lundi 8 juin 2009

Rencontres nocturnes

Je rentre donc de Strasbourg, ville si chère à mon coeur. La Communauté de Saint-Nicolas (Renouveau charismatique luthérien) et celle du Puits de Jacob (Renouveau charismatique catholique) y organisaient pour la cinquième année consécutive les "24 heures de Vie". Pendant plus d'une journée, les membres de ces deux communautés soeurs prient, évangélisent, chantent, déjeunent ou dinent ensemble et tous les strasbourgeois sont invités aux manifestations organisées par elles à leur intention : concerts, forum de discussion animation pour les enfants, adoration, etc.
On m'avait chargé de conduire avec Merry, de la Communauté saint-Nicolas, la marche de nuit. Il s'agit de marcher silencieusement dans la ville, de s'arrêter devant tel bâtiment (Hôpital, Conseil Général, ENA, Hôtels, Banques, Opéra, Eglises, Gare, Ecoles et Lycées, etc.) et de prier pour ceux qui y travaillent. Nous portons des flambeaux. En général, une quarantaine de personnes participent à cette marche insolite, qui se déroule entre une heure et trois heures du matin.
Quelques voitures, remplies de jeunes, doublent le cortège en klaxonnant. Leurs occupants crient parfois "alleluia". Tous, par ces diverses démonstrations, semblent vouloir attirer sur eux l'attention. Comment ne pas les porter dans notre remerciement pour le don de la vie ? Nous croisons beaucoup de jeunes gens et jeunes filles qui se disent musulmans. Quel accueil, quelle écoute, quel respect de leur part : ces jeunes admirent les priants ; et qu'on puisse les inclure, en tant que chrétiens, dans notre prière est pour eux un choc ; l'un d'eux nous dit, en mettant la main sur son coeur : "ça fait chaud au coeur".
Nous croisons Jenny qui roule à bicyclette sur le trottoir, en face du Lycée Jean Sturm, établissement strasbourgeois célèbre pour la qualité de son enseignement. Jenny est stupéfié de voir tant de monde et ne cesse de répéter : "Vous êtes nombreux ! Mais vous êtes très nombreux". Il demande ce que nous faisons. Il est touché qu'on prie pour lui.
Que dire encore d'Alex et de Frédéric qui grille une cigarette au seuil d'un bar de nuit. Frédéric accepte de bon coeur l'Evangile de saint Jean que quelqu'un lui propose. Il le lira, dit-il. Nous arrivons Place Kléber. Là, trois hommes, un jeune et deux plus âgés, passent paisiblement, nous regardent, intrigués : des marcheurs silencieux qui portent des flambeaux attirent le regard et l'attention. Mêmes questions. Quand nous répondons que nous prions pour la ville, le plus âgé déclare avec un peu de virulence, qu'il est athée. "Etes-vous baptisé ?" - "Oui, mais contre mon gré ; on ne m'a pas demandé mon avis." - "Etes-vous heureux de vivre ?" - "Oui, bien sûr ; même s'il y a des hauts et des bas." - "Avez-vous demandé à vivre ?" Silence. Jean est cloué. Julien, le plus jeune déclare qu'il est athée, baptisé, mais qu'il respecte ceux qui, comme nous, ont des convictions. Marc sort un petit instrument, une sorte de flûte plate de quelques centimètres de long, en bois et nous demande de chanter avec lui "Happy day". "Cette rencontre n'est-elle pas inoubliable ?" - "Ah pour être inoubliable, dit Jean, elle l'est." Nous voilà partis dans un "Happy day" timide. Et Marc enfin demande "Allez, maintenant, à vous. Chantez quelque chose, je vous accompagne." - "Mais vous ne connaîtrez pas ce chant." - "Si, si. J'y arriverai."
Et c'est ainsi que nous avons invoqué l'Esprit Saint, l'Esprit de Feu, dans cette inoubliable nuit, à deux heure et demie du matin, Place Kléber, tous ensemble, avec Jean, Marc et Julien, dans un grand respect et la certitude que cette rencontre nous avait transformés, les uns et les autres.

Aucun commentaire: