vendredi 27 février 2009

Les vraies questions

Monsieur PEROL a été choisi à l'unanimité par les Conseils d'administration de la Caisse d'Epargne et de la Banque Populaire pour diriger la Banque issue de leur fusion. J'ai dit hier que je reviendrai sur cette nomination qui serait le fait du Prince. On oublie que des personnalités de gauche comme messieurs BIANCO ou CHARASSE, ou encore messieurs ROCARD ou DELORS non seulement n'ont rien trouvé à redire à cette promotion, mais encore juge que monsieur PEROL est l'homme de la situation.
Que monsieur PEROL soit un proche du Président de la République est un fait avéré. S'ensuit-il pour autant qu'il en est la marionnette ? Faut-il lui faire le procès de la malhonnêteté ? Faut-il, selon le bon principe français, s'en méfier au prétexte qu'il a été secrétaire général adjoint de l'Elysée ? Qui ne voit que ces questions sont simplement l'écume des questions. Toujours la surface, les apparences, jamais la réalité, voilà la bonne méthode de l'opposition.
Les vraies, me semble-t-il, devraient porter sur les compétences banquières de monsieur PEROL, sur la manière dont il envisage le métier des banques, sur la façon dont il entend faire de la putative deuxième banque française un instrument au service de l'économie. De tout cela rien. Il est l'ami du Président, il est donc suspect. Faut-il que nous soyons aveugles ou bêtes pour nous laisser piéger par cette approche, destinée uniquement à nuire à l'ennemi et non à résoudre nos difficultés.
Et pourtant. N'est-ce pas monsieur SARKOZY qui a subordonné l'aide de l'Etat aux banques, à l'abandon des bonus indécents par leurs responsables ? Ce n'est certes pas le minuscule Benoît HAMON qui s'agite dans les couloirs des rédactions en criant à la stratégie d'influence du Président de la République (feu monsieur MITTERRAND était autrement expert en cette matière), ni l'inconséquent et très décevant monsieur BAYROU qui réagit en fonction de ses seuls intérêts électoraux futurs. Nous sommes dans une situation économique très grave ; tout devrait être fait pour unir les français dans un effort commun qui impliquerait d'abord et bien entendu les plus fortunés. Non ! Il s'agit de diviser, de dresser les "classes sociales" comme ils disent, comme si le désir de tous les citoyens n'était pas justement de s'élever dans l'échelle sociale. On a vraiment l'impression d'un décalage incroyable entre les idées fumeuses de ces gens et la réalité psychosociale. MARX n'est pas mort, ni HEGEL.
Encore un petit effort, et nous pourrons devenir aussi égalitaires que CUBA. En voilà un progrès qu'il est beau aurait dit le regretté COLUCHE.

jeudi 26 février 2009

La paille et la poutre

On se croirait dans une volière. De toutes parts surgissent des cris d'orfraie, des piaillements, des chuintements et autres bruits d'oiseaux. Le motif de ce tintamarre ? Monsieur SARKOZY a osé proposer un de ses amis, monsieur PEROL, comme PDG de la nouvelle banque issue de la fusion de la Caisse d'Epargne et de la Banque Populaire. Il y a là de la part de l'opposition et des "journalistes", qui se croient investis d'une mission prophétique au nom d'une prétendue objectivité, il y a là, disais-je, une rare hypocrisie.
Reprenons l'Histoire et voyons comment les mêmes "journalistes" réagirent du temps de monsieur MITTERRAND. Monsieur Roland DUMAS au Conseil Constitutionnel, monsieur CHANDERNAGOR à la Cours des Comptes, monsieur de NICOLAI au Conseil d'Etat, monsieur COLET (je ne suis plus sûr du nom exact) à la Française des Jeux, monsieur HABERER au Crédit Lyonnais (avec le succès que l'on sait), et tous les dirigeants des Grandes Entreprises Nationalisées, n'étaient pas que je sache, des ennemis du Président d'alors. L'hypocrisie consiste à dire que ce n'est pas la même chose. Pensez-donc, il s'agit de nommer en toute "indépendance" des hauts responsables à la tête de structure d'Etat, comme si la nature étatique de la structure était une garantie absolue d'indépendance de sentiments et de jugements. Il y a tout de même une différence. Monsieur HABERER a pu, en cinq ans, transformer une banque privée prospère en un établissement public au bord de la faillite, sans aucune sanction. Pour prix de son incompétence, quelques jours après son départ du Crédit Lyonnais, monsieur HABERER était nommé Président du Crédit National.
Devant ces nominations - dont le Président MITTERRAND disait (je l'ai entendu de mes propres oreilles) qu'elles étaient tout à fait compréhensibles et justifiables - avez-vous entendu les responsables socialistes protester, monsieur BAYROU "vocitupérer" (joli mot composite et inventé), l'Opinion Publique manipulée par les bas bleus de l'information s'émouvoir ? Que non point. Ces nominations étaient bonnes. Elles venaient de Dieu. Et Dieu ne peut se tromper quand il récompense ses amis. Qu'un Président de droite en fasse autant, et le voilà voué à la géhenne, à l'enfer, aux gémonies.
On reproche à monsieur SARKOZY ses amitiés avec des hommes fort riches. Mais a-t-on reproché à monsieur MITTERAND de compter monsieur Pierre BERGE parmi les siens ? (La récente vente de la collection de messieurs BERGE et SAINT-LAURENT montre le niveau de la fortune de ces amateurs d'objets d'art.) Lui a-t-on reproché son amitié pour monsieur PELAT qui n'était pas précisément dans le dénuement ? Ou pour messieurs André BETTENCOURT ou Guillain de BENOUVILLE (qui étaient des hommes "de droite" pourtant), toutes personnalités respectables mais très fortunées. Quand on n'a aucune idée, aucune proposition, aucune probité intellectuelle, quand on est obsédé par la prise du pouvoir, tous les moyens sont bons, y compris les plus méprisables, qui consistent à démolir, à l'arme blanche, le messager faute de parvenir à le faire de son message. Je comprends que l'on puisse argumenter, expliquer les raisons idéologiques ou logiques de ses critiques. Je comprends moins bien cette attitude insupportable de démolition systématique. Je reviendrai demain sur le choix parfaitement justifié de monsieur PEROL par les Conseils d'administration des deux banques, à l'Unanimité.
L'opposition finira peut-être par obtenir au moyen de la manipulation, de la calomnie, de la déformation des faits, de l'interprétation malveillante des initiatives, toutes les initiatives, du Gouvernement, ce fameux pouvoir dont elle rêve, qui hante ses nuits et ses jours. Mais Napoléon - de sinistre mémoire - disait "On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus". Qu'ils y prennent garde. En promettant la Lune, ils risqueraient bien de nous faire habiter la demeure de Pluton.

