J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt l'émission d'Yves CALVI, "Mots croisés", consacrée aux conséquences des élections européennes. Les grands vaincus, à savoir les socialistes et les centristes d'opposition, avaient beau souligner que plus de 70 % des électeurs avaient voté pour un autre parti que l'UMP, les représentants de la gauche prétendre qu'ils étaient en réalité majoritaires, je ne pouvais m'empêcher de penser que quelque chose sonnait faux dans leur raisonnement.
Un politologue expliquait - ce qui me semble donner la clé de compréhension des résultats - que le PS avait épuisé les propositions de la sociale-démocratie, reprises à leur compte et depuis longtemps par les partis de gauche comme de droite (assurance maladie, assurance chômage, minima sociaux, congés payés, droit à la formation continue, bourses d'études, allocations familiales, RMI, RSA, CMU, etc.) ; selon moi, le PS n'a aucune proposition concrète à offrir aux français, sauf à choisir le marxisme, pas franchi par Jean-Luc MELANCHON.
Le PS peut le faire. Mais s'il est fidèle aux idées de MARX, il ne peut que se heurter aux écologistes qu'il annexe avec une certaine naïveté. Voici pourquoi.
Dans l'ouvrage que j'ai souvent cité dans mes billets, Simone WEIL explique "qu'entre une économie primitive et les formes économiques plus développées, il n'y a pas seulement une différence de degré, mais aussi de nature. Et en effet, si, du point de vue de la consommation, il n'y a que passage à un peu plus de bien-être, la production, qui est le facteur décisif, se transforme, elle, dans son essence. Cette transformation consiste à première vue en un affranchissement progressif à l'égard de la nature. Et d'expliquer qu'au lieu d'être harcelé par la nature, l'homme, dans les nouvelles conditions de production (machinisme, haut degré de technologie), est désormais harcelé par l'homme. En d'autres termes, augmenter le bien-être de l'homme en favorisant la consommation par l'amélioration de la production conduit à deux impasses : une séparation toujours plus grande entre ceux qui conçoivent et ceux qui exécutent - raison essentielle de l'aliénation sociale des salariés, et pas seulement des ouvriers, et d'autre part à un épuisement des ressources naturelles. Là où MARX promeut la production et la supposée libération de l'homme par une modification des conditions de la production, les écologistes, eux, appellent de leur voeux la décroissance, c'est-à-dire un genre de vie plus simple, plus ascétique, plus proche de la nature, plus respectueux de l'environnement. Il y a une antinomie foncière entre ces deux conceptions de la vie humaine, et si les responsables politiques du PS et de l'écologie politique sont intellectuellement intègres, ils ne peuvent que constater les aspects irréconciliables de leurs analyses.
D'où vient alors l'impression que les écologistes sont "à gauche", alors qu'en réalité, ils aspirent à un retour à des formes plus simples de production, des formes qualifiables "de droite" (artisanat, petites unités de production, agriculture biologique, refus de certaines innovations techniques) ? De mon point de vue, cette impression vient de leurs opinions positives sur les réformes sociétales que proposent certains responsables du PS : mariage homosexuel, mère porteuse, atomisation du droit de la famille, etc. En somme le PS, pour revenir au pouvoir en compagnie des écologistes, ne peut compter que sur les innovations sociétales dont il est si friand ; les socialistes n'imposeront pas aux écologistes leurs vues sur la production et la consommation. Il leur faudra donc choisir. Poursuivre dans la voie sociale-démocrate qui les conduit normalement à participer au gouvernement en compagnie de "la droite", ou s'allier aux écologistes, en acceptant l'idée de la décroissance. En aucun cas, rallier les vues marxistes (qui n'ont rien à voir avec le capitalisme vilipendé par le facteur et la timbrée) qui conduisent à la pollution, à la surexploitation des ressources de la planète, et finalement à la mort de l'humanité.
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