lundi 1 avril 2013

Misère de la vie sociale contemporaine

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Dans son livre essentiel intitulé Réflexion sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale (Collection Folio/série Essai, N°316, Gallimard, Paris, 2004, date du dépôt légal de cette édition), Simone WEIL dit ceci, qui me paraît éclairer singulièrement la situation dans laquelle nous sommes plongés, et qui a nom misère de la vie sociale. A la page 124 de l'édition précitée, on peut lire ceci :
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"Jamais l'individu n'a été livré aussi complètement livré à une collectivité aveugle, et jamais les hommes n'ont été plus incapables, non seulement de soumettre leur action à leurs pensées, mais même de penser. Les termes d'oppresseurs et d'opprimés, la notion de classe, tout cela est bien près de perdre toute signification, tant sont évidentes l'impuissance et l'angoisse de tous les hommes devant la machine sociale, devenue une machine à briser les coeurs, à écraser les esprits, une machine à fabriquer de l'inconscience, de la sottise, de la corruption, de la veulerie et surtout du vertige. Nous vivons dans un monde où rien n'est à la mesure de l'homme ; il y a une disproportion monstrueuse entre le corps de l'homme, l'esprit de l'homme et les choses qui constituent actuellement les éléments de la vie humaine ; tout est déséquilibre. Il n'existe pas de catégorie, de groupe ou de classe d'homme qui échappe tout-à-fait à ce déséquilibre dévorant, à l'exception peut-être de quelques ilôts de vie primitive ; et les jeunes qui y ont grandi, qui y grandissent, reflètent plus que les autres à l'intérieur d'eux-même le chaos qui les entoure."
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Les décisions que prend l'actuel Gouvernement me semblent bien aller dans le sens de ce texte prophétique, écrit en 1934 ! Ouverture de salle de shoot à l'étude, remboursement de l'IVG à 100 % pour les adolescentes de moins de 18 ans, remboursement à 100 % de la pilule contraceptive pour ces mêmes jeunes filles, recherche (prétendument encadrée !) sur l'embryon, mariage homosexuel, mais féminisation (dont il n'est pas responsable du reste) des titres (avec ces ridicules "Professeure", "Docteure", etc. qui offensent le génie de notre langue). Plus de repères, plus de barrière au bord de ce gouffre rempli de vide, oui, de vide de sens et d'espérance que nous construisent ces apprentis sorciers. Soyons justes, ils ne font que donner leur plein développement à des tendances lourdes nées depuis quelques décennies, et dont feu le Président MITTERRAND à été l'initiateur déclaré. C'est en les faisant sienne, en effet, qu'il a pu prendre le pouvoir.
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Il me semble, en particulier, que la dénonciation par Simone WEIL de la disproportion entre le corps et l'esprit de l'homme (que j'avais brièvement évoquée  dans un récent billet) est en train de trouver son achèvement dans la négation de l'altérité des sexes, dans l'affirmation démiurgique d'une totale souveraineté de l'homme sur lui-même, dans l'exaltation de sa toute puissance. Tout cela reste idéologique, théorique, flou, mais règne sans partage dans les esprits, dans les médias et trouve ses relais dans l'éducation dite "nationale". Et puis il y a la réalité. En voulez-vous un exemple ?
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En effet, allant hier chercher quelques gâteaux merveilleux (dans tous les sens du terme puisqu'ils portent aussi ce nom) rue de l'Annonciation, des gâteaux d'ailleurs moins chers que ceux que l'on trouve dans les pâtisseries classiques (qui offrent aux chalands des préparations tout-à-fait sympathiques, je n'en disconviens pas !), j'ai croisé un homme entre deux âges assis par terre. Il avait été expulsé, lui et son fils de 11 ans, de son logement, en vérité un taudis, mais qui l'abritait de la pluie, du froid et du vent. J'ai fait ce que mon coeur me dictait ; mais il était serré mon coeur, devant tant de détresse et d'injustice. Ceux qui nous gouvernent et qui remboursent les plaisirs et les drames des ados irresponsables, veulent marier les homosexuels, et rêvent d'un homme nouveau, seraient bien inspirés de s'occuper des hommes réels, ceux qui n'ont d'autres solutions pour survivre que de s'humilier en faisant la manche dans les rues des beaux quartiers.

