Vous étiez, Ali, une lumière dans ce triste quartier d'Epinay. Des jeunes un peu perdus, des mamans et leurs enfants, des vieillards, affluaient dans votre épicérie, non pour acheter, mais pour parler. Vous écoutiez les uns, donniez des bonbons ou une tasse de café aux autres, faisiez une petite réduction à ceux d'entre eux qui avaient les plus maigres ressources. Vous aimiez les gens, et ils vous le rendaient. Un marginal vous a ôté la vie, un marginal que vous aidiez, à qui vous donniez amitié et subsistance. Jamais la parole de Vincent de Paul à Louis de Marillac ne m'a paru plus juste : "Ma fille, disait-il, souvenez-vous qu'il nous faut beaucoup d'amour pour que les pauvres nous pardonnent le pain qu'on leur donne". Tous sauf un vous ont aimé et aujourd'hui vous pleurent. Fallait-il que votre meurtrier soit un de ceux que vous aidiez le plus ? Comment se peut-il qu'il n'ait pas reçu toute votre gentillesse comme un cadeau inespéré, lui que la vie avait jeté sur les marges comme le fait la marée d'une épave sur la plage ? Vous l'aviez mise à l'abri et au renflouement, l'épave ; la réparation ne devait pas être assez rapide pour cet homme. On ne peut espérer pour lui que le pardon de vos amis et de vos proches, car vous lui eûssiez sans doute pardonné, s'il vous avait laissé le souffle. Ali, nous pensons à vous, et, j'ose le dire, ceux qui croient prient pour vous.
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