lundi 9 novembre 2009

Le prophète, l'utopiste et l'homme concret.

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Un ami, fidèle lecteur du Blog, m' a téléphoné hier matin pour me dire qu'il s'y passait des choses très graves, que les échanges étaient violents, et qu'il convenait que je lusse tous les commentaires sur l'identité nationale afin d'y réagir. J'ai bien réfléchi. Je ne l'ai pas fait. Car cette lecture préalable aurait eu pour effet de soulever des approbations ou des préventions que je qualifierais volontiers de narcissiques "Tiens, c'est bien ! Il pense comme moi" ou "Il raconte des bêtises !"
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Il se trouve qu'une amie m'a prêté l'article d'un théologien protestant, Alain HOUZIAUX, intitulé : "L'idéal de chasteté dès les débuts du christianisme. Pourquoi ?" in Études théologiques et religieuses, 2008/1, pp 73-103. Et c'est dans cet article que je crois avoir trouvé la réponse aux conflits d'opinions qui traversent la réflexion sur l'identité nationale ; HOUZIAUX fait une distinction très remarquable, et opératoire entre le prophète et l'utopiste. Que dit-il ? Ceci :
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"Les prophètes font du Royaume un idéal eschatologique qui appelle et attire. Les utopistes prétendent vouloir instaurer (souvent de force) le Royaume, les prophètes se souviennent que le Royaume ne peut et ne doit être de ce monde. Les utopistes oublient que l'utopie caractérise un "sans lieu" et un "non-lieu" et veulent l'instituer dans le lieu de monde." Et reprenant la distinction de FREUD entre "l'idéal du moi" et "le surmoi", HOUZIAUX poursuit "Notre idéal du moi nous appelle à suivre un idéal, une promesse, un exemple. [...] Notre surmoi édicte des règles, des carcans, des interdictions. L'idéal du moi suscite chez le sujet plutôt des sollicitations positives et idéalistes alors que le surmoi s'exprime plutôt sous forme de prohibitions répressives."
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Et il m'apparaissait que, quelle que soi l'opinion professée en matière d'identité nationale, nous étions tous à la fois un peu prophète et un peu utopiste. Comment, en réalité, le problème se présente-t-il ? Avec les clandestins, nous avons devant nous des hommes concrets, nous sommes nous-mêmes des hommes concrets. Les choses se manifestent alors ainsi :
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On peut imaginer sans peine, que pour les étrangers venus clandestinement en Europe, le départ de leur patrie est un arrachement, une amputation, une douleur. On quitte une terre, des paysages, des coutumes, sa famille, ses amis, un mode de vie, pour aller vers un avenir que l'on croit meilleur et l'on se retrouve dans un pays qui ne peut offrir ce que l'on cherche. On découvre que c'est un mirage, on a honte de son échec (surtout dans le cas d'un Africain qui, venu en Europe, passe pour le grand homme de la famille laquelle se repose alors entièrement sur lui pour sa vie matérielle) et l'on se saigne aux quatre veines pour ne pas perdre la face. On va de petits boulots en petits boulots, de petits larcins en petits larcins, on fraude dans le métro pour se déplacer, on essaye de tirer le maximum des prestations sociales ; à dire le vrai, on n'a guère d'autre choix.
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Comment se présente pour les Français, hommes concrets que nous sommes, cette situation ? Nos enfants, malgré de longues études, ne trouvent pas de travail. Les médias ne cessent de nous rabâcher que le pouvoir d'achat est en régression. Certaines bandes de jeunes font peur et sont dangereuses - on glisse là de la question des étrangers clandestins à celle des jeunes issus de l'immigration - les nuisances engendrées par les campements sauvages de clandestins deviennent insupportables aux riverains. La CGT met de l'huile sur le feu en organisant des grèves sur le tas dans les entreprises ou établissements qui emploient des étrangers sans titres de séjour, et réclame pour eux une régularisation, légitimable par certains côtés : ils font le travail que nous ne voulons plus faire. Ces dysfonctionnements sont sans doute peu nombreux par rapport à la masse des étrangers. Mais ce sont eux que les médias commentent. D'où le mécontentement d'une partie de l'opinion qui, se sentant abandonnée des autorités, durcit son discours et ses pratiques. Bref, on va peu à peu vers une situation qui a été prévue par HOBBES si je ne m'abuse : celle de "Tous contre tous". Les Français contre les étrangers, les pro-étrangers contre les anti-étrangers, les ruraux contre les citadins, les clandestins de langue arabe contre les clandestins d'Afrique noire, les blogueurs pour contre les blogueurs contre, etc.
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Si nous gardons raison, nous voyons bien (a) qu'il nous est impossible d'accueillir dignement ces milliers d'immigrants, alors que nous avons du mal à faire vivre nombre de nos compatriotes ; nous ne sommes pas prêts - me semble-t-il - à partager notre terre et nos richesses avec ces clandestins, au prix d'une diminution notable de nos revenus ; (b) nous ne voudrions pas nous arracher à notre patrie, quand bien même nous ne cessons de protester et d'en vouloir toujours plus ; la situation n'est donc pas si mauvaise que cela pour nous ; (c) ce que nous ne voulons pas pour nous, nous ne pouvons le vouloir pour ces miséreux ; une seule solution par conséquent : leur permettre de rester chez eux, d'y plonger très naturellement leurs racines, en favorisant le développement de leur pays par notre contribution technique, scientifique, médicale, financière, en respectant des échanges équitables, en étant très rigoureux sur les critères de régularisation des sans-papiers, et humains dans les mesures d'accueil transitoire que nous réservons aux étrangers ; (d) en étant absolument intransigeant, en cas de naturalisation, sur la bonne connaissance de la langue française, du fonctionnement politique de notre pays, de ses traditions, de ses lois essentielles.
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Tout cela est du bon sens. En agissant ainsi, nous savons que le Royaume n'est pas de ce monde et ne peut l'être. Et nous sommes prophètes. En évitant de faire peser sur les épaules de nos compatriotes qui vivent difficilement et quotidiennement un fardeau que nous ne portons pas nous-mêmes, nous quittons l'utopie. Et c'est bien l'homme concret et non un système d'idées que nous servons.