6 commentaires:

Laurence a dit…

Merveilleux, Incroyable, Impensable... Vous avez là une belle adresse de petites spécialités du Nord délicieuses... Et c'est vrai, à des prix raisonnables. Petites étapes où l'on remet toujours le régime au lendemain !!
Tristes ces rencontres que l'on fait ces jours ci avec la fin de la trêve hivernale mais comme vous le dites la priorité n'est pas là. On tape sur les catholiques lorsqu'ils osent descendre dans la rue mais on parle moins de leur action auprès des pauvres. Nos gouvernants ne feront jamais rien pour sauver un enfant de la misère, sauf si cela lui rapporte quelques lauriers. Rembourser un avortement qui coûte environ 300 euros à 200 000 femmes par an qui ne sont pas toutes, loin de là, dans la misère, ça c'était une priorité !

Laurence a dit…

Merveilleux, Incroyable, Impensable... Vous avez là une belle adresse de petites spécialités du Nord délicieuses... Et c'est vrai, à des prix raisonnables. Petites étapes où l'on remet toujours le régime au lendemain !!
Tristes ces rencontres que l'on fait ces jours ci avec la fin de la trêve hivernale mais comme vous le dites la priorité n'est pas là. On tape sur les catholiques lorsqu'ils osent descendre dans la rue mais on parle moins de leur action auprès des pauvres. Nos gouvernants ne feront jamais rien pour sauver un enfant de la misère, sauf si cela lui rapporte quelques lauriers. Rembourser un avortement qui coûte environ 300 euros à 200 000 femmes par an qui ne sont pas toutes, loin de là, dans la misère, ça c'était une priorité !

Aerelon a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Aerelon a dit…

Bonjour Philippe,

J'avoue être partagé concernant la recherche sur l'embryon.

1. Ce qui est « utilisé » comme « matériel génétique », c’est le sang contenu dans le cordon ombilical, donc, des cellules qui, de toutes façons, auraient été détruites dans une naissance « normale ».
2. Il ne s’agit pas vraiment d’embryon (qui sont très peu nombreux).

Ce qui me gène davantage c'est que de nombreux embryons sont stockés quelque part et c’est leur existence qui pose le plus grave problème d’éthique depuis une trentaine d’années (que fait-on de ces embryons ? les détruire ? les stocker ? les utiliser à des fins de recherche ? ou à des fins thérapeutiques ?).

Pour l’instant, la loi demande d’en produire le plus petit nombre possible. Mais aucune réponse quand ils existent et ne « servent » pas. De nombreux embryons sont conservés alors que leurs parents biologiques ont déjà disparu.

Concernant les personnes qui protestent (notamment Christine Boutin et Mgr André Vingt-Trois), alors que la France a adopté l’une des législations les plus protectrices des avancées médicales, confondent à mon sens le risque, réel, d’eugénisme qui verrait la systématisation d’une sélection d’embryons selon des critères purement normatifs (ou esthétiques), ce qui est technologiquement possible, avec quelques cas bien spécifiques où la famille, à la naissance de leur enfant, reçoit cette double grâce, celle d’avoir un nouvel enfant et celle de permettre la guérison d’un aîné.

KAHN conclut très sagement : « Un enfant ne peut pas naître avec un autre objectif qu’un enfant qu’on aimera, mais par ailleurs, s’il peut aider sa grande sœur, il ne faut pas, peut-être au cas par cas, se l’interdire. ».

De plus, je trouve qu'il y a ardente nécessité d’utiliser tous les moyens actuels pour soigner, tous moyens qui ne lèsent aucun autre être humain biologiquement « viable »

Bien à vous Philippe

tippel a dit…

Parent 1 et parent 2 déjà à l'université de Paris 2

Il suffit de dérouler ce formulaire d'inscription pour s'en rendre compte... qui s'offusque?

Laurence a dit…

Je viens de compléter des dossiers d'entrée en classe préparatoire et j'ai dû remplir la case "professions : parent n° 1 - parent n° 2
Bien sûr je m'en suis offusquée et n'ai pas hésité en tant qu'épouse à prendre le statut de n° 1
J'ai failli ajouter parent n° 3 n°4 n°5 n° 6 pour les grands-parents mais j'ai eu peur qu'ils refusent le dossier... C'est odieux.