Voici le récit de la veillée d'hier. Ayez l'amabilité de le lire jusqu'au bout de façon à prendre connaissance des pratiques et du désarroi de la clique qui entend nous gouverner.
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Phase 1.
Il faisait assez froid, le temps était pluvieux. Voilà qui n'a pas découragé les quelques 150 personnes qui, dès 20 heures s'étaient rassemblées Place de la Bourse, temple païen avec ses colonnes et son fronton, temple consacré au dieu de l'argent. Antoine et moi sommes arrivés un peu après 20 heures. A notre grande surprise, il n'y a aucun dispositif policier autour de la place. Nous remarquons seulement en sa périphérie quatre hommes, dont un au moins muni d'un téléphone en forme de poste de radio miniature, qui sont manifestement soit des policiers en civil soit des membres des Renseignements généraux. Nous papotons. Je retrouve mon cher Philippe ainsi que Laurent et Mayeul, avec qui j'avais passé la soirée du 11 décembre à Maisons-Laffite. Nous allons de petits groupe en petit groupe. Une vieille dame, encapuchonnée, rentre en conversation avec nous. Elle s'est fabriquée un large coussin enveloppé dans du plastique noir de façon à pouvoir s'asseoir convenablement. Elle nous parle de sa maman âgée de 108 ans, dont les facultés mentales se sont amoindries avec la vieillesse et la maladie, et que l'entourage médical et fraternel aurait bien voulu "endormir", si sa fille n'avait pris garde de l'en empêcher. CHARLES m'a chargé de faire une petite intervention sur la marchandisation du corps humain, considérée avec l'oeil du biologiste. Ce soir, l'animateur est XAVIER, un jeune plein d'allant, de talents et de culture.
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Phase 2
Finalement, comme il fait froid et qu'il pleut, AXEL nous indique que nous allons nous rendre au Marché Saint-Honoré, (un lieu moderne, un autre temple, de celui du dieu de la consommation), où nous trouverons un abri contre la pluie. Nous voilà parti (la petite foule avait grossi ; nous étions sans doute près de 200). Commence alors la plus drôle des déambulation. Nous partons au son de la cornemuse. Toujours aucun policier à l'horizon. Plusieurs jeunes veilleurs, munis de hauts-parleurs qu'ils portent soit sur les épaules soit à la main sont dispersés parmi nous. Ils prendront le relais quand cessera la cornemuse. Effectivement, CHARLES trouve à diffuser des airs entraînants, et nous marchons en groupe compact, en essayant de ne pas empiéter sur la chaussée. Rue des Filles saint Thomas, rue saint Augustin, Place Gaillon, rue d'Antin et enfin, notre refuge. Nous nous installons. Le thème ce soir est "Dignité et économie". Il est impossible d'analyser tout ce qui s'est dit de beau. Tout de même, très belle intervention de Xavier (le philosophe) sur la manière dont ARISTOTE définit l'économie et l'esclavage, très belle intervention de Xavier bis (l'animateur) qui nous lira une partie du superbe discours prononcé par madame Najat VALLAUD-BELKACEM lors de la discussion de la loi sur le proxénétisme. J'insiste, le texte est superbe, et l'on se demande comment une femme qui a eu une telle envolée pour défendre la cause des prostituées réduites en esclavage par des maffieux, peut envisager sans recul la GPA et la PMA. Je fais mon intervention (un collègue - je le saurais après - me fait fort justement remarquer que j'utilise le terme de "mort apparente" alors que c''est celui de "mort cérébrale" qu'il convient d'utiliser pour qualifier l'état de sujets susceptibles de fournir des organes à des fins de greffe). Bien entendu, tout cela est entrecoupé de chants (la chorale des Veilleurs est là !). Marguerite analyse la notion d'obsolescence programmée ! A faire froid dans le dos en raison du cynisme des grands groupes internationaux organisés en cartels. Poème de Victor HUGO sur l'exploitation des enfants. Intervention de Guillaume de PREMARE, le premier président de La Manif Pour Tous. Sa description du monde londonien de la finance est percutante, tout comme les abus commis à l'égard de leurs employés par des chefs d'entreprises peu scrupuleux. D'industrielle qu'elle était, l'industrie est devenue financière. Nous entendons aussi une magnifique intervention d'une mère veilleuse. Elle nous apprend que lors de leur manifestation de lundi dernier, des policiers se sont battus entre eux pour des raisons qu'elle ne nous a point indiquées (voir vidéo sur le site des Mères Veilleuses Terramare).