24 commentaires:

tippel a dit…

Il est sage pour aller loin de ménager la monture.Vous avez fait le bon choix. Avec mes sincéres amitiés.

Philippe POINDRON a dit…

Je crois beaucoup au dialogue, aux faits et au réel. Mais j'exige d'être respecté. J'ai toujours dit que le réel était ce qui nous résiste. Nous sommes en plein dedans. Si l'on me demande de respecter autrui, il me semble qu'en vertu du principe de réciprocité, je puis réclamer de lui qu'il me respecte. Vous voyez, je ne cherche nullement à ménager la chèvre et le chou ; il me semble avoir été clair là-dessus. J'essaye simplement de voir devant moi l'homme concret, ce que ne font ni les idéologues de gauche - qui ignorent les humbles des banlieues en butte à un trop grand nombre d'étrangers -, ni ceux de droite - qui ne veulent pas voir quels abîmes de souffrances se cachent derrière ces émigrations massives vers nos pays.
Nous ne pouvons pas accepter que se créent dans notre patrie des poches hétérogènes de populations étrangères irréductibles à nos modes de vie, de valeurs et de pensée, au nom du respect dû aux humbles. JAURES, le grand JAURES, disait que la Patrie est le seul bien qui reste aux pauvres. Il ne disait pas nation. Et je crois qu'une bonne politique est une politique d'assimilation et non pas d'intégration. Comme elle est difficile à conduire, elle ne peut s'appliquer à un grand nombre de personnes. Je reviendrai sur ce point en invoquant René GIRARD, Claude LEVY-STRAUSS et un philosophe politique peu connu mais remarquable, Henri HUDE, qui enseigne à Saint-Cyr.

tippel a dit…

Je vous demande de voir dans mon message aucune d'ironie.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Tippel, je n'y ai vu aucune ironie, je vous prie de me croire. Et j'ai bien compris que vous faisiez du "principe d'économie", un moteur de la sagesse. Me suis-je trompé ?

tippel a dit…

Vous avez parfaitement raison,et je suis très heureux de voir et comprendre votre sagesse.

meise a dit…

Comme toujours vous formulez, exprimez et argumentez si justement, comme j’aimerais savoir le faire. Entièrement d’accord avec votre billet, il reste toujours la même réflexion pour moi : les mots ne changent pas le sort de la France.

