vendredi 20 mai 2011

Quand les éléphants pleurnichent

Inutile de redire ici ce que Pierre-Henri THOREUX a fort excellemment dit dans son billet intitulé "Question de repères" publié hier sur Blog (http://libertylovers.blogspot.com/). Je vous invite à le lire et d'autres billets avec. Ils sont marqués du sceau du bon sens, de l'érudition, de l'information contrôlée et de la mesure.
Je vais simplement compléter ici par quelques remarques.
Les Français découvrent avec stupeur que l'ex-champion du PS pour les élections présidentielles de 2012 peut payer "cash" une caution d'un million de dollars (environ 5 millions de francs lourds, 800.000 euros) plus un dépôt de 5 millions de dollars, pour recouvrer une liberté très surveillée. 
Il ne me gêne aucunement que DSK ait de grands biens. Ce qui me gêne plus, c'est que le PS se fasse avec lui le défenseur "des plus démunis", ait tiré à boulet rouge sur le Fouquets et la Rollex du Président SARKOZY, ait été parfaitement au courant des aventures et mésaventures amoureuses de leur grand-homme et les ait tues.
Ce qui me gêne, c'est la réaction des journalistes : la dernière qu'il m'ait été donné d'entendre est celle d'Olivier MAZEROLLE (orthographe non garantie), sur BFM TV, hier soir, qui présentait, tenez-vous bien, la mise en liberté de DSK comme une sorte de "mini-acquittement", et un retour à l'honneur. Ces gens n'imaginent pas le mal qu'ils font à notre patrie en présentant de manière aussi tordue cette affaire et en défendant l'indéfendable. DSK est un prévenu. Il a le droit de voir sa dignité respectée par les médias, il a le droit de se défendre. Mais enfin, il semble que des charges très lourdes pèsent sur lui. Il se peut qu'il ait été piégé, pour toutes sortes de raisons. Mais sa position de VIP ne lui confère aucun droit particulier au regard de la loi. Nous avons, nous, le devoir d'attendre  le jugement des tribunaux américains, et le devoir de rappeler les éléphants qui pleurnichent à un peu plus de retenue. Il n'est pas impossible aussi de les placer devant leurs insoutenables contradictions. Ces donneurs de leçons qui se contrefoutent de la morale commencent à nous "courir sur le haricot", comme diraient (disaient ?) les titis parisiens. Hier, ils barissaient et aujourd'hui ils pleurent (madame AUBRY notamment au sortir du dernier Bureau National). Qu'ils reviennent à leurs projets, qu'ils l'exposent, le soumettent à discussion, le défendent. Tout le reste est ridicule et inutile.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Professeur,

Ce que de nombreux médias français oublient de dire, c'est que DSK était le chef du FMI. Si DSK s'est trouvé être la cible d'un complot, je pense qu'il faut chercher dans ce sens. D'importants lobbies économiques et financiers devaient avoir une dent contre cet homme, et contre l'institution proprement dit. C'est sûr, c'est plus payant de s'attaquer à la tête qu'au petit fonctionnaire pousse crayon. Et le message est là et non ailleurs, je pense humblement.

D'ailleurs je voudrais rappeler qu'aujourd'hui le Pouvoir appartient plus à ces " corporations " privées pour reprendre un mot anglais qu'à des États proprement dit.

La crise du FMI ne date pas d'hier (*). Lors de la crise asiatique il y a dix ans, de nombreux pays se sont retrouvés dans la récession en appliquant les règles économiques des fonctionnaires de l'institution. Et le seul pays qui a su se tirer d'affaire est la Chine qui est restée sourde aux exigences imposées par cette institution.

L'arrestation du nouveau " petit père du Peuple " défendeur des pauvres et martyre des méchants Américains capitalistes va amorcer un tournant de l'histoire contemporaine.

Avec mes respects, cher Professeur.


* La lecture des livres de Joseph Stiglitz offre un éclairage instructif à ce propos

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Merci M. Poindron pour la grande mansuétude dont vous faites preuve à mon égard.
J'entendais pour ma part hier sur France 2, M. Badinter rabâcher de manière pontifiante le principe à ses yeux sacro-saint, de la "présomption d'innocence". A l'entendre, dans l'affaire en cours il faudrait considérer les deux parties "à égalité". On se demande bien dans ces conditions, pourquoi il y a une affaire... entre deux présumés innocents !
J'ai toujours été irrité par l'hypocrisie et l'esprit partisan de cet homme qui fut ministre de la justice. Aujourd'hui, je suis sidéré par tant d'indécence. Même Laurent Joffrin a cru devoir le ramener à plus de retenue c'est dire...
Quant à Franz-Olivier Giesbert, il en avait (comme Badinter) contre le principe de l'élection des magistrats, en vigueur en Amérique. Pour lui, c'est certain, la décision de la juge qui refusa la libération sous caution de l'accusé, s'explique par le fait qu'elle était en campagne électorale !
Pour ces messieurs, la volonté populaire est donc par nature méprisable, et il est plus choquant de dépendre d'elle et voir sa légitimité régulièrement remise en cause en fonction de ses actions, que d'être préempté, et jouir d'une douce et intouchable sinécure au service du Pouvoir, et donc souvent de ses petits copains ! Décidément il reste du travail à faire en France pour mériter le titre de démocratie...