mercredi 5 octobre 2011

Les camisards et les chouans, ou la mémoire courte

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Le Président de la République vient de faire un voyage dans les Cévennes. A cette occasion, il a visité le Musée du désert, près d'ANDUZE, et il y a prononcé un vibrant discours dans lequel il célèbre la révolte des Camisards comme l'acte de naissance de la France moderne. Hymne à la tolérance, résistance à l'oppression, etc. Chanson bien connue et très politiquement correcte, si on se place sur le seul terrain de la politique. Hommage et repentance nécessaires si l'on se place sur celui de la vérité historique. Le Président de la République a donc eu raison de déplorer la guerre des Camisards.
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J'ai cependant sur ce point trois choses à dire et peut-être même quatre. (a) La guerre des camisards a été déclenchée par l'assassinat de l'abbé du CHAYLA, curé de PONT-DE-MONTVERT, (le 24 juillet 1702) et par celui de nombre de ses compagnons. Les assaillants étaient emmenés par un certain Abraham MAZEL qui sans doute devait ignorer un point très important de la vie de sa victime. Ambassadeur de France au SIAM, l'abbé du CHAYLA y avait été martyrisé par les bouddhistes. Laissé pour mort, il a pu rentrer en France et il a été nommé archiprêtre des Cévennes, non loin d'une région dont sa très noble famille était originaire (elle était du GEVAUDAN) ; l'abbé du CHAYLA a commis des exactions indignes non seulement d'un ecclésiastique mais tout simplement d'un être humain, contre des huguenots qu'il avait fait emprisonner ; c'est du reste pour les libérer qu'Abraham MAZEL attaqua le presbytère de PONT-DE-MONVERT ; (b) les dragonnades du Maréchal de VILLARS, qui ont suivi cet assassinat et en sont la conséquence, sont parfaitement inacceptables au regard de nos valeurs contemporaines de respect des croyances et de tolérance ; c'est une très grande tache, parmi d'autres, sur le règne de LOUIS XIV ; contrairement à ce qui est dit ici et là, le Maréchal de VILLARS chercha l'apaisement avec les Huguenots ; (c) il est exact qu'il faille voir dans cette révolte les origines de la France actuelle : deux célèbres protestants cévenols, André JEANBON SAINT-ANDRE, et Jean-Paul RABAUD SAINT-ETIENNE ont été des acteurs très importants de la Révolution Française. (Ils se souvenaient de l'offense faite à leur foi par LOUIS XIV.) Le premier, pasteur à CASTRES puis à MONTAUBAN, a fini par être élu député ; il a peu-à-peu abandonné ses amis girondins, a voté la mort de LOUIS XVI sans sursis ni circonstances atténuantes, a entièrement approuvé les atrocités des armées révolutionnaires en Vendée et en a même rajouté, est rentré au Comité de Salut Public. On l'y charge de la marine On célèbre son courage - il était devenu comme une sorte d'amiral, après quelques études en la matière - il a participé à la bataille d'OUESSSANT (à bord du vaisseau La Montagne de l'amiral VILLARET de JOYEUSE), contre les Anglais, les 28-29 mai et 1er juin 1794. Célébrée par les deux pays comme une victoire (la France avait réussi à faire rentrer à bon port ses quelques 117 bateaux chargés de grains en provenance des États-Unis ; l'Angleterre avait capturé 7 vaisseaux de guerre français), cette bataille signe en réalité la mort de la marine française, une des plus belles du monde sous LOUIS XVI. Un Anglais dira même que ce que l'Angleterre n'avait pu faire en 20 ans contre cette marine, la Révolution l'avait fait en 2 ans). Jean-Paul RABAUD SAINT-ÉTIENNE lui aussi cévenol, n'eut point la chance de son coreligionnaire. C'est qu'il était fidèle en amitié, lui, et non point sectaire. Il se prononça pour le bannissement de Louis XVI et ne vota pas sa mort. Déclaré traître à la patrie pour avoir soutenu les députés girondins, il fut guillotiné à Paris, le 5 décembre 1793, apparemment sans que JEANBON s'intéresse à son sort. Pendant ce temps, on massacrait en Vendée.
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Pendant ce temps, en effet, en raison des atrocités commises par les armées de la République, près de 15 % de la population disparaissait entre 1792 et 1802 dans l'ensemble des communes soulevées : le Maine-et-Loire a perdu 44 107 habitants (20,11 % !), la Vendée, 30 711 (10,64 %), la Loire-Inférieure, 26 897 (12,91 %), les Deux-Sèvres, 15 542 (17,71 %) (cf R. SEYCHER). On ne m'en voudra pas si j'affirme qu'en dépit de leurs horreurs, les opérations menées contre les camisards n'ont jamais eu l'ampleur de celles qu'ont conduites les colonnes infernales du général THUREAU. Oh ! bien sûr, comparaison n'est pas raison, et les horreurs des uns n'excusent pas les horreurs des autres... Mais il est quand même bon de se rafraîchir la mémoire.
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Un tel passé  n'a pas empêché feu le Président MITTERRAND de faire défiler en grande pompe des figurants déguisés en sans-culotte sur les Champs-Elysées pour célébrer le bicentenaire de la Révolution. Arrêtez-moi si je me trompe ! L'ouîtes-vous se rendre en Vendée, en Maine-et-Loire ou ailleurs pour rendre justice à ce pays martyrisé ? Nenni. On n'en finirait pas de raconter les horreurs dont se sont rendus coupables ces armées : les quelques 115 enfants du LUC-SUR-BOULOGNE (le plus jeune avait 15 jours) massacrés (on tua plus de 500 personnes en ce village en une seule journée ; j'ai fait un billet ; le consulter), le sinistre AMEY qui se vante de cuire le pain de la République en jetant vivants femmes et enfants dans des fours à pain chauffés à blanc (j'ai fait un billet ; le consulter), les centaines de  jeunes filles et les fillettes violées avant d'être percées à coups de baïonnette tout comme les nouveau-nés sur le sein de leur mère. Les villages incendiés, les récoltes brûlées. C'est ça la France ? C'est ça que MITTERRAND a fait célébrer ?
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Je vous laisse conclure vous-même. Notre République est assise sur le mensonge ; mais elle ne peut s'asseoir sur des baïonnettes. Sans doute est-il trop tôt pour prendre le recul qui nous permettrait d'avoir un jugement sain et objectif sur la Révolution (ma grand-mère est née un siècle seulement après les massacres de septembre ; elle me parlait de son trisaïeul né sous LOUIS XVI ! Et je possède le gilet brodé de cet ancêtre). On peut en avoir sur la guerre des Camisards, d'autant plus facilement qu'on en impute la responsabilité à un régime honni, celui de la monarchie. C'est plus facile que de se condamner soi-même, non ?
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1 commentaire:

tippel a dit…

Trés bon billet bourré de vérité.