Comme tous les ans à pareille époque, les communautés luthérienne de Saint-Nicolas et catholique du Puits de Jacob organisent à STRASBOURG une grande journée d'évangélisation commune. Ces 24 heures de vie ont fait tache d'huile : METZ, NANCY, COLMAR, MULHOUSE, EPINAL ont maintenant leur journée. On me demande, tous les ans, de co-animer avec une membre de la Communauté Saint-Nicolas, une marche nocturne aux flambeaux, une marche silencieuse à travers la ville. Nous nous arrêtons alors à tous les endroits où se trouvent des écoles, des institutions civiles ou religieuses, des sièges importants de journaux ou de banques. Vous imaginez bien que nous ne passons pas inaperçus. Mais notre but n'est pas de nous faire voir ; il est de prier pour la ville et ses habitants.
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En cette nuit du 5 au 6 juin, il fait un temps superbe ; le ciel est profond, étoilé, majestueux. Le FINKWILLER, la Place Gutenberg, et d'autres quartiers grouillent de monde encore à 2 heures du matin, un monde de jeunes qui sortent des bars - l'heure de la fermeture est proche - et achèvent la longue veille par des promenades animées au travers des ruelles pavées.
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Ah ! Isabelle, Régis, Valentin, Léon, Jean-Philippe, Laura, Vincent, Guillaume, Aurélie et tant d'autres, comment oublier vos visages et votre cri : j'ai soif ? J'ai soif de vérité, de paix, d'amour, de reconnaissance, dites-vous, "chacun en votre langue". Et toi, jeune des quartiers dits sensibles, dont l'accent trahit les rivages méridionaux de la méditerranée, tu t'étonnes que des chrétiens puissent prier AUSSI pour toi, que tu sois considéré par eux comme un frère, après avoir protesté que c'était impossible qu'une chose pareille puisse être puisque tu es musulman.
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Jean-Philippe, un grand gaillard dans les veines duquel coule un sang africain, se souviendra toute sa vie, dit-il, de cette soirée. Il nous interroge. Manifestement, il est au bord de l'ivresse, mais son discours se tient. Il demande que l'on prie pour sa maman et son frère. Mais pour lui ? Non ! Non ! Il ne le mérite pas ! Il n'est pas digne ! Pas digne ? Alors avec douceur, nous lui disons que si, que nous allons prier pour lui. Et il y a cette scène incroyable : il s'agenouille tandis que nous faisons autour de lui un cercle d'amour et de respect. Et puis l'un de nous le prend par les épaules : Le Seigneur te relève Philippe ! dit-il. Et cet homme blessé de se relever revêtu de sa dignité de fils. Il m'est impossible de vous traduire ce que j'ai ressenti à ce moment. Ce n'était pas de l'ordre de la sensiblerie que j'ai l'habitude de traiter de mystico-gélatineuse : c'était une joie discrète et profonde, venue d'un ailleurs qui me dépassait.
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La jeunesse a soif de vérité, d'amour et de paix. Nous ne savons pas voir qu'elle quémande un peu d'eau et de fraîcheur, et notre monde ne lui offre que des breuvages frelatés, mêlés de drogues abrutissantes. La jeunesse a soif. Elle trouvera, n'en doutons pas, elle trouvera un jour la source où elle pourra s'abreuver d'une eau qui ne s'évapore pas, qui ne périt pas, qui désaltère pour toujours.
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