignes, son idéologie, ses slogans, décidés à tuer, résignés à mourir, et répétant jusqu'à la fin, avec la même conviction mécanique : "C'est pour mon bien... c'est pour mon bien..." Loin de penser comme nous à faire de l'état son nourricier, son tuteur, son assureur, l'homme d'autrefois n'était pas loin de le considérer comme un adversaire contre lequel n'importe quel moyen est bon, parce qu'il (l'état, note du transcripteur) triche toujours. C'est pourquoi les privilèges ne froissaient nullement son sens de la justice ; il les considérait comme autant d'obstacles contre la tyrannie, et si humble que fût le sien, il le tenait - non sans raison d'ailleurs - pour solidaires des plus grands, des plus illustres. Je sais parfaitement que ce point de vue nous est devenu étranger, parce qu'on nous a perfidement dressés à confondre JUSTICE et EGALITE (c'est le transcripteur qui souligne). Ce préjugé est même poussé si loin que nous supporterions volontiers d'être esclaves, pourvu que personne ne puisse se vanter de l'être moins que nous. Les privilèges nous font peur parce qu'il en est de plus ou moins précieux. Mais l'homme d'autrefois les eût volontiers comparés aux vêtements qui nous préservent du froid..."
Et encore ceci : "L'égalité absolue des citoyens devant la Loi est une idée romaine. A l'égalité absolue des citoyens devant la Loi, doit correspondre, tôt ou tard, l'autorité absolue et sans contrôle de l'Etat sur les citoyens."
C'est exactement ce que je pense, et c'est la raison fondamentale de mon opposition à tout système en isme (capitalisme, marxisme, socialisme, fascisme, etc.) Ils sont par essence totalitaires.

Aucun commentaire: