J'ai très longuement réfléchi après le commentaire que cette amie avec qui j'avais déjeuné la semaine dernière a fait sur le billet qui concernait nos échanges sur la "droite" et la "gauche". Elle y disait que quelle que soit l'opinion que j'émets, je finis toujours par conclure "à droite", c'est-à-dire dans le sens de la conservation.
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Ainsi que mes lecteurs le savent, je suis biologiste. Pendant toute ma carrière professionnelle je me suis intéressé aux phénomènes extraordinaires qui caractérisent la vie et la rendent si merveilleuse. Ce qui caractérise un être vivant, c'est la croissance, c'est à dire cette capacité à augmenter par sa propre activité sa masse de matière dite vivante, d'une part, et à se multiplier, de l'autre. Pour que cette croissance puisse se développer harmonieusement, il faut que les phénomènes qui la déterminent et qui sont nombreux, soient d'une part intégrés les uns aux autres, et d'autre part qu'ils soient prédictibles et reproductibles. En d'autres termes, d'un être vivant à un autre être vivant de la même espèce, les processus biochimiques essentiels sont les mêmes. Et ils sont les mêmes dans leurs descendances respectives. Le propre de la vie est donc la reproduction conforme. Il est un deuxième aspect qui souligne l'élan extraordinaire avec lequel cette vie tend à se perpétuer identique à elle-même au sein d'une espèce donnée, c'est celui de l'hybridation. Des espèces différentes, mais voisines, peuvent à la rigueur hybrider (ainsi un cheval et un âne peuvent-ils engendrer un mulet, un tigre et un lion, un tigron). Mais les hybrides sont TOUJOURS stériles, comme si la vie s'interdisait des fantaisies qui feraient dévier de leur route les espèces multiples qui se sont développées depuis l'origine du monde.
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Tenons donc pour acquis que la vie est essentiellement stable. Mais, car il y a un mais, il peut apparaître au cours de la reproduction des mutations. (a) dans la nature, ces mutations sont toujours aléatoires ; (b) elles sont de trois types. Premièrement, il y a des mutations avantageuses qui apportent un avantage sélectif au mutant (il croît plus rapidement, ou bien est plus résistant à l'environnement, par exemple). Deuxièmement, il y a des mutations neutres. Elles n'apportent rien de bien particulier, et elles sont conservées parce qu'elles ne perturbent pas la survie de l'espèce (on peut penser que de nombreux caractères portés par des gènes existants sous diverses formes dites alléliques résultent de ce type de mutation ; la couleur des yeux est sous la dépendance d'un gène de ce type). Enfin, et nous le savons hélas trop bien, il y a des mutations délétères qui déterminent des maladies, des malformations, voire la mort (la mutation est alors dite létale (on ne doit pas dire léthale ; c'est une faute d'orthographe et un non sens étymologique).
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Est-il possible d'assimiler la société à un organisme vivant ? C'est la thèse que soutenaient des chercheurs comme Pierre TEILHARD de CHARDIN. Sans aller jusqu'à l'identification totale, on peut penser que l'analogie entre un organisme vivant et la société humaine est fondée en raison. Et de fait, on observe, au moins dans les sociétés primitives ou moins "développées" (c'est ce que disent les soi-disants "savants", les "observateurs" et les journalistes), que les formes d'organisation sociales tendent à la conservation de la société et au maintien en son sein d'un ordre qui en assure la paix et un certain confort. Ces sociétés évoluent lentement, mais elles évoluent. Car il y a des mutations essentiellement techniques qui leur font faire des sauts extraordinaires : la découverte de la poterie, au néolithique, du bronze deux millénaires avant J.-C., du papier, en Chine 5 ou 6 siècles après J.-C. sont de ces mutations, parfaitement dues au hasard, et conservées grâce au sens de l'observation de nos lointains ancêtres.
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Et puis il y a les mutations imposées ou quasi imposées Certaines gardent un caractère aléatoire. D'autres non. Les mutations de la Révolution, les mutations de la Révolution Culturelle en Chine, et de toute autre sorte de Révolution, sont des mutations imposées, non aléatoires, dépendantes d'une idéologie et d'un système. Les mutations imposées, aléatoires, sont souvent dépendantes de sauts technologiques, dont la propagation par les médias, la publicité, et les grandes firmes internationales, pour des raisons économiques dans ce cas, provoquent des changements sociaux considérables : ainsi de la pilule contraceptive, ou d'internet, ou du téléphone mobile, plus anciennement de l'électricité ou de l'automobile.
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Je suis donc classable à droite, parce que je pense que le premier devoir d'un homme politique est d'assurer la conservation de la société dont il a la charge, fut-elle partielle. Bien entendu, cela ne veut pas dire qu'il faut rester immobile, mais simplement qu'il faut discerner les possibles effets des mutations sociales : toutes celles qui dépendent d'une idéologie, hélas, ont des effets imprévisibles sur le moyen terme, et encore plus sur le long terme. Celles qui dépendent d'un saut technologique ont sans doute des effets plus faciles à imaginer, encore que nous ne savons absolument pas ce que l'usage intensif, réitéré, de la pilule contraceptive, aura comme effet sur la fertilité humaine et sur la démographie. L'exemple de la Chine et des avortements destinés à prévenir la naissance d'une petite fille l'indique à l'envi, quoique cet exemple ne tienne pas à l'usage de la pilule contraceptive, mais au développement de l'échographie prénatale : il y a dans la province du SHANDONG 130 naissances de garçons pour 100 naissances de filles (le ratio naturel est de 104-105 garçons pour 100 filles). Que deviendrons ces garçons à l'âge nubile ? Iront-ils se battre pour trouver une femme ? Curieux pour un pays qui il y a 1000 ans pratiquait très largement la polygamie...
