vendredi 29 juillet 2011

Décryptage

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L'écoute attentive des informations révèle les intentions, les principes, les non-dits des locuteurs, tout à fait insoupçonnés de l'oreille distraite. Ce matin, j'écoutais les nouvelles diffusées par RTL. Trois d'entre elles m'ont paru vraiment dignes d'une analyse critique.
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La première a trait à l'utilisation d'huile de friture usagée comme carburant. Il existe une société établie en France-Comté (pour autant qu'il m'en souvienne) qui collecte ces huiles auprès des restaurants, les traite et les revend pour qu'elles soient mélangées à l'essence. Une tonne d'huile fournit environ une tonne de carburant. Deux petits commentaires m'ont fait sursauter. (a) La loi fixe la proportion d'huile que l'on peut mélanger à l'essence à 7 % ; (b) on pourrait ajouter jusqu'à 30 % d'huile à l'essence sans dommages pour les performances des véhicules  ou pour les moteurs. Et je me pose des questions : pourquoi faut-il que ce soit la loi qui détermine cette proportion ? Pourquoi 7 % alors que 30 % seraient utilisables (sans doute à moindre coût pour l'usager) ? La fiscalité a-t-elle quelque chose à voir avec cette restriction ? Les pétroliers peut-être ? Combien de tonnes d'huile pourrait-on collecter en France ? A quel prix ? Combien d'employés travaillent dans l'usine de traitement des huiles alimentaires usagées ? Y aurait-il des emplois à la clé ? Cette collecte a-t-elle une utilité écologique ?
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Deuxième information. Le Bureau Enquête Accident s'apprête à rendre son troisième rapport d'étape sur l'accident de l'Airbus Rio-Paris d'Air France. Le Président de l'Association des victimes est interviewé. Il manifeste sa déception après la publication du deuxième rapport et dit ne rien attendre du troisième. Qui dit déception dit attente en effet. Qui attente dit désir. Quel est donc le désir du Président ? Il se dit choqué de la mise en cause des pilotes de l'appareil. Il pense donc qu'il y a une autre cause. Il ne dit pas laquelle. Nous ne savons pas s'il est spécialiste de l'aéronautique, ou s'il a une quelconque compétence pour l'interprétation des données des enregistreurs (les fameuses "boîtes noires"). Nous pouvons supposer qu'il n'a pas confiance dans les enquêteurs, et qu'il leur fait le procès de dissimuler des éléments qui pourraient nuire, mais à qui ? A Air France ? A Airbus ? Certes, il est parfaitement légitime que les parents des victimes cherchent à connaître la vérité sur ce drame. Mais s'il y a des préjugés, ou des procès d'intention, d'où qu'ils viennent, je doute fort qu'ils la connaissent jamais. Voilà où en est aujourd'hui dans notre milieu de vie la perception et la réalité de la communication : méfiance, mise en cause de la bonne foi des interlocuteurs. Je vous fais remarquer que je mets pas en cause leur sincérité. Je pose des questions. A entendre tout ça, je me dis : On est loin des principes d'HABERMAS et d'une communication éthique.
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Troisième information. Nicolas HULOT, candidat malheureux aux élections primaires des écologistes, a accordé un entretien à un journal breton dont j'ai oublié le nom. Il y exprime son amertume après sa défaite, son désir d'écrire un livre sur ces quatre mois de vie politique, une vie qui a tourné court, et il met en cause Eva JOLY qui (si j'ai bien compris) n'a eu aucun mot pour le défendre quand il a été hué et qu'il aurait reçu des épluchures de pommes de terre à la figure lors d'une réunion conjointe. Nicolas HULOT devrait chercher si cette coutume n'est pas d'origine norvégienne, comme l'omelette du même nom qui mélange le chaud et le froid. Nicolas HULOT est sincère, sympathique, médiatique et très bon communicateur. Mais il a un grand défaut : il n'est pas cynique. En politique, ça ne pardonne pas.
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