L'échange, le dialogue, la diffusion de la vérité, l'éducation des bloggers au respect par votre bon exemple.. bien sur que c'est nécessaire mais pas suffisant.

Je me demande si c’est vraiment le problème de l’identité nationale » qui est à l’origine du malaise actuel. Pour expliquer mon interrogation un peu de vécu personnel (pardon pour mon développent un peu long) :

Je suis immigrée, j’ai respecté les régles sans user de mon droit de grève mais les deux attitudes n’étaient pas toujours bien vues.

Du concret :
je ne cite volontairement que d’exemples banals)
• En roulant à la vitesse maximale autorisée dans ma ville ‘’accueil » je provoquais. Des coups de claxons étaient régulièrement la réponse.
• Lorsque j’attendais que le feu passe au vert avant de traverser la route alors qu’il n’y avait pas de voiture visible , je ne récoltais que des regards d’incompréhension.
• En faisant l’éducation de mes jeunes enfants : « attendre que le feux passe au vert avant de traverser »( un de mes enfants ( 6 ans à l’époque) me reproche : » maman , il faut toujours que tu te fasses remarquer… »

Je pense être parfaitement intégrée en France, j’aime vivre et travailler en France. Etre professeur en France est à mon avis un vrai privilège, mais le dire en salle des professeur n’engendre pas toujours du plaisir…

J’ai la nationalité française.

Mais suis-je française ? Non.
Ai-je beaucoup assimilé ? Non
Est-ce que j’aime la France ? Je ne peux pas répondre à cette question.
Et le passé de la France ? Mon rapport avec l’histoire de la France n’a nullement contribué à mon intégration.

Comme vous écrivez si bien, il faut être
« absolument intransigeant, en cas de naturalisation, sur la bonne connaissance de la langue française, du fonctionnement politique de notre pays, de ses traditions, de ses lois essentielles. »

Et je rajouterais : il faut vouloir travailler p o u r le pays d’accueil.

Peut-on ainsi simplifier que travail et partage sont nécessaires pour sortir de l’impasse ? Combien de temps faut-il pour rendre la vie vivable dans les pays d’origine des immigrants ? Et que faire en attendant chez nous?

Philippe POINDRON a dit…

Chère Meise,

Votre témoignage est de la plus grande importance. Je vous remercie de l'avoir donné avec tant de franchise. Il est terrible et accablant. Il signe un échec, celui de l'incapacité de "l'éducation nationale" à transmettre des valeurs fondatrices à nos compatriotes ; un français est un français. Son origine, sa religion, n'ont rien à faire dans le trfaigtelent positif ou négatif qu'on doit lui appliquer. Et je suis très triste de voir que vos efforts d'intégration n'aient pas été couronné du succès qui doit naturellement l'accompagner. Cependant, aimez la France, comme tout Français au coeur bien placé aime ceux qui l'ont choisie pour "mère" patrie. En tout cas, très chère Meise, je me sens plus proche de vous que de bien d'autres concitoyens qui aboient, manifestent, pétitionnent, mais ne lèvent pas le petit doigt pour accueillir vraiment ceux qui ont choisi LIBREMENT de faire leur vie ici.

Eugénie a dit…

merci mr poindron pour cet article vous avez parfaitement mis en lumière les deux qualités proprement humaines sollicités dans le problème de l'immigration: l'empathie(c'est à dire la capacité de se mettre à la place de l'autre ) et la raison(c'est à dire la capacité d'analyser froidement une situation)
quand à meise , son témoignange est révlateur et témoigne en effet d'une impuissance du système d'instruction français . Je crois d'ailleurs que la question de l'identité nationale ne saurait etre réduite à celle de l'immigration et que beaucoup de français se trouvent aussi dans la meme situation que meise, j'en ai des temoignages tout les jours de la part de mes camarades qui m'affirment eux meme ne pas se sentir français , et qui ne comprennent pas la necessité d'avoir une identité nationale.A ce sujet je crois qu'il faut lire et relire le livre de Simone Veil L'enracinement :"l'enracinement est peut etre le besoin le plus important et le plus meconnu de l'ame humaine" ignorer ce besoin , le declarer secondaire après le pouvoir d'achat ou le chomage, c'est amputer l'essence de l'homme et c'est pourquoi le débat sur l'identité nationale est essentiel, contrairement à ce que veulent nous faire croire certains hommes politiques.