mardi 24 février 2009

Le petit garçon et la poupée

Cette histoire vraie m'a été envoyée par un lecteur ami. Je n'ajouterai rien à ce récit poignant.
Dans un magasin je me suis retrouvée dans l'allée des jouets. Du coin de l'oeil, j'ai remarqué un petit garçon d'environ 5 ans, qui tenait une jolie poupée contre lui. Il n'arrêtait pas de lui caresser les cheveux et de la serrer doucement contre lui. Je me demandais à qui était destinée la poupée Puis, le petit garçon se retourna vers la dame près de lui : - ' Ma tante, es-tu certaine que je n'ai pas assez de sous ? ' La dame lui répondit avec un peu d'impatience : ' Tu sais que tu n'as pas assez de sous pour l'acheter '. Puis sa tante lui demanda de rester là et de l'attendre quelques minutes ; elle partit rapidement. Le petit garçon tenait toujours la poupée dans ses mains. Finalement, je me suis dirigée vers lui et lui ai demandé à qui il voulait donner la poupée. - ' C'est la poupée que ma petite soeur désirait plus que tout pour Noël, elle était sûre que le Père Noël la lui apporterait '. Je lui dis alors qu'il allait peut-être lui apporter, il me répondit tristement: - ' Non, le Père Noël ne peut pas aller là où ma petite soeur se trouve maintenant... Il faut que je donne la poupée à ma maman pour qu'elle la lui apporte '. Il avait les yeux tellement tristes en disant cela. - ' Elle est partie rejoindre Jésus. Papa dit que maman va aller retrouver Jésus bientôt elle aussi, alors j'ai pensé qu'elle pourrait prendre la poupée avec elle et la donner à ma petite soeur'. Mon coeur s'est presque arrêté de battre. Le petit garçon a levé les yeux vers moi et m'a dit: - ' J'ai dit à papa de dire à maman de ne pas partir tout de suite. Je lui ai demandé d'attendre que je revienne du magasin '. Puis il m'a montré une photo de lui, prise dans le magasin, sur laquelle il tenait la poupée en me disant: - 'Je veux que maman apporte aussi cette photo avec elle, comme ça, elle ne m'oubliera pas . J'aime ma maman et j'aimerais qu'elle ne me quitte pas, mais papa dit qu'il faut qu'elle aille avec ma petite soeur'. Puis il baissa la tête et resta silencieux. Je fouillais dans mon sac à mains, en sortis une liasse de billets et je demandais au petit garçon : - ' Et si on recomptait tes sous une dernière fois pour être sûrs ? - ' OK ' , dit-il, ' Il faut que j'en ai assez '. Je glissais mon argent avec le sien et nous avons commencé à compter. Il y en avait amplement pour la poupée et même plus. Doucement, le petit garçon murmura : - ' Merci Jésus pour m'avoir donné assez de sous '. Puis il me regarda et dit: - 'J'avais demandé à Jésus de s'arranger pour que j'ai assez de sous pour acheter cette poupée afin que ma maman puisse l'apporter à ma petite soeur. Il a entendu ma prière. Je voulais aussi avoir assez de sous pour acheter une rose blanche à ma maman, mais je n'osais pas lui demander. Mais il m'a donné assez de sous pour acheter la poupée et la rose blanche. Vous savez, ma maman aime tellement les roses blanches...' Quelques minutes plus tard, sa tante revint, et je m'éloignais en poussant mon panier. Je terminais mon magasinage dans un état d'esprit complètement différent de celui dans lequel je l'avais commencé. Je n'arrivais pas à oublier le petit garçon. Puis, je me suis rappelée un article paru dans le journal quelques jours auparavant qui parlait d'un conducteur en état d' ivresse qui avait frappé une voiture dans laquelle se trouvait une jeune femme et sa fille. La petite fille était morte sur le coup et la mère gravement blessée. La famille devait décider s'ils allaient la faire débrancher du respirateur. Est-ce que c'était la famille de ce petit garçon ? Deux jours plus tard, je lus dans le journal que la jeune femme était morte. Je ne pus m'empêcher d'aller acheter un bouquet de roses blanches et de me rendre au salon mortuaire où était exposée la jeune femme. Elle était là, tenant une jolie rose blanche dans sa main, avec la poupée et la photo du petit garçon dans le magasin. J'ai quitté le salon en pleurant sentant que ma vie changerait pour toujours. L'amour que ce petit garçon éprouvait pour sa maman et sa soeur était tellement grand, tellement incroyable et en une fraction de seconde, un conducteur ivre lui a tout enlevé...

vendredi 20 février 2009

Les sept péchés capitaux des banquiers

Le magazine L'express n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il décrit avec moults détails les sept péchés capitaux des banquiers : Arrogance, Avidité, Court-termisme, Dissimulation, Dogmatisme, Incompétence, Irresponsabilité. Et de commenter ces péchés avec des faits, connus de tous, et qui ne semblent pas émouvoir ces grands patrons. Il convient de les nommer, pas forcément pour les stigmatiser aux yeux du public, mais simplement pour qu'il soit possible aux simples citoyens que nous sommes de leur demander des comptes Frédéric OUDEA (Société Générale ; 4,9 milliards d'euros de pertes - irresponsabilité), Beaudouin PROT (BNP Paribas ; 350 millions d'euros de pertes liées à l'affaire MADOFF - avidité), Philippe DUPONT (Banque Populaire ; 2,5 milliards de pertes attendues en 2008 - incompétence), Bernard COMOLET (Caisses d' Épargne ; 750 millions d'euros de perte - incompétence par défaillance des contrôles), Georges PAUGET (Crédit Agricole ; 2 milliards d'euros de dépréciation des actifs au 30 septembre 2008 - incompétence, court-termisme). La photo de famille de ces messieurs que publie L'express est édifiante. Aucun d'eux n'a la mine contrite. Ils sont plutôt souriants. Je conviens qu'il est impossible de déduire d'une photo l'état psychique réel des photographiés. Mais il n'y a aucune gravité sur le visage de ces hauts responsables.
Il me semble que lorsque l'on exerce des responsabilités de cette ampleur, on se doit, encore plus que le citoyen de base, d'être le plus transparent, le plus vigilant, le plus droit possible. Ces dysfonctionnements bancaires qu'il est impossible de comprendre pour qui ne connaît pas l'économie - c'est mon cas ; je me borne à voir les résultats - auront des effets financiers, économiques, psychiques et politiques qu'il est impossible encore d'évaluer. S'ils nous permettaient de comprendre que le progrès ne se confond pas avec la nouveauté, qu'il n'y a de vrais progrès que moraux (au sens de l'art de vivre et des répondre au "Que dois-je faire" ?), que les biens terrestres ont UNE DESTINATION UNIVERSELLE (Doctrine Sociale de l'Église Catholique), nous aurions fait un pas de géant vers une société plus équilibrée et plus fraternelle. Je ne cherche pas à faire de la morale de bas étage dans le genre il faut, y-a-qu'à. Simplement à appeler pendant qu'il est encore temps à un sursaut de chaque conscience.

mercredi 18 février 2009

Ils sont vieux avant l'âge

J'ai croisé ce matin, sur le boulevard Saint-Michel, des étudiants qui distribuaient des tracts pour expliquer le sens de leur grève. Eh bien, je dois avouer que je me suis mis en colère et que je les ai laissés interdits par la violence de ma réaction. Il faut dire qu'ils étaient mal tombés. En somme, ce qu'ils veulent c'est qu'il y ait une égalité absolue entre les diverses Universités françaises, qu'il n'y ait entre elles aucune concurrence, que les meilleures d'entre elles ne soient pas présentées comme telles. Et qu'elles finissent par crever de l'égalitarisme. C'est d'une rare hypocrisie, c'est d'une rare bêtise, et c'est en plus d'une rare incohérence. Je vais m'en expliquer.
Hypocrisie. Croient-ils vraiment que l'enseignement de la physique à la prestigieuse Université de Grenoble ait exactement la même valeur que le même enseignement dispensé à l'Université de... allez, pour ne fâcher personne, je vais dire de SAINT-CUCUFA. Celui qui a eu la chance d'avoir pour professeur de Biochimie Paul MANDEL, de regrettée mémoire, est certainement l'un des plus motivés, des mieux formés qui se puisse imaginer dans l'univers de la Biochimie française. Tous les étudiants n'ont pas eu BERGSON comme professeur de philosophie. Ainsi, de par son corps enseignant, une Université a un visage et une identité à nuls autres pareils. Dire le contraire est de la pure hypocrisie.
Bêtise. Refuser l'autonomie des Universités, c'est retomber dans un centralisme intolérable. Il y a vingt ans, une Université ne pouvait pas acheter une machine offset sans l'accord du Ministère. Est-cela que veulent nos contestataires ? Et pourquoi faudrait-il que l'Université de Strasbourg se prive de l'aide de la grande industrie pharmaceutique pour développer, dans le cadre du pôle de compétitivité Innovation thérapeutique, ses activités de recherche, qu'il serait IMPOSSIBLE de développer ailleurs ?
Incohérence. Dans un monde qui ne jure que par la liberté individuelle, et qui admet comme un fait scientifique avéré ce qui n'est qu'une théorie (l'évolution ; voir mon précédent billet), il faudrait donc éviter, allant contre le sens de la vie, une compétition qui permettrait de développer les meilleurs au détriment des moins bons. Il faudrait de plus admettre que la supériorité manifeste d'une Université dans un domaine particulier (A Strasbourg, par exemple, la Chimie supramoléculaire dirigée par le Pr Jean-Marie LEHN, Prix Nobel de Chimie ; ou la Génétique animée par le Pr Jean-Louis MANDEL, également Professeur au Collège de France), vaut pour tous les autres domaines. C'est bien évidemment faux. Ainsi, chaque Université a ses domaines d'excellence et il lui revient avec son corps enseignant, ses étudiants, les acteurs économiques et politiques locaux, de les identifier, de les promouvoir, et d'attirer les meilleurs étudiants dans ses meilleures filières. Pour cela, il nous faudrait des jeunes gens et jeunes filles qui habitent leur vie, aiment le risque, ne soient pas vieux avant l'âge, croient en leurs talents personnels, et participent avec enthousiasme à la vie collective de leur établissement. Nous crevons de manque d'ambition, nous ne nous donnons pas les moyens QUALITATIFS (évaluation, tutorat individualisé, parrainage de groupes d'étudiants par telle figure de proue de la région, sélection, mais oui, à condition d'admettre que tout un chacun a des talents irremplaçables qu'il lui faut d'abord identifier ET valoriser, etc.) de la réussite de nos Universités. Ce que veulent nos étudiants est tout le contraire de ce qu'il faut faire. Souvent, ils veulent bachoter le dernier mois de l'année académique, faire la fête tout le long des jours qui précèdent le bachotage, passer un examen en une fois pour s'en débarrasser, et ne rien inscrire dans la durée de leur formation universitaire. C'est du moins l'impression que donne l'examen de leurs "revendications". Elles reflètent en vérité des préoccupations politiques ; elles sont alimentées en sous-main par les chefs de l'opposition dont les objectifs sont à la hauteur de ceux du régime de Vichy : la sécurité avant la vie, la protection avant le progrès, quelle qu'en soit le prix, y inclus la dégringolade de notre patrie. Ils comptent sans doute sur monsieur ZAPATERO, monsieur PRODI ou monsieur BROWN et tous les socio-démocrates européens pour nous sortir de notre médiocrité ? Je crois qu'ils peuvent encore attendre longtemps. Leurs collègues, eux, n'ont pas pris cette direction mollassonne et indigne d'un grand pays.
Je les accuse formellement de vouloir transformer notre jeunesse en une masse d'assistés qui un jour réclamera une carte Vitale pour payer sa nourriture, son logement et ses habits et considérera que ses revenus doivent être consacrés aux seuls loisirs. Ils veulent les transformer en petits vieux avant l'âge ; je crains fort qu'ils n'y réussissent.
Grâce au ciel, je pourrais donner dix exemples de jeunes qui se sont bien gardés de les écouter et qui ne s'en portent pas plus mal !

