mardi 5 janvier 2010

Maison, pont, fontaine...

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Dans la 9e élégie des Elégies à Duino, Rainer Maria RILKE dit : "Peut-être sommes-nous ici pour dire : maison, pont, fontaine, porte, cruche, arbre fruitier, fenêtre ; ou encore colonne, tour... Oui pour dire tout ce que les choses elles-mêmes jamais ne pensèrent être dans leur intimité."
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Je trouve que ces paroles sont fulgurantes. Elles me semblent indiquer que la tâche de l'homme est de toucher le réel, de réveiller le sens et la vérité profondes des êtres et des choses (les grecs appelait la vérité alethaia, "action de réveiller"), et elles indiquent que rien n'est plus réel dans les productions intellectuelles de l'homme que la poésie.
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Ceci vous explique pourquoi, depuis bientôt trois ans, je ne cesse d'insister sur le réel, de me défier des idéologies, et d'exalter la poésie. Vous allez m'objecter que je ne cesse de faire référence à Jésus, et par conséquent à une doctrine figée, gravée dans le marbre et qui n'a aucune des caractéristiques de ce que je prétends mettre en valeur. C'est une erreur. Et c'est justement le point de partage entre la parole vivante que sont la Bible et surtout les Évangiles qui ne cessent de prendre des sens nouveaux, de jeter des lumières nouvelles sur "l'ici et maintenant", et le Coran qui ne prête à aucune interprétation. Et ces lumières nouvelles ne sont jamais contradiction avec les lumières anciennes : elles en sont développements, déploiement et chatoiement. Et il en sera ainsi jusqu'à la fin des temps. Il revient à tous les hommes de bonne volonté de "réveiller" la vérité intimement cachée dans les êtres et les choses. Il me semble que l'avenir du monde et de l'humanité dépendra de la vigueur avec laquelle nous serons des éveilleurs de vérité.
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C'est tout pour ce matin.

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