jeudi 20 septembre 2007

Délation ?

Tout d'abord, je dois à ceux des lecteurs qui me lisent sinon avec plaisir, du moins avec régularité, une petite explication de l'interruption de mes billets. J'ai dû subir une intervention chirurgicale qui m'a tenu éloigné des lucarnes électroniques pendant un temps. Reprenons donc le cours de nos réflexions :
Avec un ensemble touchant, la classe politique, le ministre Xavier DARCOS lui-même, les instituteurs et les enseignants, les grandes consciences de gôôôche ont dénoncé, qui "la maladresse", qui "l'erreur", qui "l'ignominie" du courriel que l'inspection académique du Haut-Rhin a envoyé aux quelques 850 directeurs d'école, courriel qui leur demandait de recenser dans la journée "tous les élèves sans papiers de leur établissement". Ils ne sont pas des délateurs, disent-ils. On ne voit pas pourquoi transmettre ces informations seraient de la délation, mais l'on peut comprendre la réticence des enseignants à les transmettre, et je ne les aurais pas transmises non plus, mais pas pour les raisons invoquées par les hypocrites consciences. Encore que la question mériterait d'être étudiée avec le plus grand soin, et qu'un état des lieux n'entraîne pas obligatoirement une expulsion ou des sanctions contre les familles en situation irrégulière. C'est même très exactement le contraire, puisque parmi les droits imprescriptibles des enfants, reconnus par nos pouvoirs publics, figure celui de recevoir une instruction. Une famille en situation irrégulière dont un enfant au moins est scolarisé est inexpulsable. J'aimerais seulement qu'un peu de reconnaissance soit rendue à notre patrie par ceux qui bénéficient de sa protection ; j'aimerais que mon pays ne soit pas soumis à un feu de critiques, de récriminations, de revendications, de "toujours plus". Il y a là, je le dis tout net, une attitude qui est tout simplement inacceptable de la part de certains sans-papiers et qui nourrit, hélas, le racisme.
Mais... mais...
curieux pays que la France, dans lequel le citoyen est invité à dénoncer à l'administration fiscale, et sous forme anonyme, toute anomalie qu'il lui semblerait avoir détecté dans les déclarations de revenus de ses voisins, qui lui donne le droit d'aller consulter ces dernières comme bon lui semble, et qui pourtant l'autorise à ne pas appliquer un principe de droit fondamental, celui de faire connaître à la justice tous les crimes et délits dont il aurait eu connaissance. Je trouve personnellement que cette invite de l'administration fiscale est ignoble et fait appel au plus bas des sentiments qui agitent l'âme humaine, la jalousie. Je trouve que c'est accorder à l'argent une place qu'il ne mérite pas et qu'on ne peut à la fois condamner sa prépotence, et chercher par tous les moyens à le faire rentrer dans les caisses du monstre froid qu'est l'Etat. Si l'argent a tant d'importance dans la mentalité collective, c'est pour cette raison-là (entre autre). Je trouve enfin que la morale publique ne gagne rien à ces petits arrangements avec l'idéologie qui nous autorisent à trier dans les lois celles qui nous conviennent et celles qui ne nous conviennent pas.
Dans le cas d'espèce, je n'aurais pas crié à la délation, mais je n'aurais pas transmis ces informations. J'aurais invité les familles à faire connaître elles-mêmes leur situation à l'inspection académique, situation de laquelle découle des droits tout à fait justifiés, je viens de le dire. Voilà qui me semble à la fois juste, humain et respectueux des lois de ma patrie. Bien entendu, si cette attitude de bonne foi avait été exploitée par l'administration, alors j'aurais pris en conscience les responsabilités qui s'imposent à toute conscience droite. Voilà, me semble-t-il, une attitude juste et discernée.
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