A plusieurs reprises, dans mes billets, j'ai pris soin de faire la distinction entre patrie (la terre des pères) et nation (du mot latin natio : la portée d'une femelle animale). La nation est un concept né pendant la Révolution française. Et il a nourri le nationalisme avec toutes les conséquences que nous lui connaissons. Ce n'est pas pour rien que l'étymologie de ce mot en signale l'animalité et son corollaire qu'à l'homme d'une nation, il n'est pas possible de choisir son appartenance (cf. Rémi BRAGUE.)
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Qui n'a jamais fait la poignante expérience de l'émotion surgie des profondeurs du coeur qui l'étreint quand il rentre dans sa patrie après une longue absence à l'étranger ? Ibi bene, ubi patria : La patrie est là où l'on se sent bien. Voilà pourquoi le débat sur l'identité, malencontreusement nommée nationale, n'est pas vain. Il s'agit en réalité de l'identité patriotique. Elle n'est pas une affaire de race, mais de coeur.
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Peut-on dire que des jeunes d'origine africaine ou maghrébine se sentent bien dans leur prétendue patrie, quand ils caillassent des bus, vivent de rapines et de trafics, brûlent des voitures, ou dégradent les biens publics ? Notez bien que je dis "des" (et non pas "les", car il y a de jeunes d'origine africaine ou maghrébine qui se sentent bien dans leur patrie ; j'en ai connus des dizaines parmi mes étudiants). La réponse est non, bien évidemment. Il est important d'essayer de comprendre pourquoi.
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Je me demande si, précisément, la raison de ce malaise n'est pas la confusion que le monde politique entretient entre nation et patrie. Le concept de nation suscite le nationalisme, et par voie de conséquence, l'exclusion de tout ce qui ne fait pas partie de "la portée", c'est-à-dire le racisme. Celui de patrie se nourrit du sentiment d'appartenance d'abord à une culture et à un mode de vie qui contribuent au bonheur de vivre. Langue, moeurs, coutumes et croyances, foi, nous ont été transmis par nos aïeux. Ils ont par leur travail modelé le paysage de notre pays. C'est là un fait qui ne se discute pas. Ceux de nos frères humains venus de lointains pays qui goûtent cet héritage, s'en reconnaissent comme les héritiers adoptifs sont littéralement nos compatriotes. Ceux qui entendent importer dans notre pays des coutumes, des moeurs, des croyances, un régime politique étrangers à cet héritage ne sont pas des compatriotes, mais des colonisateurs. Et nous n'avons aucune raison d'accepter que se développent sur notre sol ces cancers communautaristes et violents.
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Notre histoire donne de nombreux exemples d'hommes venus d'horizons lointains et qui ont servi leur nouvelle patrie avec un zèle admirable : MAZARIN, Maurice de SAXE, le maréchal de SCHÖNBERG, le prince PONIATOWSKY et bien d'autres. Preuve que l'origine géographique ne fait rien à l'affaire, et que le sentiment patriotique se nourrit plus de sentiments venus du coeur que de pseudo-évidences juridiques, comme le droit du sol ou le droit du sang. Oui, décidément, Ubi bene, ibi patria.
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