On se croirait dans une volière. De toutes parts surgissent des cris d'orfraie, des piaillements, des chuintements et autres bruits d'oiseaux. Le motif de ce tintamarre ? Monsieur SARKOZY a osé proposer un de ses amis, monsieur PEROL, comme PDG de la nouvelle banque issue de la fusion de la Caisse d'Epargne et de la Banque Populaire. Il y a là de la part de l'opposition et des "journalistes", qui se croient investis d'une mission prophétique au nom d'une prétendue objectivité, il y a là, disais-je, une rare hypocrisie.
Reprenons l'Histoire et voyons comment les mêmes "journalistes" réagirent du temps de monsieur MITTERRAND. Monsieur Roland DUMAS au Conseil Constitutionnel, monsieur CHANDERNAGOR à la Cours des Comptes, monsieur de NICOLAI au Conseil d'Etat, monsieur COLET (je ne suis plus sûr du nom exact) à la Française des Jeux, monsieur HABERER au Crédit Lyonnais (avec le succès que l'on sait), et tous les dirigeants des Grandes Entreprises Nationalisées, n'étaient pas que je sache, des ennemis du Président d'alors. L'hypocrisie consiste à dire que ce n'est pas la même chose. Pensez-donc, il s'agit de nommer en toute "indépendance" des hauts responsables à la tête de structure d'Etat, comme si la nature étatique de la structure était une garantie absolue d'indépendance de sentiments et de jugements. Il y a tout de même une différence. Monsieur HABERER a pu, en cinq ans, transformer une banque privée prospère en un établissement public au bord de la faillite, sans aucune sanction. Pour prix de son incompétence, quelques jours après son départ du Crédit Lyonnais, monsieur HABERER était nommé Président du Crédit National.
Devant ces nominations - dont le Président MITTERRAND disait (je l'ai entendu de mes propres oreilles) qu'elles étaient tout à fait compréhensibles et justifiables - avez-vous entendu les responsables socialistes protester, monsieur BAYROU "vocitupérer" (joli mot composite et inventé), l'Opinion Publique manipulée par les bas bleus de l'information s'émouvoir ? Que non point. Ces nominations étaient bonnes. Elles venaient de Dieu. Et Dieu ne peut se tromper quand il récompense ses amis. Qu'un Président de droite en fasse autant, et le voilà voué à la géhenne, à l'enfer, aux gémonies.
On reproche à monsieur SARKOZY ses amitiés avec des hommes fort riches. Mais a-t-on reproché à monsieur MITTERAND de compter monsieur Pierre BERGE parmi les siens ? (La récente vente de la collection de messieurs BERGE et SAINT-LAURENT montre le niveau de la fortune de ces amateurs d'objets d'art.) Lui a-t-on reproché son amitié pour monsieur PELAT qui n'était pas précisément dans le dénuement ? Ou pour messieurs André BETTENCOURT ou Guillain de BENOUVILLE (qui étaient des hommes "de droite" pourtant), toutes personnalités respectables mais très fortunées. Quand on n'a aucune idée, aucune proposition, aucune probité intellectuelle, quand on est obsédé par la prise du pouvoir, tous les moyens sont bons, y compris les plus méprisables, qui consistent à démolir, à l'arme blanche, le messager faute de parvenir à le faire de son message. Je comprends que l'on puisse argumenter, expliquer les raisons idéologiques ou logiques de ses critiques. Je comprends moins bien cette attitude insupportable de démolition systématique. Je reviendrai demain sur le choix parfaitement justifié de monsieur PEROL par les Conseils d'administration des deux banques, à l'Unanimité.
L'opposition finira peut-être par obtenir au moyen de la manipulation, de la calomnie, de la déformation des faits, de l'interprétation malveillante des initiatives, toutes les initiatives, du Gouvernement, ce fameux pouvoir dont elle rêve, qui hante ses nuits et ses jours. Mais Napoléon - de sinistre mémoire - disait "On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s'asseoir dessus". Qu'ils y prennent garde. En promettant la Lune, ils risqueraient bien de nous faire habiter la demeure de Pluton.
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