mardi 25 mai 2010

Festival

-
J'entendais hier à la télévision l'actuel "Délégué général" (je crois que c'est le nom de sa fonction) évoquer un échange qu'il eut avec son prédécesseur Maurice BESSY, alors qu'il n'était que son adjoint. Les deux hommes visionnaient une présélection des films qu'ils comptaient mettre en compétition. Dans l'un d'eux, on voit un homme en train de déféquer. Fort justement, Maurice BESSY dit à son collaborateur : "Vous n'allez tout de même pas montrer ça !". Et lui de rétorquer : "Pas de problèmes. Il sera pris à la Quinzaine des Réalisateurs, ou à Berlin, ou à Venise". Manifestement, il n'en savait rien, mais c'était un moyen de suggérer qu'il ne fallait pas passer à côté d'un possible scandale, de ces scandales qui font la renommée et la publicité de ce genre de manifestation culturelle. Et l'actuel Délégué Général de dire, en se passant la langue sur les lèvres avec une manifeste gourmandise : "Vous comprenez, 1968 était passé par là. On avait libéré l'art." (Je cite ici de mémoire et il se peut que cette citation soit erronée, mais l'idée était en tout cas la suivante : il n'y avait plus de ces obstacles bourgeois qui empêchaient les soi-disant artistes d'exprimer leurs fantasmes, fussent-ils scatologiques, pornographiques, sanglants, ou que sais-je encore). C'est ce que l'on appelle la liberté de pensée. Moi, je veux bien, mais je dis tout net que je ne pense pas comme le Délégué Général. Et j'ai la faiblesse de préférer le bon goût qui fut celui des Français depuis des siècles.
-
Toutefois, il a eu la main heureuse en choisissant des jurés plus sensibles à la beauté, à la profondeurs des sentiments ET A LEUR VERITE. En primant le film d'Apitchatpong WEERESETHAKUL, ils ont mis en lumière un homme qui dit avoir "moins besoin d'argent que de vérité". Je n'ai pas vu le film, et les critiques de cinéma sont sévères pour cette oeuvre, mais au moins, le jury n'a pas été sensible aux pressions médiatiques. Mais c'est surtout en distinguant le films consacré aux trappistes de l'abbaye de TAMIE et aux moines de TIBEHIRINE assassinés dans des conditions qui demeurent encore mystérieuses, que le jury a fait preuve de discernement. J'ai vu quelques séquences de ce film ; elles sont saisissantes. J'irai le voir dès sa sortie.
-
Sans doute par concession à l'esprit du monde, le jury a-t-il aussi trouvé du mérite au film d'AMALRIC. Ce que j'en ai entendu, et le peu que j'en ai vu me laissent perplexe. Nous verrons bien. Si j'ai cité le petit incident de la télévision, c'est pour montrer combien l'ambiance culturelle et médiatique dans laquelle nous baignons est délétère, et combien elle peut influencer négativement nos jeunes, ces jeunes qui vont prendre le relais. On peut se demander dans quelles conditions !

Aucun commentaire: