mardi 26 juillet 2011

Est-il encore possible d'aimer sa patrie ?

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Un grand amoureux de la France, et qui en fut le Président, avait pour patronyme quelque chose qui évoquait l'ancien nom de notre patrie ; je veux parler du Général de GAULLE. Celui qui a toutes les chances d'être le prochain Président de la République (si l'on en croit les sondages !) porte, lui, le nom d'une Province des Pays-Bas. Ni l'un ni l'autre ne peuvent mais à cette détermination. Il est tout de même intéressant de la signaler si l'on aime les interprétations audacieuses de papa FREUD.
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Or donc, monsieur HOLLANDE attribue aux idées d'extrême droite la folie meurtrière du jeune Anders BREIVIK qui vient de commettre un affreux massacre en Norvège. France Info de son côté signalait qu'il se disait "chrétien". C'est comme si je prétendais moi, ne prenant en compte qu'un des aspects de la personnalité, que ces meurtres sont le fruit de l'idéologie des francs-maçons auxquels le meurtrier se flattait d'appartenir. On voit comment fonctionnent l'idéologie ramasse-miettes, le mensonge et l'insinuation.
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L'opposition a torpillé le débat sur l'identité nationale. Ce faisant, elle s'est fait beaucoup d'amis dans la bonne société boboïsante qui passe ses hivers à l'île Maurice, fait du shopping à New York ou à Londres, se risque à faire du ski à Gstaadt tout en plaçant sa fortune à Genève et se prélasse lors de croisières dans l'Océan Indien. Monsieur STRAUSS-KAHN est l'archétype de ces personnalités. Il n'est pas question de critiquer un tel choix. C'est son droit. On peut simplement l'interroger. Mais l'opposition n'a pas effacé la question de fond qui taraude le peuple français : Qu'est-ce qu'être français ? Est-il réactionnaire de se poser cette question ? Est-ce afficher des idées extrêmes que de chercher des repères symboliques, historiques, linguistiques, politiques, culturels, fondateurs de cette identité nationale ? Est-il encore possible d'aimer sa patrie sans risquer d'être taxé de nazi, de fascite, d'extrêmiste ?
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Quand on parle de fraternité, n'est-il pas nécessaire pour l'affirmer de pouvoir échanger avec le frère putatif ? Est-il donc inconcevable de réclamer des français, quelle que soit leur origine, qu'ils parlent notre langue et partage les valeurs qui ont construit la France depuis des siècles ? Est-il acceptable de faire rembourser les frais engendrés par la circoncision des adolescents musulmans par la Sécurité Sociale (sur la demande d'un député UMP) quand on prétend être un pays laïc ? Est-il normal de traiter sur un pied différent les chrétiens, les israëlites et les musulmans dans les cantines scolaires, au pays de l'égalité ? Elle voudrait, l'égalité, que toutes les obligations alimentaires soient respectées, ou qu'aucune ne le soit. C'est ce traitement à géométrie variable qui insupporte les gens simples, et quand je dis simples, je n'entends pas dire "simplets", je veux signifier des gens qui raisonnent à partir de leur expérience de vie. Pourquoi monsieur DELANOE fêtera-t-il la fin du ramadan à la mairie de PARIS (230.000 euros de dépenses tout de même) ? A quoi cela rime-t-il cette distorsion entre les discours et la pratique ?
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Il n'y a pas à discuter la qualité de Français à ceux qui l'ont obtenue légalement et selon les diverses lois qui en régissent l'attribution. Mais peut-être faut-il s'interroger sur leur pertinence et améliorer l'instruction civique et l'apprentissage de la langue française pour les nouveaux arrivants (je parle des immigrés légaux), être très strict sur l'exercice des droits civiques qui doit être définitivement ou temporairement interdit en cas de crimes et délits graves, et pas seulement, comme c'est un peu court de le dire, aux personnes naturalisées de fraîche date. Quand on est Français, il ne me paraît pas normal de vivre et de payer ses impôts en Suisse pour échapper aux contraintes fiscales nationales, tout en continuant à voter. Il faut choisir. On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. En somme, il ne suffit pas de dire "Je suis Français" pour l'être vraiment ou autrement que juridiquement. Il y a un petit plus. Il se peut qu'il tienne à une passion. Je me risque quand même à nommer le plus : l'amour, un amour qui ne soit pas aveugle mais raisonné, affirmé, argumenté, tolérant, et ouvert.
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4 commentaires:

