mardi 16 mars 2010

Tocqueville toujours

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Aucune réaction aux propos de TOCQUEVILLE que je vous rapportais hier. Je vais donc enfoncer le clou en rapportant ici quelques uns des constats qu'il fait dans la dernière partie de son ouvrage capital De la démocratie en Amérique.
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Après avoir constaté que le fondement des démocraties est l'égalité et non point la liberté, TOCQUEVILLE poursuit :
L'égalité produit [...] deux tendances : l'une mène directement les hommes à l'indépendance et peut les pousser tout à coup jusqu'à l'anarchie ; l'autre les conduit par un chemin plus long, plus secret mais plus sûr, vers la servitude. Pour être honnête, il convient ici de souligner que TOCQUEVILLE loue l'indocilité qu'inspire l'égalité qui dépose au fond de l'esprit et du coeur de l'homme ce "penchant instinctif de l'indépendance politique, préparant ainsi le remède au mal qu'elle fait naître".
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Après avoir constaté que le goût de l'égalité conduisait à accroître indéfiniment la puissance du pouvoir central, l'auteur ajoute dans une petite note: A mesure que les attributions du pouvoir central augmentent, le nombre des fonctionnaires qui le représentent s'accroît. Ils forment une nation dans chaque nation, et, comme le gouvernement leur prête sa stabilité, ils remplacent de plus en plus chez chacune d'elle l'aristocratie. Presque partout, en Europe, le souverain domine de deux manières il mène une partie des citoyens par la crainte qu'ils éprouvent de ses agents, et l'autre par l'espérance qu'ils conçoivent de devenir ses agents.
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Nous avons là très exactement la description de ce qui se passe en France, et qui ne pourra que s'amplifier avec l'accession au pouvoir des fanatiques de l'égalité. Je n'en dirai pas plus pour l'instant. Demain ou tout à l'heure, je vous montrerai comment l'école dite républicaine vise à atomiser le corps social, à empêcher la transmission, et comment la laïcité à la française est une croyance.

4 commentaires:

Romrik a dit…

Tout un programme...

Si seulement je n'avais pas d'examens à la fin de l'année, je m'y plongerais!

Il faut que ce soit un professeur de pharma qui m'abreuve de cours de sociologie:un comble.

Mais un Tocqueville c'est le 19ème?
En 1800 c'était le régime de Napoléon, et "Nous avons là très exactement la description de ce qui se passe en France".Ah bon?

" Voici des propos modérés, qui montre que Monsieur Politis est en pleine forme"

Attendez je réfléchis?Ça me rappelle quelques propos lors d'une conférence de presse tout ça!
http://www.dailymotion.com/video/x3zkbm_nicolas-sarkozy-liberation-reglemen_news



Je me délecte de ce passage aujourd'hui encore, mais "Je n'en dirai pas plus pour l'instant"...


Pourtant par ces citations de Tocqueville ce passage prend tout son sens...
"il mène une partie des citoyens par la crainte qu'ils éprouvent de ses agents" : le journalistes,et
"l'autre par l'espérance qu'ils conçoivent de devenir ses agents": à voir "le nombre de fonctionnaires qui" se gaussent de cette riposte.


Ah! "Tocqueville" encore!!!!

Philippe POINDRON a dit…

Merci, cher Romrik. Lesz politologues contemporains considèrent TOCQUEVILLE comme un génie des sciences politiques, et un prophète.
Amicalement.

Geneviève CRIDLIG a dit…

Effectivement en le découvrant j'ai eu l'impression que c'était un homme d'aujourd'hui, attablé à une terrasse de café, qui rédigeait son papier.
A la fois le style et son appréciation de la situation présente et à venir "collent" à la perception contemporaine. Son génie à la base c'est d'avoir réussi à se faire entendre et comprendre par delà les siècles.

Un prophète n'est-il pas avant tout qqn qui " entend" l'avenir?
Et qui l'annonce comme une réalité qu'il vit déjà?

= Un nouveau voyage en perspective...

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

mon opinion sur Tocqueville est assez mitigée à cause de ce que dit Jean Dumont sur "L'Ancien Régime et la Révolution". J'attends cependant avec impatience les considérations que vous annoncez à la fin de votre billet, sur la laïcité.

A wir galon,

E. D.