lundi 16 février 2009

Idéalisme et réalisme

De Jean-Jacques ROUSSEAU, ce jugement sur l'abbé SAINT PIERRE : Cet homme rare, l'honneur de son siècle et de son époque est le seul peut-être depuis l'existence du genre humain, qui n'eut d'autre passion que celle de la raison, ne fit cependant que marcher d'erreur en erreur dans tous ces systèmes, pour avoir voulu rendre les hommes semblables à lui, au lieu de les prendre tels qu'ils sont et qu'ils continueront d'être.
Plus près de nous ce constat de Claude ALLEGRE. (Il fut mon ministre de tutelle, et ce fut sans doute l'un des meilleurs ministres de l'Education Nationale que nous ayons eu depuis longtemps ; je le dis d'autant plus que je ne partage pas du tout ses opinions politiques) : Quelle que soit [la] puissance [de l'ordinateur], il ne peut en aucun cas remplacer l'observation du réel. Certes, essayer de construire des modèles pour décrire la réalité est une démarche scientifique naturelle, mais ces modèles ne prennent de consistance que lorsqu'ils sont validés par l'observation. En aucun cas, ils ne peuvent se substituer au réel. Remplacer ordinateur par cerveau, et vous aurez tout compris.
Il est assez piquant que l'un des Princes de l'idéologie, ou, à tout le moins de l'idéalisme, porte sur ce bon abbé un jugement d'une telle pertinence. Heureusement, en écrivant l'Emile, Jean-Jacques n'a pas invité ses lecteurs à l'imiter et à abandonner leurs enfants. Il ne les a pas voulu comme lui ; il les a voulus, comme lui imaginait dans sa tête qu'ils devaient être. On a frôlé le désastre...
On comprend par ailleurs, pourquoi l'homme qui voulait fort justement dégraisser le Mammouth se soit fait tant d'ennemis, surtout parmi les siens. Dire la vérité, s'appuyer sur les faits pour la proclamer, n'a aucun intérêt pour ceux qui veulent refaire le monde aux couleurs de leurs idées ou de leur imagination. Claude ALLEGRE a sur ces idéologues un immense avantage ; il s'intéresse au réel, et par tant, il est en mesure d'appréhender, comme le peut tout être humain qui pense, une part, fut-elle infime, de la vérité. Claude ALLEGRE est un scientifique de haute volée. Il connaît le prix du labeur intellectuel, de la réflexion ; il sait ce que penser veut dire. Il admet que des faits il tire des interprétations personnelles, et il fait donc la part d'une possible erreur. Claude ALLEGRE a des doutes. Ses amis n'en ont guère qui ne cessent d'injurier, de critiquer, d'invectiver, de vociférer, de manifester. Ah, si tous étaient comme Claude ALLEGRE...

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