samedi 22 mai 2010

Guerre de Vendée, toujours

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Pierre PEAN a publié, en 2008, un livre dont la lecture est hautement recommandable. Il y raconte l'histoire du village de MAUMUSSON, sis aux confins de la Bretagne et de l'Anjou, pendant les guerres de VENDEE. Il y montre notamment, comment les bourgeois nantais, enrichis par la traite des noirs, ont accueilli avec enthousiasme la Révolution, trafiqué pour s'enrichir des biens nationaux achetés à vil prix, intrigué pour maintenir, contre l'avis de quelques très rares députés courageux, le honteux commerce des noirs dont l'interruption les aurait, disaient-ils, ruinés, traqué les prêtres réfractaires, et concouru à la répression sanglante et féroce des paysans vendéens et bretons légitimement révoltés contre la tyrannie et l'oppression de la Convention. Ils ont également aidé le sinistre, l'épouvantable CARRIER dans sa besogne de mort.
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Ce livre si recommandable est intitulé "Une blessure française. Les soulèvements dans l'Ouest sous la Révolution. 1789 - 1795", publié chez Fayard. Il est dépourvu de passions partisanes, factuel et admirablement documenté.
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Je connaissais déjà quelques unes des horreurs commises par ces soi-disant héros de la Liberté. Je vous en avais parlé. Mais je ne les connaissais pas toutes. Ce que l'on peut lire dans le livre de PEAN dépasse l'imagination. Et nous nous permettons de donner au monde des leçons de tolérance, après que les pères fondateurs de notre République ont commis de tels forfaits !
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Deux points m'ont particulièrement marqué dans ce livre. Le premier est l'initiative prise par un certain Jean DUVAL, député de la Manche, qui proposa d'imposer aux prêtres réfractaires le port d'un écriteau à hauteur du sein gauche qui porterait en grosses lettres "Prêtre suspect de sédition". Et nous osons reprocher à HITLER d'avoir imposé le port de l'étoile jaune ! (Rappelez-vous, - je vous en ai déjà parlé -, cette députation de Conventionnels chez un pharmacien d'ANGERS qui prétendait avoir trouvé un gaz toxique pour tuer ces brigands et suspects de vendéens, une méthode plus économique que les autres méthodes d'exécution : fusillade, guillotine, noyade, pendaison, ou crémation d'hommes, de femmes et d'enfants vivants dans des fours à pain). On retrouve là les trois ingrédients hitlériens : chambre à gaz, four crématoire, étoile jaune. Nous avions beaucoup d'avance sur les nazis.
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Rappelez-vous encore l'abominable LE CHAPELIER et sa loi scélérate qui supprimait les corporations, interdisait la syndication, livrait pieds et poings liés les ouvriers des artisans aux chevaliers d'industrie - enrichis par l'achat des biens déclarés nationaux, fruits de rapines, de vols, de concussion -, et frayait la voie à l'exploitation des ouvriers par ces gens qui avait un coffre-fort à la place du coeur. Or donc, cette ordure, l'un des sept députés de RENNES à la Constituante, vient expliquer ceci devant les négociants (trafiquants négriers) nantais :
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"Il me paraît à moi qu'il n'y a pas un homme sensé et véritablement humain qui ne puisse songer à proposer l'affranchissement des Noirs ; et quant à la traite, la question ne peut être traitée que du côté de la politique, sans qu'ils soient permis de l'abandonner à de pures considérations philosophiques qui ne sont pas toujours d'accord avec elles. [...] Quand on semble parler au nom de l'humanité, on peut d'abord se concilier quelques faveurs, mais les représentants d'une nation savent bien qu'ils ne doivent pas se laisser aller à ce premier mouvement, et qu'ayant pour devoir d'augmenter et d'entretenir la prospérité du Royaume [note du transcripteur : le discours a été prononcé en 1789, avant l'abolition de la Monarchie], ils ont encore d'autres considérations à embrasser pour remplir leur importante mission."
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Il y eut un homme pour s'élever avec indignation contre ce discours : Jean-Pierre BRISSOT. Il n'était certes pas un homme modéré, mais du moins avait fondé la Société des Amis des Noirs. Il périt quand même sur l'échafaud.
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L'état actuel de notre patrie est une conséquence directe de l'accaparement du pouvoir par une classe de bourgeois cupides, dépourvus de tous scrupules et de toute religion, quoique que grands zélateurs de la philosophie des Lumières. PEAN indique (page 81) que "quatre francs-maçons nantais sur cinq étaient marchands ou négociants. Ces Messieurs du Commerce disposaient d'une loge très puissante, le Cercle de la Fosse. Six navires négriers portaient même des noms empruntés à la franc-maçonnerie, comme La Parfaite Union ou Les Coeurs unis. Trois armateurs célébrèrent la Révolution en baptisant leurs navires Soldats de la Patrie, Le Citoyen et Le Patriote. [...] Le trafic négrier n'a jamais été aussi florissant que pendant les trois premières années de la Révolution. Durant toute cette période, les négociants se sont battus pour prouver l'utilité de la traite et empêcher toutes les mesures d'émancipation des mulâtres et des Noirs."
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Tant que notre enseignement, entièrement aux mains de cliques politiques ou de mouvements de pensée très orientés, ne saura pas faire la juste part des choses, tant qu'il y aura un déni de justice envers les innocents, tant que le viol des principes les plus sacrés par ceux qui prétendaient les défendre après les avoir conçus, ne sera pas clairement expliqué à nos enfants, il ne faut pas se plaindre que ceux-ci relativisent les effets de la violence, et ne s'émeuvent guère de la misère d'autrui. Il n'y a pas de bons et de mauvais innocents. Il y a des innocents.
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1 commentaire:

tippel a dit…

Et bien, chapeau Monsieur Poindron! Voir l'histoire en face. j'ai envie de lire le livre de Pean.