Créationisme et évolutionisme

Message à l'intention d'un très proche qui me titille sur l'évolutionisme, à l'occasion du bicentenaire de la naissance de DARWIN.
Le créationisme et l'évolutionisme sont l'un et l'autre des théories, c'est-à-dire des systèmes d'explication de la totalité ou de la quasi totalité de faits relevant d'un même champ de connaissances. L'un, le créationisme, est moins probable que l'autre, l'évolutionisme. Mais il faut bien comprendre que dans les deux cas, ce sont des croyances qui s'appuient, l'une, sur une Parole biblique faussement interprétée (créationisme), l'autre, sur des observations paléontologiques lesquelles, par définition, ne peuvent faire l'objet QUE d'une interprétation. Est scientifique ce qui peut être falsifié par l'expérience. Or nous n'avons aucun moyen de vérifier par l'expérience la théorie de l'évolution à partir d'une hypothétique forme de vie dont nous ne savons rien. Nous savons cependant deux choses : l'une, c'est que la micro-évolution (au sein d'un genre ou d'une espèce, d'un phylum même) est un fait avéré (c'est la micro-évolution), l'autre, c'est qu'il existe un mécanisme génétique très particulier, l'invention génique, qui permet, par exemple, à une espèce bactérienne réputée incapable de métaboliser tel substrat, d'acquérir cette capacité à la suite d'une série de mutations, qu'on peut sélectionner en modifiant l'environnement et donc la pression de sélection qui pèse sur le micro-organisme. Une objection majeure à la théorie de l'évolution est l'absence de formes intermédiaires entre les différents plans d'organisation des êtres vivants. TEILHARD expliquait la chose par la rareté des mutants engagés dans une certaine voie évolutive. L'explication est insuffisante. Car ce mutant s'est forcément multiplié, et à supposer qu'il ait encore muté, on devrait retrouver les restes de formes archaïques de ces nouveaux plans d'organisation, ou admettre que le rythme des mutations a été si rapide et a intéressé un si petit nombre de sujets, qu'il est impossible d'en retrouver les traces.
Mais... Natura non fecit saltum. La nature ne fait pas de saut. J'avoue donc mon ignorance, sur l'origine de la vie, même si je trouve l'évolutionnisme plus pertinent.
Un de mes collègues, le regretté Professeur Gilbert LAUSTRIAT, m'expliqua, il y longtemps, pourquoi les physiciens sont devenus les scientifiques les plus modestes du monde de la recherche. A la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle, tous les phénomènes physiques se laissaient expliquer en termes de physique newtonienne (G = m que multiplie m' divisé par D au carré). Seul un phénomène bizarre et absolument mineur, négligeable pour tout dire, résistait à ce bon Isaac NEWTON : le rayonnement du corps noir. PLANCK résolut de s'attaquer à l'insolent ; il découvrit la nature corpusculaire et discontinue des ondes, et sa fameuse constante. Comme quoi, une explication universellement admise a ses limites, quand elle rencontre un génie qui en explore les failles. J'ajoute pour terminer, que HAECKEL, un célèbre naturaliste du XIXe siècle, le père du fructueux concept des protistes, fustigeait les opposants à l'évolutionnisme, en prétendant qu'en déclarant non scientifique la théorie de l'évolution, ILS N'Y AVAIENT RIEN COMPRIS. Ce qui me semble une objection bien peu scientifique. Si nous ne tenons pas bon sur la validation des interprétations par l'expérience et par elle seule, je ne donne pas cher de l'avenir de la science. N'en déplaise à Antoine DANCHIN pour qui j'ai une grande admiration, il n'est pas scientifiquement exact que la macro-évolution (c'est-à-dire le passage progressif d'une forme de vie simplifiée à des formes de vie de complexité croissante et découlant les unes des autres, d'un plan d'organisation à l'autre) ait été scientifiquement prouvée, comme il l'a déclaré récemment dans un journal. S'il me lit, sait-on jamais, qu'il me donne des précisions qui m'ont peut être échappé. Je modifierais alors mes positions en conséquence.

