lundi 2 mai 2011

Petits compléments

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Ma grand-mère - dont j'évoquais hier le souvenir - était veuve de guerre. Elle avait épousé en seconde noce un médecin antillais dont la peau était aussi foncée que la sienne était claire, en vraie fille des Flandres qu'elle était. Il fallait avoir du courage pour contracter une telle union dans les années 1930. Son second mari avait servi comme chirurgien dans les armées pendant la guerre de 14, puis de nouveau pendant la deuxième guerre mondiale, et une fois démobilisé, il avait soigné gracieusement des dizaines de personnes dans cette sous-préfecture de la Vienne où les chemins de l'exode l'avait conduit.



Sa conversation était extraordinaire. Il s'exprimait avec élégance, dans une langue choisie, mais sans affectation ni pédanterie. Il avait su dompter le caractère un peu vif de ma grand-mère et il court dans notre famille des histoires savoureuses sur cet art très particulier qu'il avait d'apaiser les plus vives impatiences de son épouse. Je le considérais comme mon grand-père. Je l'aimais. Point. J'avais si peu conscience de la situation qu'il me souvient lui avoir fait lire une dissertation de français. C'était un texte de MONTESQUIEU qui parlait du scandale de la traite des noirs. Il n'avait pas bronché, mais comment pourrais-je imaginer aujourd'hui qu'il n'avait point pensé à ses lointains ancêtres, exilés de leur terre natale par des armateurs cupides et sans scrupules, probablement nantais ou bordelais.



Voilà pourquoi je ne saurais admettre le moindre soupçon de racisme à mon égard. J'ai vécu comme enfant et comme adolescent une situation très particulière que peu de mes contemporains (je parle des hommes de ma génération) ont vécu.



Mon grand-père d'adoption était chevalier de la légion d'honneur. Il évoquait avec horreur ces moments où les Etats-Unis auraient bien voulu racheter sa chère MARTINIQUE à la mère patrie, et il disait : "La France ne se sépare pas de ses plus beaux bijoux". Il était Français jusqu'au plus profond de son être, et je lui dois l'amour que je porte à ma patrie. Je ne puis lui rendre aujourd'hui de plus bel hommage



Revenons par conséquent à la question des footballeurs binationaux. En premier lieu, des informations complémentaires suggèrent que si certains des jeunes formés sur le territoire métropolitain ont dû jouer dans l'équipe nationale de leur deuxième patrie, c'est parfois en raison d'un règlement complexe qui régit l'affectation des joueurs binationaux à telle ou telle équipe. Ce n'est donc pas toujours par préférence personnelle. Je dois le dire par probité intellectuelle.



En deuxième lieu, je me bornerai a remarquer que le talentueux KAREMBEU, champion du monde, jouant dans l'équipe de France sélectionnée par Aimé JACQUET, n'a jamais voulu chanter la Marseillaise lors de l'ouverture des matchs. Il est d'origine néo-calédonienne, et non seulement je comprends qu'il se sente plus volontiers néo-calédonien que français, mais je l'approuve. Il m'aurait paru plus juste qu'il refuse de faire partie de l'équipe nationale d'un pays auquel il ne se sent pas appartenir.



Lilian THURAM, non moins talentueux footballeur (drôle et sympathique au demeurant) dénonce le "scandale des quotas". Il est le vivant contre-exemple de ce qu'il dénonce. Et ce qu'il dénonce, il le fait en raison d'une conception raciste de l'humanité : le fait d'être africain ou maghrébin ne donne aucun droit, aucune prérogative sportive particulière ; ce qui la confère c'est la qualité de Français.



Tant que l'on aura pas compris ces vérités élémentaires et de bon sens, on entretiendra une schizophrénie mortelle dans notre pays. Il ne va pas bien, par certains côtés, et ce sont nos médias, nos hommes politiques et une partie de nos élites qui contribuent à nous précipiter dans une impasse dont nous aurons du mal à sortir, pour ne pas parler d'Edwy PLESNEL qui se soucie de la paix civile comme d'une guigne. Il croit être un prophète. Il n'est qu'un homme en quête de notoriété à tout prix. Faut-il qu'il ait peu d'estime pour lui-même !

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