olibrius a dit…

j'interviens tout petitement dans le dialogue pour dire à meise que je serais honoré de lui offrir un verre (même s'il s'agit d'une image, c'est sincère)
Pour la "bataille" blloggeste il y avait du grotesque.

meise a dit…

Chère Monsieur Poindron,

Merci pour votre aimable réponse. Mais j’ai l’impression d’avoir mal exprimé ma pensée.

Je voulais dire : aimer la France de même que aimer mon pays d’origine je ne sais pas faire. Aimer Dieu, aimer des personnes je sais faire mais aimer un pays je dois encore l’apprendre. Peut-être c’est « en cours d’apprentissage ». D’après mon expérience « se sentir français » ce n’était pas nécessaire pour réussir ma vie ici. Il n’est pas question d’échec.

Par contre donner le meilleur de soi-même là où l’on se trouve facilite toute intégration.

Si l’on parlait de reconnaissance envers un pays qui accueille, de service rendu pour avoir été soutenu, de ne pas uniquement prendre mais de donner aussi. Après la question de l’identité nationale peut être examinée.

Si je comprends bien résoudre le malaise actuel et maîtriser l’immigration massive est le but.

Comment faire ? Ici et maintenant ? C’est cela ma question.

Je reste convaincue que le partage et le travail sont les facteurs essentiels pour arriver à résoudre les problèmes économiques, lorsque les caisses sont vides.

En Allemagne on a bien imposer aux professeur 2 heures de cours supplémentaires par semaine sans modifier leur salaire pour absorber le coût de l’intégration de l’Ex-RDA. En France une telle initiative aurait probablement déclencher une révolution.

L’argent manque. Il faut que ceux qui arrivent et qui demandent de l’aide se mettent au travail avec nous au lieu de se contenter de prendre. C’est aussi une question de dignité. « Je ne veux pas l’aumône , mais je veux travailler pour le pays qui m’accueille.

Je poursuivrai plus tard

amicalement

Geneviève CRIDLIG a dit…

Toutes ces paroles échangées depuis deux jours sur ce sujet de l’identité nationale me semblent exprimer du fonds de l’expérience de chacun une part de sa vie :
en cela je trouve que c’est comme ça que nous pouvons arriver non à résoudre un problème gigantesque aux branches multiples qui nous échappent souvent mais à avancer vers une situation de paix.

Ainsi ce ne sera pas le système fermé des utopistes qui l’emportera mais celui des prophètes.
Ce mot peut paraître suranné, étrange, exagéré, déplacé, appartenir à un monde religieux avoisinant l’époque du déluge.
En réalité, c’est ce qu’on est quand on annonce, en mettant en cohérence sa parole et ses actes, un avenir qui ne se réalisera pas sous nos yeux mais vers lequel nous tendons. En l’occurrence un avenir de paix et de vie pour les personnes qui ne sont pas nées sur le sol français.

J’avoue que ce problème, je n’en suis pas l’objet, j’en découvre vraiment la profondeur en le regardant ou à l’extérieur dans ma contrée ou à la télé. Je ne me suis jamais posé cette question : je suis Française par toutes les fibres de ma personne. Il me semble que je ne pourrais jamais me présenter comme anglaise ou allemande ou russe ou chinoise – même pas suisse.

Cette projection, je me la fais pour la première fois de ma vie et je ne peux aller plus avant dans cette suggestion. Qui serais-je si cela m’arrivait ? Comment le vivrais-je ? Je n’arrive même pas à me le représenter comme j’y pense seulement en écrivant ces mots.

Que représenterait pour moi l’adhésion à une identité nationale sénégalaise au cas où ce pays serait pour moi une bouée de sauvetage ? Est-ce que je ne m’arrêterais pas la porte en tendant uniquement la main, sans doute en pratiquant diverses rapines parce que je n’aurais pas eu assez d’argent ‘ normalement’ et en repartant après dans ce qui ne sera jamais ma maison ?

