mercredi 19 octobre 2011

Courage, cher Philippe Isnard, vous n'êtes pas seul !

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J'ai promis de commenter l'interview de Philippe ISNARD par Enquêtes et Débats. Je le ferai en tant que biologiste, enseignant, chrétien et citoyen.
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Réaction du biologiste. J'ai eu l'honneur d'enseigner la Virologie à l'université  Louis Pasteur, devenue Université de Strasbourg. C'était et c'est encore l'une des plus fameuses universités scientifiques françaises, riche de deux Prix Nobel (Jean-Marie LEHN, Chimie ; Jules HOFFMANN, Médecine). J'ai eu le bonheur de discuter voire de collaborer avec des grands noms de la science qui exerçaient dans cette Université : Pierre CHAMBON (Biologie moléculaire), Henri DURANTON (Physiologie végétale), Jean-Pierre EBEL (Biochimie et biologie moléculaire), Léon HIRTH (Virologie végétale), Pierre KARLI (Neurophysiologie), Paul MANDEL (Neurochimie), Jean-Claude STOCLET (Pharmacologie moléculaire), Michel TARDY (Psychopédagogie), Camille WERMUTH (Pharmacochimie). La liste n'est pas exhaustive. Quand j'ai été nommé professeur, René THOM (Mathématiques), Abraham MOLES (Psychologie sociale), et d'autres très grands noms (BENOIT, DAUNE, MINCK par exemple) ainsi que les collègues que je viens de nommer, développaient dans cette université un enseignement et des recherches de premier plan. Certains d'entre eux nous ont quittés ; d'autres continuent de travailler, de penser, et de produire. J'ai admiré leur sagesse, leur probité intellectuelle, leur esprit critique ; j'ai beaucoup appris à leur contact, je leur suis redevable infiniment de ce que j'ai pu faire.

On m'accordera que j'ai sur bien des contempteurs de Philippe ISNARD un certain avantage, celui de connaître de très près la biologie. Je vais plus loin. Il y a 30 ans, le laboratoire dont j'avais la responsabilité mettait au point des systèmes de coculture de fragments de moelle d'embryon de rat et de fibres musculaires humaines obtenues par fusion de ce que l'on appelle des cellules satellites musculaires. Nous obtenions ainsi une innervation des cellules musculaires et pouvions observer leurs contractions rythmiques, pendant des mois, moyennant le renouvellement régulier du milieu de culture. Bien évidemment, l'idée nous est venue de voir ce que donnerait l'usage de moelle d'embryon humain. Contact fut pris avec le service d'un très grand hôpital universitaire parisien où l'on avait mis au point une technique d'avortement respectant l'intégrité de l'embryon. Une fois prélevé, celui-ci était placé dans un liquide conservateur, puis envoyé par avion à notre laboratoire. J'avais demandé et obtenu l'accord du Comité National Consultatif d'Ethique pour pratiquer ces recherches. C'était avant que je rencontre Jésus. Je n'avais pas pris conscience que les tissus embryonnaires nous arrivaient vivants (sinon l'innervation eût été impossible) et que nous étions responsables de la mort d'un être humain en puissance. Qui n'a jamais vu un embryon de 12 semaines ne peut pas comprendre ce que signifie un avortement. Les chercheurs et moi-même étions pétrifiés devant ce petit être voué à la mort. Je mis fin très rapidement à ces expériences que je regrette amèrement. Puisse le Dieu de miséricorde ne pas m'en tenir rigueur au jour du jugement.
Comprendrez-vous, messieurs les promoteurs de mort que je parle d'expérience, d'une expérience que vous n'avez pas ? Que vous êtes tout entiers pris dans votre système : ils, elles ont le droit de faire l'amour quand ils, elles le veulent. Peu importe les conséquences, pourvu qu'il y ait jouissance et plaisir immédiats. Les IVG ne sont pas faites pour les chiens, non ? Bien entendu, je n'ignore pas que nombre de chercheurs et de médecins ne voient aucun obstacle moral à ces pratiques. Eux, ils savent. "Parce que vous dites que vous êtes sans péché, votre péché demeure" a dit Jésus. Qu'ajouter d'autre ?
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Réaction de l'enseignant. Un véritable enseignement développe l'esprit critique. Un fait, qu'il soit de science dure ou de science molle, ne prend son véritable sens et son poids que quand il est passé à l'aune de la critique (cf. mon billet sur l'esprit critique). Une interprétation honnête exige qu'on présente les arguments qui militent en sa faveur, et ceux qui vont à son encontre. Il me paraît donc honnête de présenter aux jeunes gens et jeunes filles, dont l'environnement hédoniste n'encourage pas la continence, sans parler de chasteté, les conséquences d'une grossesse indésirée, et les effets psychiques désastreux d'un avortement. J'ai vu, de mes yeux vus, à la télévision, une séquence où l'on nous montrait des adolescents en train d'enfiler un préservatif sur un phallus en plastique... (cf. mon récent billet consacré à une citation de Léon BLOY). Voilà qui en dit long sur la neutralité de l'enseignement.
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Réaction du chrétien. Il me paraît passablement contradictoire de militer à la fois  contre la peine de mort (à juste titre) et pour l'avortement. Je sais que l'avortement tue un être humain. Ce savoir n'est pas le fruit de l'idéologie, mais de l'expérience personnelle. Oh ! Je connais l'argumentation : un embryon n'est pas un être humain, son cerveau n'est pas développé, etc. Il ne devient homme qu'à la naissance. Cela revient à dire que des victimes d'accident de la route, ou d'une maladie neurodégénérative centrale, n'ayant plus de cerveau intact, ne sont plus des êtres humains, sans parler de ceux d'entre eux qui présentent des troubles psychiques graves (schizophrénie, autisme, etc.) et qu'il serait légitime de les tuer. HITLER n'a pas hésité à supprimer les malades mentaux. Je m'en tiens à la loi naturelle, et au Décalogue : "Tu ne tueras pas". Voilà mon rocher, ma forteresse et mon salut. Cela était, est et restera juste et vrai jusqu'à la fin des temps. Tant pis pour les sociétés de pensée fondamentalement anti-chrétiennes, et donc anti-humaines, qui sont à l'origine de ces ténébreuses innovations sociétales !
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Réaction du citoyen. Là, je m'adresse à monsieur CHATEL. Est-il donc disciplinairement et pénalement répréhensible de présenter tous les aspects d'une question à des jeunes qui s'interrogent ? Pourquoi les représentants du planning familial ont-ils la liberté de venir parler de la pilule, du préservatif, de l'avortement dans les classes de seconde, première, terminale, sans qu'un autre aspect de la sexualité leur soit présentée ? Monsieur CHATEL, et d'autres ministres de l'"Education Nationale" (!!!) avant lui ont adopté les mêmes attitudes, les mêmes comportements, la même complaisance : surtout ne pas contrarier les ténors de la pensée unique, du politiquement correct. Voilà qui n'aide pas à former des consciences éclairées. Mais le but de l'enseignement, en France, n'est-il pas de formater les esprits et des les rendre compliants à ceux qui détiennent le pouvoir (politique, médiatique et financier) ? TAINE (j'ai fait un billet là-dessus) l'avait déjà dit !
J'ajoute encore un point. Les populations immigrées aiment les enfants et elles en font. Il n'est pas rare de voir des familles d'origine africaine compter six, sept, voire plus de dix enfants. A ce train-là, il apparaîtra chez nous à moyen terme, avortement aidant, un  déséquilibre démographique en faveur de ces populations, et nous n'aurons plus que nos yeux pour pleurer nos libertés, nos traditions, nos valeurs, notre mode de vie perdus. Après tout, il paraît que les populations européennes sont d'origine africaine et que leur souche s'est installée sur notre continent il y a 70.000 ans (cf. l'émission excellente d'Arte, hier soir ; encore que l'idéologie sous-jacente à l'intervention de certains chercheurs laissaient à penser qu'il était "mal" de s'opposer au flux migratoir en provenance d'Afrique). Les nouveaux venus avaient, paraît-il, la peau noire, et c'est, toujours paraît-il et sans aucun fait scientifique à l'appui autre que l'application de l'évolutionisme darwinien, le climat et la préférence sexuelle qui a fait apparaître des hommes à la peau blanche.
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Je termine. Il est toujours très dangereux de décontextualiser des initiatives sociétales, politiques, éthiques. Un homme qui pense, pense d'abord aux conséquences de ses choix, et non à sa gloire personnelle, à son rayonnement politique ou social. Voilà la vraie liberté (cf. mon billet relatif à la vision qu'a Simone WEIL, la  philosophe, pas l'autre Simone, de la liberté).
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Tenez bon Philippe ! Et si vous me lisez, commentez et intervenez !
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4 commentaires:

