Je crains beaucoup que les chirurgiens de l'appareil digestif ne soient bientôt au chômage. Les vésicules biliaires de ces messieurs de l'opposition (externe et... interne) fonctionnent fort bien. Ils ne risquent pas l'ictère par obstruction. Leur bile se déverse dans les médias avec une allégresse échevelée.
Monsieur de VILLEPIN, qui, me semble-t-il, n'a pas laissé un souvenir inoubliable dans l'esprit de nos compatriotes, règlent ses comptes à un Président dont il avait rêver d'occuper la place. Il l'attaque sur tout, sur l'affaire Cleastream (au mépris de toutes les évidences), la politique en Irak, un prétendu alignement sur les Etats-Unis, la politique économique. Il a fait hier une longue apparition télévisée dans l'émission de Michel DENIZOT. C'est l'offensive. Notre homme, au motif qu'il n'y a pas d'opposition, argue qu'il peut à l'intérieur de la majorité dont il se réclame, jouer un rôle de substitution. En vérité, il ne voit pas que sa posture transpire le dépit, la vengeance, et l'aveuglement, et il ne se rend pas davantage compte qu'elle le dessert impitoyablement car elle le rend suspect d'être un petit esprit.
Du côté de la presse écrite, radiophonique ou télévisée, avec un ensemble touchant, on monte présentement de toute pièce une autre offensive : la méthode est connue. Tous, au même moment, utilisent les mêmes mots, attaquent sur le même front (je vous prie de noter que ces assauts vont s'amplifier au fil des jours) : (a) le Président de la République se comporte comme un monarque ; (b) madame Rachida DATI est autoritaire. Sur ce dernier point, nous avons eu droit hier soir à une séquence télévisée édifiante : France 3 a longuement détaillée les démissions de plusieurs membres du cabinet du Garde des Sceaux. Avec une obstination qui relève de l'obsession et du vice, le rédacteur a été cherché, et il a trouvé, les photos d'identité des démissionnaires (de complaisants complices, certes lisses et plaisants), d'illustres inconnus, dont il a fait un magnifique montage, bien symétrique. Madame DATI sait ce qu'elle veut. Elle a du caractère, et "quand on a du caractère, il est toujours mauvais" disait GUIZOT (je crois). Cela seul est insupportable à nos hauts fonctionnaires qui croient être la France à eux tout seuls.
Quant à l'attitude monarchique du Président, elle est vitupérée par "Marianne", par le caricaturiste GORCE (dans les "Indégivrables"), par "Le Monde" (mais plus subtilement), par "Libération", par "Charlie hebdo" et j'en passe. Je ne vois rien qui, dans le comportement de monsieur SARKOZY, nourrisse cette accusation. Il me semble plutôt simple, direct et amical. Et il n'y a pas longtemps qu'il est en fonction. On pourrait attendre pour voir. Mais qu'importe, calomniez, et faites-le le plus tôt possible, il en restera toujours quelque chose. Gouttes d'eau sur le granit, qui finira bien par se déliter. Les écoutes téléphoniques du Président MITTERAND, autrement monarchiques et discrétionnaires, ne semblent pas avoir soulevé de telles critiques.
Tout cela est misérable, et passe à côté de l'essentiel : quel type de société voulons-nous ? quel état voulons-nous ? quelle patrie (si ce mot a encore un sens) voulons-nous ? Le débat n'est même pas ouvert. On ne vendrait plus de journaux. Les étranges lucarnes seraient désertées. Vide de l'esprit et destruction de la vie intérieure, voilà à quoi aboutissent ces dérisoires méthodes.
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