"Qui es-tu, homme jeté dans l'existence sans l'avoir su ou voulu ? Être connaissant et conscient de sa conscience. Être voué à la mort et capable de le savoir : aussi impuissant à concevoir son propre anéantissement qu'à penser son commencement, le commencement de sa conscience ; aussi incapable de concevoir son éternité que de penser, autrement que dans l'abstrait, qu'il aurait pu ne pas être ?
Qui es-tu, homme solitaire, pressé, bousculé de toutes parts et même du dedans par tant d'autres qui ne sont pas moins que toi des séparés, inaccessibles ; homme voué par toutes ses fibres à la communication, à la communion, et qui ne peut le faire que pour et par des vétilles, sans jamais atteindre le niveau propre de ton humanité ?
Qui es-tu, homme unique, impossible sans la multitude des foules humaines répandues dans l'espace et le temps, tellement unique qu'aucun autre que toi, même s'il savait le vouloir, ne pourrait être ce que tu es ; homme dont l'histoire est si singulière au milieu de la multitude des histoires humaines qu'elle se perpétuera, ou périra, avec toi à jamais ?"
Oui, qui es-tu, homme. Qui es-tu Jean, et toi Marc, et toi Julien de cette nuit profonde, noire qui était en train d'accoucher d'un monde inouï ? Qui es-tu XYLOGLOSSE envers qui je ne suis point très tendre, et toi Martine, et toi François ? Oui qui sommes-nous dans notre irréductible singularité pour mépriser ou négliger le moindre des humains qui croisent notre route. Je ne pensais pas, lisant ce matin Travail de la foi de cet homme extraordinaire qu'est Marcel LEGAUT, trouver dans ces questions, le récapitulatif de mes propres interrogations, de ma propre recherche, et une incitation impérieuse à mieux prendre en compte la parole de l'autre, en sachant toutefois que nous ne pouvons communiquer et communier les uns avec les autres, que "pour et par des vétilles" tant l'autre est un mystère.
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