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur :

à tout ce que vous avez dit, je n'aurais qu'á rajouter les séquelles psychologiques pour la plupart des femmes qui ont pratiqué un avortement - autre sujet tabou pour les médias bien-pensants, si humanistes et compatissants.

Amicalement,

E. D.

elisseievna a dit…

"l'idée nous est venue de voir ce que donnerait l'usage de moelle d'embryon humain. Contact fut pris avec le service d'un très grand hôpital universitaire parisien où l'on avait mis au point une technique d'avortement respectant l'intégrité de l'embryon. Une fois prélevé, celui-ci était placé dans un liquide conservateur, puis envoyé par avion à notre laboratoire. J'avais demandé et obtenu l'accord du Comité National Consultatif d'Ethique pour pratiquer ces recherches. C'était avant que je rencontre Jésus. Je n'avais pas pris conscience que les tissus embryonnaires nous arrivaient vivants (sinon l'innervation eût été impossible) et que nous étions responsables de la mort d'un être humain en puissance. Qui n'a jamais vu un embryon de 12 semaines ne peut pas comprendre ce que signifie un avortement. Les chercheurs et moi-même étions pétrifiés devant ce petit être voué à la mort. "

elisseievna a dit…

Bonjour, pourriez vous expliquer la derniere phrase en particulier ? "l'idée nous est venue de voir ce que donnerait l'usage de moelle d'embryon humain. Contact fut pris avec le service d'un très grand hôpital universitaire parisien où l'on avait mis au point une technique d'avortement respectant l'intégrité de l'embryon. Une fois prélevé, celui-ci était placé dans un liquide conservateur, puis envoyé par avion à notre laboratoire. J'avais demandé et obtenu l'accord du Comité National Consultatif d'Ethique pour pratiquer ces recherches. C'était avant que je rencontre Jésus. Je n'avais pas pris conscience que les tissus embryonnaires nous arrivaient vivants (sinon l'innervation eût été impossible) et que nous étions responsables de la mort d'un être humain en puissance. Qui n'a jamais vu un embryon de 12 semaines ne peut pas comprendre ce que signifie un avortement. Les chercheurs et moi-même étions pétrifiés devant ce petit être voué à la mort. "

Philippe POINDRON a dit…

Chère (madame) Elissievna, je vais vous répondre en détail par un billet. Votre nom me laisse penser que vous habitez la très chère et sainte Russie, l'autre poumon de l'Europe. Soyez la bienvenue.
Amicalement.

Philippe