Bon, penserez-vous, je ne fais pas partie de ce monde où tous les jeunes voyagent, habitent ici puis là etc. Est-ce que ce mouvement facilite pour autant une réelle intégration ? Oui, s’il y a un métier à la clef – et un choix.

Certes, je sais aussi que souvent c’est l’adversité qui crée des liens de grande solidarité. Mais on ne peut regretter qu’il n’y ait plus de guerres entre les peuples occidentaux qui permettraient que les gens soient plus soudés dans une nation commune mais grâce à un ennemi à abattre.

Il est évident qu’aujourd’hui les ressorts d’une cohésion sociale se fondant uniquement sur des valeurs commerciales ou ludiques n’entraînent pas une reconnaissance d’une identité nationale forte ou attirante.
La pauvreté est une servitude qui appelle la violence pour la résoudre. Les gens qui viennent sur notre sol atterrissent la plupart du temps à contrecoeur et souvent uniquement pour gagner de l’argent pour eux-mêmes et souvent pour leur famille restée « au pays ».

Et quand en plus l’idéal en face est subordonné à l’argent et au pouvoir, comment parvenir à parler d’autres valeurs de citoyenneté, de respect etc. etc. et à susciter une adhésion pour ce qui élève et l’individu et le pays ?
Je pense que tout est lié à la possibilité de tous d’avoir un travail qui permette simplement de vivre. Nous nous en éloignons.

Alors dans ce contexte, la question de l’identité nationale reste secondaire pour bon nombre y compris comme dit pour les Français de souche.
Et c’est aussi exact également que l’enracinement ne s’apprend pas beaucoup (= euphémisme) à l’Ecole en général – tous niveaux confondus.

Philippe POINDRON a dit…

Encore une fois, chère Fourmi, votre contribution est essentielle, apaisante et juste, car elle part de votre expérience personnelle. Vous exprimez avec sensibilité une réalité forte, celle de votre appartenance à la communauté française, pour des raisons "existentielles". Comment faire en sorte que cette expérience - je l'ai faite aussi et comme vous, mutatis mutandi - puisse être transmise, partagée et vécue par les jeunes générations, toute origine confondue ?
L'idéologie des Lumières, l'utopie sanglante de la Révolution ont fait leur oeuvre dans l'espace public (on le savait depuis longtemps) et privé (plus récemment et par le martèlement idéologique, médiatique et publicitaire). Nous pouvons réagir, limiter ces effets ravageurs par notre façon d'accorder nos pensées, notre parole et nos actes : cela s'appelle l'unification. Il suffit de quelques uns pour entraîner. Bien amicalement.

Philippe POINDRON a dit…

Réponse à MEISE. Effectivement, je me suis partiellement mépris sur la teneur de votre propos. Je pensais que cette difficulté à rentrer totalement dans le sentiment d'appartenance à une communauté de destin venait de l'environnement ; si je comprends bien, il vient partiellement de vous-même, qui n'avez pu encore, ou pas assez, vous approprier toute l'histoire à la fois lumineuse et enténébrée de votre nouvelle patrie. C'est tout à fait normal. Mais je sens chez vous un grand désir de rentrer plus avant dans cette expérience de communion de destin, de partage de valeurs, de sentiments, de points de vue particuliers que possède chaque peuple. Bref, votre désir est évident. Merci pour cette contribution tout à fait essentielle. Amicalement.

meise a dit…

Cher Olibrius, merci pour votre invitation. Et pourquoi ce « tout petitement » Vous savez bien qu’on ne changera rien au sort de la France en restant sur internet. Souvent je me dis, dommage que les bloggers ne peuvent pas se trouver autour d’une table et élaborer une stratégie d’action. Les avantages du blog sont incontestables :
• il y a une trace écrite de chaque propos
• chacun a un temps de parole voir des km d’écriture illimités
• personne n’est interrompu
Et nous avons un chef d’orchestre de très grande sagesse qui excèle dans la clarté de ses propos.
Personnellement je n’aime pas l’anonymat. Mais je l’ai accepté par assimilation.

meise a dit…

Réponse à PP
C’est exactement cela. Probablement je n’ai pas rencontré assez de français aimant vraiment leur patrie. Je suis heureuse maintenant de m’être lancée à écrire sur votre site. Vous êtes le chef d’orchestre qui donne le ton et le ton est bon.
J’ai bien relu votre réponse à Fourmi :
« Il suffit de quelques un pour entraîner » Si vous êtes l’entraineur j’ai bien envie de faire partie de l’équipe.
Je suis rêveuse mais peut-être naîtra de votre site un mouvement qui contribuera à un changement de direction dans l’avancement de la France. Ceci ne me semble pas utopiste. Vous pouvez compter sur ma motivation.

meise a dit…

Réponse à Fourmi
Merci pour votre aveu : « Qui serais-je si cela m’arrivait ? » En arrivant en France j’avais 26 ans et j’étais faite en tant que personne « dans toutes mes fibres » comme vous dites si bien. Mais vivre c’est évoluer, comptons là-dessus.
Par contre je ne suis pas d’accord de dire « La pauvreté est une servitude qui appelle la violence pour la résoudre » J’ai appris que cela passe par le travail et l’effort et d’organiser ma vie en fonction de mes moyens ( matériels et intellectuels) au lieu de mener une vie de désirs que les autres devraient accomplir pour moi par leur dons.

Geneviève CRIDLIG a dit…

Chère Meise,

- Permettez-moi de vous dire bien simplement que, si vous souhaitez vous présenter davantage, je crois que toutes les postures sont possibles sur un blog – sinon la liberté fondamentale en serait absente et je le quitterai sur le champ. De toute manière, faites comme vous le sentez.

- Ainsi j’ai communiqué plusieurs éléments de mon identité : il semble que nous soyons collègues mais je célèbre mon premier anniversaire de retraite après 38 ans de ‘bons et loyaux services’ rendus à l’intérieur de ce qui continue à être appelé « L ’Education nationale » ....

- Si vous voulez, ce serait profitable de lire ce blog depuis son début. Déjà une histoire. Il a déjà traversé pas mal de temps, du ciel bleu à l’obscurité sombre.

- Vous apprendrez aussi que l’un de ses participants, Norman, est parti il y a environ un mois marcher sur un chemin menant vers St Jacques de Compostelle. Plus de nouvelles évidemment : souhaitons qu’il ne soit pas tombé dans un ravin ou dans un torrent furieux, qu’il n’ait pas été pris dans un essaim de guêpes ou attaqué par d’affreux brigands et qu’il arrive (ou soit arrivé) sain et sauf - sans trop d’ampoules - au port choisi.

- Permettez-moi aussi de vous dire que, si vous êtes bien une mésange (en allemand) vous avez fait un choix comme on dit ‘porteur’ : le dictionnaire ( = un réflexe indécrottable) nous apprend que :

'C’est un petit oiseau de l’ordre des passereaux, actif, arboricole, insectivore et granivore. Le mâle et la femelle sont semblables ; les jeunes ressemblent aux adultes.
Elle niche dans des trous d'arbres, mais utilise souvent les nichoirs dans les jardins. Elle est très sociable et fréquente volontiers les mangeoires en hiver.
La mésange est remarquable par sa forme élégante et son plumage varié.
Son nom vient du francique *mesinga, (en latin médiéval misinga)→ voir Meise'

Bonne arrivée dans cette aventure!

meise a dit…

merci fourmi pour le mot d'accueil.

Lire tout le blog dès son début, je ne promets rien. J'ai une année sabbatique et donc le temps mais il m'est assez pénible de le passer sur l'écran.

Mois aussi j'étais parti sur le chemin St. Jacques, mais en vélo. J'aurais pu rencontrer Norman, on verra de son retour.

Je dois vous décevoir, 'Meise' a été choisi sans prétention, totalement au hasard. Trotzdem Danke für die Belehrung was die Meise betrifft.

Maintenant il va falloir consacrer du temps au billet de PP d'aujourd'hui.