lundi 16 février 2009

Idéalisme et réalisme

De Jean-Jacques ROUSSEAU, ce jugement sur l'abbé SAINT PIERRE : Cet homme rare, l'honneur de son siècle et de son époque est le seul peut-être depuis l'existence du genre humain, qui n'eut d'autre passion que celle de la raison, ne fit cependant que marcher d'erreur en erreur dans tous ces systèmes, pour avoir voulu rendre les hommes semblables à lui, au lieu de les prendre tels qu'ils sont et qu'ils continueront d'être.
Plus près de nous ce constat de Claude ALLEGRE. (Il fut mon ministre de tutelle, et ce fut sans doute l'un des meilleurs ministres de l'Education Nationale que nous ayons eu depuis longtemps ; je le dis d'autant plus que je ne partage pas du tout ses opinions politiques) : Quelle que soit [la] puissance [de l'ordinateur], il ne peut en aucun cas remplacer l'observation du réel. Certes, essayer de construire des modèles pour décrire la réalité est une démarche scientifique naturelle, mais ces modèles ne prennent de consistance que lorsqu'ils sont validés par l'observation. En aucun cas, ils ne peuvent se substituer au réel. Remplacer ordinateur par cerveau, et vous aurez tout compris.
Il est assez piquant que l'un des Princes de l'idéologie, ou, à tout le moins de l'idéalisme, porte sur ce bon abbé un jugement d'une telle pertinence. Heureusement, en écrivant l'Emile, Jean-Jacques n'a pas invité ses lecteurs à l'imiter et à abandonner leurs enfants. Il ne les a pas voulu comme lui ; il les a voulus, comme lui imaginait dans sa tête qu'ils devaient être. On a frôlé le désastre...
On comprend par ailleurs, pourquoi l'homme qui voulait fort justement dégraisser le Mammouth se soit fait tant d'ennemis, surtout parmi les siens. Dire la vérité, s'appuyer sur les faits pour la proclamer, n'a aucun intérêt pour ceux qui veulent refaire le monde aux couleurs de leurs idées ou de leur imagination. Claude ALLEGRE a sur ces idéologues un immense avantage ; il s'intéresse au réel, et par tant, il est en mesure d'appréhender, comme le peut tout être humain qui pense, une part, fut-elle infime, de la vérité. Claude ALLEGRE est un scientifique de haute volée. Il connaît le prix du labeur intellectuel, de la réflexion ; il sait ce que penser veut dire. Il admet que des faits il tire des interprétations personnelles, et il fait donc la part d'une possible erreur. Claude ALLEGRE a des doutes. Ses amis n'en ont guère qui ne cessent d'injurier, de critiquer, d'invectiver, de vociférer, de manifester. Ah, si tous étaient comme Claude ALLEGRE...

dimanche 15 février 2009

Exemplarité de la vertu

Je crois à la vertu de l'exemple et à l'exemplarité de la vertu.
Les enseignants du primaire et du secondaire se plaignent des comportements des élèves ? Eh bien, je leur dirais ceci :
Il me paraît très difficile de réclamer l'obéissance quand soi-même on désobéit ouvertement à son ministre de tutelle. L'exemple de cet enseignant qui lance un mouvement de désobéissance aux recommandations concernant les programmes du primaire est parfaitement significatif de la confusion qui règne entre les exigences de sa conscience et celles de son ego.
Il me paraît très difficile de demander la ponctualité aux élèves quand soi-même on arrive en cours quand la cloche a déjà sonné.
Il me paraît très difficile de réclamer le respect de la chose écrite, quand soi-même avec d'autres on brûle sur la place publique le livre que le ministre de l'éducation nationale envoie aux enseignants. C'est bien le sort que des instituteurs et professeurs syndiqués ont réservé au livre à eux envoyé par Luc FERRY du temps qu'il était ministre.
Il me paraît très difficile de réclamer un comportement respectueux en classe, quand soi-même on défile en portant des banderoles, en s'affublant de masques à l'image de son ministre de tutelle, en hurlant des slogans hostiles à son encontre ou en tapant comme un sourd sur des bidons métalliques.
Aucun moyen supplémentaire en effectifs, en argent, en bâtiment, en équipement, ne saurait compenser les ravages que créent dans l'esprit des enfants et des adolescents ces comportements inciviques. Quand on prétend éduquer les enfants de la nation, il me paraît nécessaire d'avoir un comportement d'éducateur et non d'enfant capricieux.
Car la société est à l'image de ceux qui sont chargés de lui donner ses impulsions. Et dans le déclenchement de ce mouvement, les enseignants sont au premier rang. Métier superbe et exigeant que celui d'enseignant. Et il n'y a pas de différence entre un instituteur et un professeur des Universités. Tous logés à la même enseigne ; ils se doivent de donner l'exemple de la vertu civique. On en est loin.

vendredi 13 février 2009

Requiem pour notre Université ?

La France en général et son Education Nationale en particulier sont tout simplement irréformables. Je suis bien placé pour vous dire que l'autonomie des Universités était attendue depuis des décennies. J'ai été pendant plusieurs années vice-président de l'Université Louis Pasteur de Strasbourg (aujourd'hui fusionnée avec les Universités Marc Bloch et Robert Schumann), et je puis vous assurer que notre marge de manoeuvre était relativement restreinte. Tout venait de Paris, tout était décidé à Paris. Ils savaient tout à Paris, mais ils ne savaient que cela. Qu'importe, par exemple, que la pluie traverse depuis des années le toit de l'Institut d'histologie de la Faculté de Médecine : il faisait tant de mètres carrés, on lui affectait tant de crédits par mètre carré, quel que soit son âge, les matériaux qui avaient servi à le construire, on implantation, etc. Quatre ou cinq petites années avant sa démolition - elle précédait la construction du nouvel hôpital -, il a pourtant été refait à neuf (toit, peinture, etc.). Et notre avis n'avait pas été vraiment sollicité, bien que nous eussions depuis longtemps réclamé des réparations. La décision de refaire avait été prise ; c'était trop tard. Une gestion locale des bâtiments aurait sans aucun doute permis d'économiser les deniers publics, dans la perspective de la démolition, mais il y fallait l'autonomie. A Paris, ils savaient tout. mais ils ne savaient que cela.
Voilà que, mettant le droit en accord avec le fait, madame PECRESSE veut donner aux Présidents d'Université la possibilité de moduler les services d'enseignement de leurs personnels. Tollé général, alimenté par cette méfiance si typiquement française, méfiance de l'autre, méfiance des chefs, méfiance de l'Etat. Bons apôtres, les syndicats se tirent plutôt bien de ce syndrome de la méfiance, puisque c'est eux qui l'alimentent. Pour exister, il leur faut critiquer, sans arrêt, et il leur faut prendre dans les instances officielles, des positions - entendues au sens militaire - qui leur permettent d'exercer du pouvoir, de l'étendre, et bien souvent (il y a des exceptions et j'en ai connues), de placer des médiocres dans des postes de responsabilité qui flattent l'ego de ces petites personnes. Évidemment, la réforme de madame PECRESSE a pour effet (mais non pour objectif) d'enlever une partie du pouvoir syndical en lui ôtant la possibilité de codécider. En réalité, depuis des décennies, des professeurs responsables de très prestigieux laboratoires ou accablés par la gestion de leur service (en médecine) ne font plus de cours, tandis que d'autres en redemandent. C'est pour cela, d'ailleurs, que monsieur JOSPIN a créé la prime d'encadrement doctoral, la prime pédagogique, ou la prime d'activité administrative, pour abonder les revenus des enseignants en fonction de l'orientation principale de leur activité : recherche, enseignement, administration. Le texte de madame PECRESSE sanctionne cette réalité, et responsabilise les enseignants. Quant à l'évaluation, elle me paraît tout à fait nécessaire. Ne la craignent que ceux qui ont à y perdre pour des raisons qu'ils connaissent parfaitement bien.
Si cette réforme ne voit pas le jour, on peut chanter un Requiem pour notre Université qui fut une des plus prestigieuses du monde et n'est plus que l'ombre d'elle-même. Je l'ai connue encore toute parée de ce prestige, je l'ai quittée alors qu'elle brillait encore, mais je vois avec tristesse le choeur des envieux, des petits esprits, battre le pavé, et je crains fort que sa vilaine complainte ne soit entendue, et peut-être écoutée ; nous pourrions alors dire adieu à cette grande institution, qui semble avoir le goût du suicide.