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Cher M. Poindron, je partage les idées que vous développez ici. Je vous trouve juste un peu trop indulgent. S'agissant par exemple de la Gauche et du terrorisme, pourquoi ne pas rappeler qu'elle devrait faire sur le sujet, profil très bas. L'écrasante majorité des mouvements terroristes organisés (y compris islamistes) s'est toujours réclamée sans ambiguïté de l'idéologie d'extrême gauche.
D'une manière générale, même dissimulée sous le léger vernis social-démocratique, la Gauche a toujours été par nature violente, et intolérante, s'accaparant des valeurs qu'elle ne représente absolument pas, et n'hésitant pas quand elle le peut, à faire main basse sur le pouvoir, sans passer par les urnes.
Au surplus elle est lâche (les mouvements pacifistes qui ont fait le lit des grands conflits et des grandes défaites, ont toujours été pilotés à gauche) et démagogue (ex. : les soi-disant acquis sociaux au nom desquels on a dilapidé le trésor public, les reculades vis à vis de l'islam et la délinquance, qui préparent les futures guerres civiles...)
En Norvège, nous avons manifestement affaire à un illuminé isolé dont l'idéologie est avant tout délirante (comme Timothy McVeigh qui fit tout seul 167 morts dans un attentat aux Etats-Unis en 1995). Dire que ce genre d'exaction relève de l'extrême droite est un classique du genre en de telles situations, mais ça n'a pas de sens. De toute manière, même l'extrême droite, dont l'archétype dans l'imaginaire public est le nazisme, n'est qu'une variante "nationale" du socialisme...
Enfin s'agissant de M. Strauss Kahn, il est selon moi tout à fait possible de critiquer certains de ses choix. Notamment l'affichage indécent d'une richesse fondée sur la fortune de sa femme, laquelle fut acquise par la plus éhontée des spéculations. Très critiquable, surtout pour quelqu'un qui est prompt à donner des leçons de morale aux autres (cf l'affaire Gaymard)...

CORATINE a dit…

Excellent billet, cher Monsieur Poindron. Je suis entièrement d'accord avec vous.

Anonyme a dit…

Entre patrie et pays.

Cher Professeur,

Je vous sais très affairé, et d'une énergie à toute épreuve et je n'abuserai pas de votre temps.

Cependant, j'aurai pour vous une question d'ordre linguistique.

Vous utilisez souvent le mot " patrie " dans vos billets, pour parler de l'attachement à la France, l'endroit où vous êtes né sans doute.

Quant à moi, je préfère utiliser le mot " pays " pour parler de l'endroit où je suis né, et ou là où j'ai de vivre.


Le mot " patrie " fait référence dans mon esprit à " patriotisme " et il a des airs militaires, et pressent derrière lui des armes et des hommes en uniforme dont je me méfie quant à leurs desseins. Ça sent la force et l'artifice.

Quant au " pays ", il se situe dans des paysages et des paysans, c'est-à-dire à une culture proche de la vie quotidienne, à l'écoute de la nature que les hommes façonneront.

J'ai foncièrement une attache profonde à la terre, aux hommes et à leurs traditions. En revanche tout ce qui veut unir et administrer sous un même drapeau me répulse.

Ainsi les gens du Québec, anciens Français, disent bien : mon pays le Québec, ou encore : chez nous au Québec. Très peu diraient : le Québec ma patrie… Et pourtant rien n'est plus attaché à sa terre qu'un Québecois…. Plutôt mourir que de donner notre terre aux Anglais ! disent-ils fièrement.

D'avance, merci pour votre temps et votre réflexion.

Amicalement, cher Professeur.

Philippe POINDRON a dit…

Cher Rougemer,

La patrie est la terre des pères. Je préfère ce mot à celui de "pays", car ce dernier désigne souvent un fragment du territoire (le Pays de Caux, le Pays de Bray, par exemple) et il a été repris par l'administration pour désigner des regroupements géographiques ayant une unité géographique certaine mais pas forcément une unité historique.
Et puis j'utilise le mot patrie pour l'opposer à celui de nation. J'ai souvent fait des billets sur ce concept fumeux de nation, père du nationalisme le plus sauvage (cf. la Révolution). Je vous accorde que le mot patriotisme a pris une tournure militaire que lui ont donnée les belles consciences de gauche, les consciences internationalistes, au début du XXe siècle...
Mais il me paraît impossible d'aimer l'autre si l'on ne sait pas qui l'on est soi-même. Il en va de même de la patrie. Je ne sais pas si cette explication sous satisfait. Je vais creuser...