Geneviève CRIDLIG a dit…

Quelle chance avez-vous de pouvoir vivre une année sabbatique ! C'est sûr qu'il convient d'en savourer tous les instants au mieux.
Note: j'ai été professeur de français -latin. Mais je comprends un peu l'allemand (< études + un usage ponctuel qui disparaît complètement)

* En ce jour du 11 novembre, - et je constate que c’est en sorte une date anniversaire pour feu mon père - je donne un ‘détail’ de vie :

Je garde précieusement mon certificat de nationalité que j’avais une fois du demander à un Tribunal d’Instance qui a certifié
qu’ « au vu du livret de famille de l’intéressée et de l’extrait du registre de la commune, je suis Française en vertu de l’article 17-1° du code de la nationalité française comme étant née d’un père français. En effet, M. ... son père né à ... en Moselle en 1911 dont le nom figure sous le N° x sur le registre des personnes réintégrées de plein droit dans la nationalité française par l’effet du Traité de Versailles ... a acquis la nationalité française le 11 novembre 1918, en vertu des dispositions du § 1 de l’annexe à la section V, Partie III dudit Traité.

Ensuite il y a eu la guerre de 40. Puis le retour... Et je fais donc partie des ‘fruits’ de la paix qu’on rassemble dans cette expression empruntée à la langue des (anciens) alliés :
les « baby-boomers ».

Philippe POINDRON a dit…

Chère Fourmi, il est tout à fait extraordinaire qu'il ait fallu toutes ces dispositions législatives, légales, réglementaires, pour vous "réintégrer" dans la nationalité française. On est moins scrupuleux aujourd'hui ; on la donne (ou presque) à qui la demande, sans lui demander la moindre preuve de son attachement à sa nouvelle patrie, ce qui n'était pas votre cas... Autre temps, autres moeurs.
Bien amicalement.

Geneviève CRIDLIG a dit…

En réponse à Philippe,

Il s'est produit une erreur de compréhension due à une présentation sans doute imprécise : j'avais demandé un "certificat de nationalité " c'est à dire , non ma réintégration mais un certificat justifiant que j'étais bien de nationalité française - ce que je suis depuis ma naissance - du fait que c'est mon père qui a été réintégré en 18 - comme beaucoup de Lorrains à cette époque.
Ce qu'il fallait prouver : s'il était resté allemand, sans doute aurait-il fallu effectuer une démarche après ma naissance pour que je devienne française. Je ne sais pas trop.

Geneviève CRIDLIG a dit…

En réponse à Philippe,

Il s'est produit une erreur de compréhension due à une présentation sans doute imprécise : j'avais demandé un "certificat de nationalité " c'est à dire , non ma réintégration mais un certificat justifiant que j'étais bien de nationalité française - ce que je suis depuis ma naissance - du fait que c'est mon père qui a été réintégré en 18 - comme beaucoup de Lorrains à cette époque.
Ce qu'il fallait prouver : s'il était resté allemand, sans doute aurait-il fallu effectuer une démarche après ma naissance pour que je devienne française. Je ne sais pas trop.

meise a dit…

Chère Fourmi,
Ce que vous appelez une chance est tout simplement l'avantage qui s'offre à tout fonctionnaire. Travaillant dans une entreprise du privé ce luxe de l'administration n'est pas facilement réalisable.

PP a raison, "autre temps, autres mœurs".
Je rajoute: il y a trente ans, lorsque j'ai demandé la nationalité française, j'étais obligée de renoncer à ma nationalité d'origine par un acte devant un tribunal (ce qui ne m'a pas paru anormal).
On ne comprend pas d'ailleurs que les bonnes âmes d'aujourd'hui ne font que répéter qu'il y a de "moins en moins de libertés". Je trouve au contraire qu'il y a de moins en moins de contraintes. On peut se doter de deux nationalités et utiliser tantôt l’une tantôt l’autre à sa bonne convenance.

Votre appel à la lutte pour la liberté des immigrés, dont je fais partie, ne me paraît pas justifié. Par contre leur méconnaissance de la langue française est un vrai handicap. Le savoir est un pouvoir et pour acquérir un savoir vous êtes bien placée pour savoir par quel moyen on y accède le mieux : par le travail, et non pas par des « moyens supplémentaires » comme j’ai entendu dans la salle des professeurs pendant 30 ans.
Bien amicalement

Philippe POINDRON a dit…

Désolé pour cette méprise, chère Fourmi. Il n'empêche qu'il vous a fallu avoir un certificat de nationalité...