Je ne l'ai pas trouvé dans une officine lefébristes, ni dans une librairie pieuse et bigote, mais dans une très célèbre et érudite maison de la rue Bonaparte, siège d'un éditeur établi là depuis longtemps. Vous aurez reconnu, j'en suis sûr, la librairie PICARD, dont les manuels d'archéologie, pour ne citer qu'eux, sont irremplaçables. Couverture noire, sévère, et titre en rouge et blanc : La dictature du relativisme que l'on doit au Pr Roberto de MATTEI, m'a immédiatement intéressé. Et je me suis procuré, pour 14 euros, cet essai que je qualifierai de remarquable.
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On y retrouve des vérités simples qui habitent confusément notre esprit, par exemple que la famille est antérieure à toute forme de société politique. De MATTEI indique (page 27) que "La négation de la famille traditionnelle est inscrite dans le plan de toutes les utopies révolutionnaires, parce qu'elle propage une conception organique et harmonieuse de la société et des relations humaines qui lui sont contraires. De fait, le milieu familial reflète l'unité, la diversité, la hiérarchie de l'univers et la stabilité des principes moraux qui doivent régir la société".
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Déjà dans son introduction, de MATTEI avait planté le décor : "Le grand débat de notre temps, j'en suis convaincu, n'est pas de nature politique ou économique, mais culturelle, morale et, en dernière analyse, religieuse. Il a pour objet le conflit entre deux visions du monde : celle qui croit à l'existence de principes et de valeurs immuables, inscrits par Dieu dans la nature de l'homme, et celle qui estime que rien n'existe de stable et de permanent, mais que tout est relatif aux temps, aux lieux et aux circonstances." Mes plus anciens lecteurs savent qu'à travers mes billets, c'est exactement le point de vue que je m'efforce de défendre, avec un bonheur relatif, j'en conviens, et sans l'armature philosophique suffisante pour démonter les sophismes dont nous abreuvent les mauvais bergers. Figurez-vous que dans la Préface de cet ouvrage, due à Guillaume de THIEULLOY, on apprend que peu avant son élection, et pendant sa campagne, Jacques CHIRAC avait solennellement déclaré : "Non à une loi morale qui primerait la loi civile". Ceci revient à dire que la loi a tous les droits et livre le citoyen à "l'arbitraire le plus funeste". Je maintiens donc que si le citoyen doit obéissance à la Loi, tant qu'elle ne viole pas la loi naturelle, il a le devoir de résister à tout ce qui offense cette dernière.
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C'est un très vieux débat. Les imbéciles qui pullulent dans les couloirs des assemblées nationale, régionales, départementales, consulaires, syndicales, universitaires, etc. devraient méditer ce que disait le grand CICERON (non, pas l'espion, l'autre, l'écrivain latin) dans son traité intitulé De Republica (intéressant que ce titre, non ?) : "Il n'y aura point une autre loi à Rome, une autre à Athènes, une autre maintenant, une autre après, mais une même loi, éternelle et immuable régira tous les peuples, dans tous les temps ; et celui qui a porté, manifesté, promulgué cette loi, Dieu, sera le seul maître commun et le souverain monarque de tous ; quiconque refusera de lui obéir se fuira lui-même, et, renonçant à sa nature humaine, par cela même il subira de très grandes peines, quand même il échapperait à ce qu'on appelle ici-bas des supplices."
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Tout est dit, et par un homme politique qui ne connaissait pas Jésus, ni les droits de l'homme ; il ne connaissait de l'homme que sa nature humaine.