jeudi 12 février 2009

Esprit scientifique et information

Les aliments de la science sont les faits et non les idées. Pasteur le disait du reste fort bien : "Amassons des faits pour avoir des idées" ne cessait-il de répéter. C'est pourquoi dans mon précédent billet, je contestais vivement la présentation a priori de l'intervention du Président SARKOZY, faite par le journaliste chargé ce soir-là du journal télévisé. Bien entendu, je ne nierais pas qu'il existe des faits de conscience. Mais ils valent pour des faits de conscience et ne s'imposent point à la raison, parce qu'ils sont purement subjectifs. Il me semble qu'il y a là tout le problème du politique. On a beau critiquer l'approche technocratique des problèmes sociaux, il reste vrai qu'elle apporte un éclairage utile à leur résolution. En somme faire de la politique c'est allier une analyse juste des faits objectifs, à une prise en cmpte des faits de conscience, individuels ou collectifs, essentiellement subjectifs, et décider en tenant compte des deux catégories de réalités. Mais il me semble que l'on peut modifier les états de conscience en faisant appel à la raison d'une part, et à la bienveillance de l'autre. Il est intéressant de rappeler ici un aphorisme d'EINSTEIN : Il est certain qu'à la base de tout travail scientifique un peu délicat, on trouve une conviction, analogue au sentiment religieux, que le monde est fondé sur la raison et peut être compris. On peut résumer simplement, comme l'a fait Pierre-André GUASTALLA dans son Journal, en disant : Impuissance du raisonnement sans l'affectivité ; évidemment, impuissance aussi de l'affectivité sans raisonnement. Une fois mis en branle, le raisonnement avance sans le secours de l'affectivité. Le reviendrai sur ce livre, écrit par un jeune et brillant philosophe, engagé dans la Résistance et mort à l'ennemi à l'été 1944 (le 27 août).

mardi 10 février 2009

Journalisme, ça ?

J'ai dû m'absenter quelques jours. D'où mon silence. Vous avez comme moi, je suppose, écouté le Président de la République la semaine dernière. Personnellement, j'ai trouvé convaincantes les explications qu'il a données. Mais je vais vous montrer comment un journaliste peu scrupuleux peut orienter l'avis de ses auditeurs. Un présentateur de France 2, jeudi dernier, commence son journal en disant : "Dans un quart d'heure, le Président de la République VA TENTER D'EXPLIQUER ses propositions aux Français". Juste avant de céder l'antenne, il ressort la même phrase : le Président va tenter d'expliquer". Il pouvait dire : "Le Président de la République va expliquer etc.". Non, pour ce monsieur, dont j'ai oublié le nom, "il va tenter". Ceci veut dire (a) ou bien qu'a priori, il ne croit pas à la bonne foi du Président ; dans ce cas, il manifeste son parti-pris ; (b) ou bien qu'il prête aux Français un scepticisme a priori et l'on se demande d'où il tire cette conviction ; des sondages peut-être ? ; (c) ou bien qu'il pense que monsieur SARKOZY est incapable de convaincre ou que la situation est sans issue pour la majorité. Dans tous les cas il connote négativement son discours, et il insinue le doute dans l'esprit des auditeurs. La situation est assez grave pour qu'on n'en rajoute pas. Mais ces messieurs sont tellement aveuglés par la haine de ce qui ne pense pas comme eux qu'ils disent n'importe quoi. C'est insupportable. Pour être clair, je réprouverais de la même manière un journaliste de droite qui présenterait les choses sous un jour avantageux.
La même attitude de dénigrement du pouvoir en place se retrouve sur France 3 ; madame PULVAR et madame MATAUSCH sont les spécialistes des présentations tordues. Elles nous prennent pour des imbéciles. N'accordez aucun crédit à leurs présentations. Nous en avons assez de ces gens qui, pour briller, trouvent des petites phrases et des formules qui font mouche, dont la capacité d'analyse est celle d'une grenouille décérébrée, et qui dans tous les cas produisent des commentaires qui n'ont strictement rien à voir avec le contenu réel de l'information. Les auditeurs ont le droit d'être respectés, et notamment ceux qui, dans leur majorité, ont régulièrement élu monsieur SARKOZY. Doivent être respectés de même ceux qui ont voté pour madame ROYAL. J'ai dit pourquoi je trouvais ses propositions souvent dangereuses, mais je n'oublie pas que 17 millions de mes concitoyens lui ont apporté leur suffrage.

