samedi 12 juin 2010

Economie dirigée ; le volte-face de la Convention

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Peu avant la chute de ROBESPIERRE, la propagande de la Convention exaltait encore la Loi dite du maximum qui n'était autre qu'un contrôle des prix lié à un rigoureux contrôle social. C'était "un bienfait national ; sans elle, l'égoïsme et la cupidité, de concert avec l'aristocratie, auraient déjà fait mourir le peuple dans la cruelle agonie des besoins" (Circulaire du 24 messidor ; 12 juillet 1794).
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Vient thermidor et la chute de l'Incorruptible. Six mois après l'exécution du "Tyran", la Convention proclame ceci : "La raison, l'équité, l'intérêt de la République réprouvaient depuis longtemps la loi du maximum... Les esprits les moins éclairés savent aujourd'hui qu'elle anéantissait de jour en jour le commerce et l'agriculture ; plus cette loi était sévère, plus elle devenait intolérable ; l'oppression prenait en vain mille formes. C'est à l'industrie, dégagée d'entraves, c'est au commerce régénéré, à multiplier nos richesses et nos moyens d'échange. Les approvisionnements de la République sont confiés à la Liberté, seule base du commerce et de l'agriculture." (Proclamation du 24 décembre 1794.)
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Ainsi, après avoir affamé le peuple par cette loi imbécile du maximum (il y eut une très grave famine en 1793) qui ne frappait que les pauvres, le Gouvernement faisait une étonnante volte-face et brûlait (avec la presse à assignats) les principes qu'il adorait quelques temps auparavant.
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L'événement est significatif du mouvement de l'histoire politique de notre pays. Ce que fait un gouvernement est défait par celui qui lui succède après s'y être opposé. Il n'y a aucune continuité dans la politique, de sorte qu'aucune des mesures n'a eu le temps de porter ses fruits mais qu'elle a bien celui d'exercer ses effets négatifs avant d'avoir pu en manifester les positifs.
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Il n'y a qu'à entendre les responsables de l'opposition qui promettent (à mon avis avec témérité) d'abolir les mesures que désapprouvent sa clientèle électorale, s'il elle revient au pouvoir. Il est de la sorte impossible de conduire une politique sur le long terme, et de travailler à ce que TAINE appelait les "grandes oeuvres héréditaires". Il n'y a, d'aucun côté, la moindre tentative de considérer les faits dans leur nudité absolue. Nous avons le meilleur institut de statistiques économiques du monde, il faut le dire très haut. Il fournit des données immédiates et des projections pour le futur qui ont montré leur grande fiabilité. Rien n'y fait. Si le système dit qu'il faut aller dans le mur pour prendre le pouvoir, il faut le faire.
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Misère ! quand aurons-nous suffisamment d'esprits courageux, d'où qu'ils viennent, pour regarder bien en face et avec autant de précision possible la réalité, et prendre les mesures qui s'imposent pour en relever les défis.
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Déjà un journaliste du Directoire disait : "Le petit peuple travaille très doucement... son métier est devenu une sorte d'amusement... Il loue ses bras comme par condescendance". Je mettrais quelques bémols au premier terme de ce jugement sévère. Mais j'en approuve le deuxième et le troisième : le grand crime de madame AUBRY contre l'homme, avec ses 35 heures, c'est d'avoir considéré que le travail est une malédiction imposée par les "patrons", alors qu'il est une des dimensions fondamentales de la construction de soi. Il suffit de regarder la tristesse, le désespoir des chômeurs. Madame AUBRY a commis une énorme confusion entre emploi et travail. Le travail ne sert pas seulement à la vie du corps, mais aussi à celle de l'esprit et de l'âme. On mettra du temps à s'en remettre.
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