lundi 8 mars 2010

L'espérance

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En sa page 40, le journal gratuit Vingt minutes consacre, aujourd'hui, une demi page fort bien faite à cinq poètes français, et il cite un admirable poème d'Andrée CHEDID, la mère de Louis et la grand-mère de Matthieu. D'abord, je rends hommage à un journal qui ne craint pas de parler de poésie à des lecteurs pressés, et ensuite je n'hésite pas à vous livrer deux quatrains de ce poème intitulé "Espérance" :
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[...]
Face aux ténèbres
J'ai dressé des clartés
Planté des flambeaux
A la lisière des nuits
[...]
J'enracine l'espérance
Dans le terreau du coeur
J'adopte toute l'espérance
En son esprit frondeur
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In Une salve d'avenir. L'espoir, anthologie poétique. Gallimard, Paris, 2004.
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Hasard ou providence, voilà que je retombe sur ce délicieux recueil de contes soufis, Le Mesnevi de DJALÂL AL-DÎN RÛMÎ. un poète mort en Iran en 1273 ap. J.-C. Un petit conte, intitulé La mèche vient compléter et éclairer le poème d'André CHEDID. J'expliquerai pourquoi, une fois que je l'aurais transcrit :
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"Une nuit, un homme entendit que quelqu'un marchait dans sa maison. Il se leva, et pour faire de la lumière, il battit son briquet. mais le voleur qui était cause du bruit vint se placer devant lui, et chaque fois qu'une étincelle touchait la mèche, il l'éteignait discrètement du doigt. Et l'homme, croyant que sa mèche était mouillé, ne vit pas le voleur.
Dans ton coeur également, il y a quelqu'un qui éteint le feu mais tu ne le vois pas."
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Eh bien, le voleur qui éteint le feu, c'est le désespoir qui s'abat sur nous, quand, devant une difficulté ou une douleur, alors que nous essayons de trouver une issue, il vient éteindre toute énergie et toute résolution. Certes, je n'aurai pas la naïveté de croire qu'il suffit de vouloir pour pouvoir. C'est une de ces lieux communs qui conduisent au volontarisme, antichambre de l'entêtement, dont nous voyons les effets délétères dans nos vie, comme dans l'histoire. Mais j'affirme que le désespoir est le plus épouvantable éteignoir de vie qui se puisse imaginer.
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Alors je terminerai par cette belle sentence de TAGORE : "A l'homme qui espère, toute chose se révèle, pourvu qu'il ne renie pas dans les ténèbres ce qu'il a vu dans la lumière".
Et je réalise qu'Eugénie a eu raison de trouver un jour que mes propos, souvent, étaient d'un trop noir pessimisme.
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C'est donc en invitant à l'espérance que je conclurai le deuxième billet de ce jour.
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