vendredi 6 février 2009

Une idée

Rien ne m'irrite plus que d'être constamment sollicité dans le métro par des violonistes, accordéonistes, clarinettistes, poètes, vendeurs de journaux et autres artistes. Et pourtant je cède souvent et leur donne, par forcément de bon coeur. Mais il y a des moments où je cale.
Il me vient une idée qui permettrait d'aider les plus démunis et de lutter contre les mafias de faux mendiants. Car il en existe qui se distribuent les lignes et les horaires souvent sur fond de violence féroce. La voici mon idée. Pour aider ceux qui quêtent et ont besoin de notre aide, nous pourrions disposer de tickets d'une certaine valeur (1, 2, 5 et 10 euros) qui auraient leur contrepartie financière dans la trésorerie d'une association caritative, abondée par nos dons. Le bénéficiaire pourrait aller, contre ce ticket, au siège de l'association et retirer en aide alimentaire, vestimentaire ou autre (en argent éventuellement et exceptionnellement), l'équivalent de ce ticket. On pourrait lui donner le nom de ticket de solidarité. Les associations habilitées à recevoir ces dons remettraient aux donateurs un reçu fiscal leur permettant de déduire de leurs revenus ces versements, qui de ce fait pourraient être plus importants, et lui enverrait des carnets de tickets d'une valeur correspondant au don, déduction faite d'un prélèvement nécessaire pour faire fonctionner l'association. Bien entendu, les faux bénéficiaires qui ne désirent que de l'argent et non une aide concrète, ou désirent opportunément rester discrets, n'iraient pas libérer ce ticket. Il y aurait là des économies substantielles sur le marché de la fausse charité. Je trouve cette idée assez intéressante, et sans doute à creuser ou à améliorer.
Je m'absente et dis à mes lecteurs à lundi.

Le bon sens du boulanger

Les clins d'oeil du quotidien m'ont toujours plu. En voici un. Je le dois à mon boulanger. Il a - saine habitude - le réflexe d'envelopper dans un étui de papier idoine la baguette toute chaude et point trop cuite que j'aime à lui demander. Souvent, ces étuis de papier sont imprimés de publicités diverses. Celui que j'avais hier dérogeait aux habitudes. Il portait, outre le nom du boulanger, une maxime. Je vous la livre et je la livre aussi aux hommes politiques : Nous n'héritons pas la terre de nos pères ; nous l'empruntons à nos enfants. Profonde réflexion que tous les prometteurs devraient méditer. On peut toujours distribuer des richesses qui n'ont pas été produites. Mais c'est au prix d'un endettement que devrons apurer nos enfants. Voilà pourquoi, même si je peux comprendre les raisons faussement compassionnelles des hommes de gauche, je crois qu'ils font erreur en promettant de distribuer et d'investir dans des dépenses de fonctionnement sans s'assurer que la production de richesses suivra. Il y a un corollaire à cette opinion purement personnelle : les mieux lotis doivent accepter de voir rogner, ne fut-ce que de 3 à 4 % leurs revenus. J'ai trouvé scandaleux la réaction de l'opposition au mode de financement du RSA. Il est facile de prôner le partage, quand on le fait peser sur les épaules de ses adversaires politiques. Mais le 1,1 % prélevés pour financer cette mesure est insuffisant. On ne peut pas se satisfaire de voir la misère se répandre comme une peste.
Je vais demander à mon boulanger d'imprimer des étuis avec cette autre maxime : Qu'as-tu fait de ton frère ?

jeudi 5 février 2009

Une mise au point

Vous trouverez ci-après le texte publié par le Vatican sur l'affaire de Mgr WILLIAMSON. Voilà qui met les choses au point.
« A la suite des réactions sus­citées par le récent décret de la Congrégation pour les évêques levant l’excommunica­tion des quatre prélats de la Fra­ternité Saint-Pie-X, et en lien avec les déclarations négationnistes ou réductionnistes de la Shoah faites par Mgr Williamson, évêque de cette même Fraternité, il apparaît opportun d’éclaircir quelques as­pects de cette affaire.

1. Levée de l’excommunication Comme cela a déjà été expliqué précédemment, le décret de la Con­grégation pour les évêques, daté du 21 janvier 2009, est un acte de bien­veillance du Saint-Père en réponse aux demandes répétées du supérieur général de la Fraternité Saint-Pie-X. Sa Sainteté a voulu ôter un obsta­cle qui empêchait d’ouvrir une porte au dialogue. Désormais, il s’attend à ce que les quatre évêques fassent preuve d’une égale disponibilité en totale adhésion à la doctrine et à la discipline de l’Église. La peine très grave de l’excom­munication latae sententiae , sous le coup de laquelle les quatre évêques étaient tombés le 30 juin 1988, et qui avait été déclarée officiellement le 1er juillet de la même année, était une conséquence de leur ordination illégitime de la part de Mgr Marcel Lefebvre. La levée de l’excommunication a li­béré les quatre évêques d’une peine canonique très grave, mais elle n’a pas changé la situation juridique de la Fraternité Saint-Pie-X, qui, à l’heure actuelle, ne jouit d’aucune reconnaissance canonique dans l’Église catholique. Les quatre évêques eux-mêmes, malgré la levée de l’excommunication, n’ont pas de fonction canonique dans l’Église et n’exercent licitement aucun ministère en son sein.

2. Tradition, doctrine et concile Vatican II La pleine reconnaissance du concile Vatican II et du magistère des papes Jean XXIII, Paul VI, Jean Paul Ier , Jean­ Paul II et Benoît XVI est la condition indispensable à la reconnaissance future de la Fraternité Saint-Pie­X. Comme cela a déjà été indiqué dans le décret du 21 janvier 2009, le Saint-Siège ne manquera pas, selon les modalités jugées opportunes, d’approfondir avec les personnes concernées les questions encore ouvertes, afin de pouvoir parvenir à une solution pleine et satisfaisante des problèmes qui sont à l’origine de cette fracture douloureuse.

