mardi 12 avril 2011

Sur les intellectuels contemporains

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A plusieurs reprises, je vous ai parlé de Jürgen HABERMAS. C'est un philosophe et penseur allemand d'abords parfois difficiles, mais sa pensée me paraît profonde. Je m'efforce de relire ses Écrits politiques. Voilà ce que j'ai trouvé et que je désire examiner d'un oeil critique :


"En s'engageant au moyen d'arguments rhétoriquement bien formulés, en faveur des droits lésés et des vérités réprimées, en faveur des innovations qui s'imposent et des progrès qui ont été retardés, les intellectuels s'adressent à un espace public capable de réagir, vigilant et bien informé. Ils comptent sur le respect des valeurs universelles, font confiance à un État de droit qui fonctionne plus ou moins bien et à une démocratie qui ne vit que de l'engagement des citoyens à la fois méfiants et combatifs."


HABERMAS, quelques paragraphes plus loin, cite un extrait de Dietz BERING qui s'est attaché à faire le portrait-robot de l'intellectuel vu par les adversaires de l'Universalisme et de l'Individualisme des Lumières. Bien entendu, c'est l'antithèse de la description qu'HABERMAS en fait. Pour BERING, les adversaires de l'intellectuel le désignent comme un être dépourvu d'instinct, déraciné. Il est caractérisé par "l'universalité abstraite de sa pensée, [...] une absence de patriotisme et de loyalisme, une décadence irrémédiable et un manque de caractère, la manie de la critique négative. [...]"


Et puis il y a mon cher BERNANOS, mon cher et inépuisable Georges, qui dit ceci, toujours dans cet ouvrage qui est devenu comme mon oreiller, mon coussin, mon doudou : La France contre les robots. Je radote car j'ai déjà cité ces propos dans un ancien billet. Mais il est bon de proclamer sans arrêt quelques idées aussi férocement roboratives :


"L'expérience m'a depuis longtemps démontré que l'imbécile n'est jamais simple, et très rarement ignorant. L'intellectuel devrait donc nous être, par définition, suspect ? Certainement. Je dis l'intellectuel, l'homme qui se donne à lui-même ce titre, en raison de ses connaissances et des diplômes qu'il possède. Je ne parle évidemment pas du savant, de l'artiste ou de l'écrivain dont la vocation est de créer - pour lesquels l'intelligence n'est pas une profession, mais une vocation. Oui, dussé-je, une fois de plus, perdre en un instant tout le bénéfice de mon habituelle modération," [!, le ! est de votre serviteur] "j'irai jusqu'au bout de ma pensée. L'intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions toujours le tenir pour tel, jusqu'à ce qu'il ait prouvé le contraire."


Il dit aussi : "J'affirme une fois de plus que l'avilissement de l'homme se marque à ce signe que les idées ne sont plus pour lui que des formules abstraites et conventionnelles, une espèce d'algèbre, comme si le Verbe ne se faisait plus chair, comme si l'humanité reprenait en sens inverse, le chemin de l'incarnation."


J'ose dire ici que les Lumières avec leur "universalisme et leur individualisme" sont responsables de la prolifération offensante des imbéciles, et que le portrait-robot des intellectuels vus par les adversaires des "Eclairés" et des "Hommes de Progrès" que fait BERING est tout à fait celui des imbéciles de BERNANOS. C'est une conséquence inévitable de la primauté des idées sur la pensée, des systèmes sur l'examen des faits, de l'idéalisme ravageur sur le réalisme.


Lisez, je vous en prie, les critiques et analyses amphigouriques, obscures, absconses que les intellectuels médiatiques contemporains font de tout et de rien, le sommet du ridicule dans le domaine étant atteint par les disciples de LACAN dont j'affirme que pas un sur dix ne comprend le centième de ce que leur Maître a voulu dire, si tant est qu'il ait voulu dire quelque chose.


Revenons à nos premières amours : clarté de la pensée, amour de la vie et du beau, respect des particularités légitimes, gaieté, élégance, courtoisie, belle langue. Tout le reste est de la littérature.

1 commentaire:

tippel a dit…

Je pense qui si Georges Bernanos était de ce monde, il serait trés proche du Front National,pour ne pas dire plus. Enfin c'est mon avis.