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Je conclus donc à l'intention de ma très chère amie : si être à droite consiste à se soucier de l'avenir de l'espèce humaine, je suis à droite. Mais j'aurais avec elle un plus long échange par courriel.
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2 commentaires:
Philippe Poindron, taxé d’idée droitière fixe ??? Esprit conservateur ? Et bientôt ‘l’injure’ Sera t’il demain un populiste ? Nous connaissons tous des ‘conservateurs’, souvent sans le savoir, les Socialistes. Les pays, administrés par eux seul. Ils se revendiquent de Gauche, la R.D.A, l’U.R.S.S, la CHINE, CUBA, la COREE DU NORD, et toutes les démocraties dites ‘populaires‘ inféodées depuis 1945 à l’union soviétique elles ont appliqué les programmes de gauche de nombreuses années. Lorsque certaines d’entre elles ont cessé d’exister nous avons vu que ces pays étaient resté figés dans de très nombreux domaines, voir avaient régressé, sans oublier les famines cachées responsables de centaines de millions de morts. Par contre ils ne furent pas en retard dans la fabrication d’armes, et d’engins de guerre, de l’espionnage des technologies de l’autre monde non socialiste. J’ai visité certains de ces pays en 1964 et 1974, et plus amplement après la chute du mur de Berlin. Cuba est- il un pays progressiste et moderne? Les touristes qui en reviennent n’ont pas ce sentiment. Les gens de gauche sont persuadés de détenir la vérité et sont incapables d'écouter et de respecter un avis politique contraire au leur ! En France ils n’ont pas d’arguments. Ah si! Les y a ka, facho, populiste, raciste, riches qui doivent payer, bouclier fiscal, retraite, 35 h
« Voici le résumé que fait un critique littéraire d’un livre, « Etre de droite : un tabou français » d’Eric Brunet Journaliste à France 3, il a voulu briser l'omerta et décrypter les codes, les hypocrisies et les mythes d'un tabou très français. Il a poussé la porte des 'lieux interdits à la droite'. Il a rencontré des 'clandestins idéologiques' qui ont été mis à l'écart pour leurs opinions politiques, jusqu'à voir leur vie sociale et parfois privée brisée parce qu'ils n'étaient pas de gauche. Un voyage paradoxal et stupéfiant dans une France bloquée et sectaire. Qui, en France, ose dire aujourd'hui : 'Je suis de droite' ? Quel artiste ? Quel journaliste ? Quel enseignant ? Quel fonctionnaire ? S'affirmer de droite dans un pays, pourtant majoritairement... de droite, s’expose au risque d'être taxé de 'réac', voire de 'facho' Dans le monde de la culture, dans les salles de rédaction, à l'Education nationale, dans la fonction publique et la plupart des entreprises où il est de bon ton et plus payant de revendiquer son appartenance à la gauche. 'Etre de droite' demeure dans de nombreux cas une maladie honteuse. Question a Eric Brunet : Trouvez-vous que les médias dits "de droite", tels que Le Figaro, soient meilleurs que les médias dits "de gauche"? »
« En tous cas, ils sont plus "pluriels". Je m'explique : au Figaro, les trois quarts de la rédaction sont de gauche. Patrick Besson, une de leurs signatures célèbres, émarge même au Parti communiste. Pourquoi pas ? En revanche, si vous trouvez un seul journaliste de droite à Libé, ou au Monde, appelez-moi. Si vous trouvez un seul sarkozien aux Inrockuptibles, dans la rédaction de Télérama ou du Monde diplomatique, appelez-moi aussi. » Heureusement il reste aux gens de droite encore l’isoloir pour les élections, cette petite seconde de liberté, comme le dit Eric Brunet.
Cher lecteur,
J'ai déjà eu l'occasion de dire que je ne reconnaissais aucune pertinence aux notions de droite et de gauche. J'en reconnais, en revanche, aux idéologies qui se réclament de ces fumeux concepts. Et je suis bien d'accord avec vous : pour être dans le vent, faire carrière, se faire une notoriété, il est impossible de se dire "de droite". Peu me chaut, en vérité, si l'on me taxe de réac ou de contre-révolutionnaire. Je suis pour la transmission des valeurs qui ont fait notre pays, et contre les mutations imposées par les fachos de gauche ou les multinationales qui elles sont les adoratrices de l'argent et que je mets dans le même sac. Je réclame la liberté de penser en argumentant mes pensées.
Les socialistes sont en effet les pires conservateurs (ceux des avantages acquis) que notre pays aient jamais connus. Hélas, je crains fort qu'ils ne reviennent pour achever de tuer la France.
En tout cas merci pour votre lecture assidue.
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