3. Déclarations sur la Shoah Les positions de Mgr Williamson sur la Shoah sont absolument inac­ceptables et fermement refusées par le Saint-Père, comme celui-ci l’a déjà remarqué le 28 janvier dernier quand, en se référant à cet atroce génocide, il a réitéré sa pleine et indiscutable soli­darité avec nos frères destinataires de la Première Alliance, et affirmé que la mémoire de ce terrible génocide doit induire “l’humanité à réfléchir sur la puissance imprévisible du mal quand il s’empare du cœur de l’homme” , ajou­tant que la Shoah reste “pour tous un avertissement contre l’oubli, contre la négation ou le réductionnisme, parce que la violence exercée contre un seul être humain est une violence exercée contre tous” . Pour être admis aux fonctions épis­copales dans l’Église, Mgr William­son devra prendre ses distances d’une manière absolument sans équivoque et publique par rapport à ses positions concernant la Shoah, positions que le Saint-Père ignorait au moment de la levée de l’excom­munication. Le Saint-Père demande à tous les fidèles de l’accompagner de leur prière, afin que le Seigneur éclaire le chemin de l’Église. Que grandisse l’engagement des pasteurs et de tous les fidèles à soutenir la lourde et délicate mission du successeur de l’apôtre Pierre, “gardien de l’unité” de l’Église.
Du Vatican, le 4 février 2009 »

mardi 3 février 2009

Rencontres

Petite chose minuscule qu'une rencontre ! Et pourtant, que d'enseignements dans ces brefs échanges.
Je traversais hier un petit jardin public. La neige tombait à gros flocons et quatre jardiniers de la ville de Paris, emmitouflés dans d'épaisses canadiennes, dégageaient avec des pelles le chemin. Ils y mettaient tout leur coeur. Je m'arrête simplement pour les remercier de penser à nous. Un bref dialogue s'engage. Et le chef d'équipe me dit : "Aujourd'hui, on ne se parle plus. Les gens sont plantés devant leur télé, ou leur ordinateur. Ou bien ils ont leur casque vissé sur la tête et leur MP3 en poche. Ils sont seuls." Il y avait de la tristesse dans la voix de cet homme, et une justesse d'analyse et de ton qui m'a touché. Mais nous avions pu nous rencontrer. Et en cet instant, DIOGENE n'avait plus à tourner autour de son tonneau en secouant sa lanterne pour trouver un homme. Nous nous étions vraiment rencontrés.
En ces temps de crise et de morosité, nous avons mieux à faire que de nous dresser les uns contre les autres. Nous pouvons partager, échanger, reconnaître l'autre, et ainsi échapper à l'affreuse solitude qui étreint l'homme sans espoir, centré sur ses problèmes et ses soucis. Premier pas avant des pas plus décisifs qui impliquent certainement de mieux partager les richesses de la terre.

lundi 2 février 2009

Non au mensonge

La manière dont la majeure partie de la presse - qu'elle soit écrite ou parlée - a rendu compte de la levée de l'excommunication des évêques illicitement ordonnés par monseigneur LEFEBVRE est tout simplement scandaleuse. Au nom de la vérité il convient de rétablir les faits et de dénoncer leur manipulation.
J'ai vu à de nombreuses reprises des titres du genre : "Le pape réhabilite un évêque négationiste". Si les journalistes concocteurs du titre avaient la moindre idée de ce qu'est une excommunication et une levée de cette sanction ecclésiastique, ils n'auraient jamais utilisé un tel titre qui est une pure interprétation, destinée à nuire, et non pas à instruire.
Il convient de restaurer la séquence des faits. Dans une de ses catéchèses du mercredi, celle qui précédait justement la publication de décret qui levait la sentence, et qui comprenait trois parties, Benoît XVI annonçait, dans une deuxième partie son intention de rétablir un lien avec les quatre évêques intégristes. Dans une troisième partie que chacun a feint d'ignorer, il réaffirmait l'horreur de l'holocauste, et l'inconséquence homicide de ceux qui le niaient ou en niaient l'ampleur. Advient la levée de l'excommunication, puis la déclaration incroyable mais hélas bien réelle de monseigneur WILLIAMSON sur les chambres à gaz qui n'auraient pas existé. Le lendemain ou le surlendemain, monseigneur FELLAY, le responsable de la Fraternité Saint Pie X, demandait pardon à nos frères de confession juive, pour les déclarations honteuses de son collègue et indiquait qu'il lui avait demandé de se taire. Puis, le lendemain, Benoît XVI faisait une vigoureuse mise au point sur la question de la communion avec les évêques intégristes, et surtout sur celle de la Shoah.
Laisser croire que Benoît XVI approuve monseigneur WILLIAMSON est tout simplement une infamie, indigne d'un journaliste qui se réclame de ce métier. Mais quand il s'agit de salir l'Église et les chrétiens (je ne parle pas seulement des catholiques, je parle de tous les chrétiens), la folle du logis qu'est l'imagination alimente de son venin l'animosité de ceux qui refusent de reconnaître en Jésus-Christ, le Seigneur (qui est aussi le leur, ne leur en déplaise). C'est là le libre jeu de leur libre arbitre. Rien, cependant, ne les oblige à trahir les faits. Mais il faut vendre du papier, se faire un nom pour grimper toujours plus haut dans la notoriété journalistique, et accroître son pouvoir. Je ne supporte pas. Je ne supporte plus. Dire que l'intégrisme est ma tasse de thé... ça je ne le ferai pas, et je ne peux cacher la perplexité que soulève en moi la mesure du Pape. Mais il doit avoir de bonnes raisons pour l'avoir prise. Et nous ne sommes pas obligés de tout savoir, mais nous le sommes d'accueillir avec un regard bienveillant et priant (pour ceux qui prient) tout ce qui peut rapprocher les hommes.
PS : j'ai omis de vous signaler que je m'absentais pour quelques jours. Je dois dire que cette absence pour de bons motifs me conduit à aller plus avant dans l'accueil de la parole de l'autre et dans le crédit de bonne foi que je lui accorde. Je reviendrai sur ce point.