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Phase 3.
La veillée est finie. AXEL nous invite alors à venir boire un vin chaud au Marché de Noël dit "de saint Honoré". Nous voilà donc partis, chantant, cornemusant, écoutant la musique qui s'écoule à flot des hauts-parleurs mais à un niveau sonore tout à fait acceptable. Rue du 29 juillet, rue de Rivoli, Place de la Concorde. Arrêt de quelques minutes devant l'hôtel Crillon, rue Boissy d'Anglas (une saloperie ambulante, ce révolutionnaire qui craignait tellement pour sa peau qu'il n'hésita point, en mai 1795, à saluer avec cérémonie la tête d'un de ses collègues, le député FERAUD, que l'on venait de décapiter, pour donner l'impression qu'il approuvait ce crime ; on a les éponymes que l'on peut dans notre République). C'est alors que nous avons commis une erreur fatale. Nous nous engageons dans la rue saint Honoré, celle qui passe devant l'Elysée ! Plusieurs policiers gardent les ambassades qui foisonnent dans cette rue huppée. Nous entendons l'un d'eux téléphoner et dire "Ils sont pacifiques".
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Phase 4 : la phase de la honte.
Il fallait s'y attendre. A hauteur de la rue de l'Elysée, quelques policiers, peu nombreux, une dizaine sans doute, nous interdisent de continuer. L'un d'eux porte une casquette d'officier. Nous voilà qui commençons à chanter, notamment Il pensiero. Les choses alors se gâtent. Des dizaines de policiers commencent à nous encercler après nous avoir refoulés en partie sur le trottoir. La vieille dame dont je parlais tout à l'heure est au bord du malaise. Elle doit rentrer chez elle. AXEL demande donc au commissaire de la laisser partit. Réponse de celui-ci : "Elle est venue, elle n'a qu'à assumer". AXEL nous fait part de la réponse honteuse de cet homme. Un instant, pris de colère, il a la tentation de forcer le passage, avant de nous dire que nous ne nous abaisserions pas à rentrer dans la violence. Entre temps, alors que nous essayions de revenir quand même sur nos pas, nous voyons un petit bonhomme plutôt enveloppé, d'une trentaine d'année, brassard orange au bras, coiffé d'un bonnet de laine, hargneux, apostrophant un journaliste qui le photographie : "je vous préviens, si vous publiez cette photo, je vous poursuis". Et le journaliste de lui dire : "Comment osez-vous dire ça. Vous savez très bien qu'une révolution se prépare !" (Je garantis l'authenticité du propos. Ce journaliste avait un type eurasien ; s'il me lit, il se reconnaîtra). Le même petit hargneux s'était saisi quelques minutes auparavant de deux veilleuses qu'il entendait mener probablement au poste (elles voulaient partir je suppose). Il a fini par les relâcher sous nos yeux, sentant combien il était ridicule (il les tenait par le bras, l'une à sa droite, l'autre à sa gauche, de sorte qu'il semblait être prisonnier des jeunes filles), et manifestement non approuvé par les gendarmes qui l'accompagnaient, accablé de plus par les fortes remarques de ces deux prises, sur la liberté en France. Ce jeune, trop jeune, a dérapé, sans aucun doute. Il avait peur. Bref nous voilà massés sur le trottoir, entourés par une petite centaine de gendarmes Il continue d'en arriver. Nous chantons. Entre temps, le commissaire a laissé partir la vieille dame ; elle est encadrée par 7 ou 8 gendarmes.
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Phase 4. le retour.
Des gendarmes fragmentent notre groupe massé sur le trottoir en plusieurs paquets. Le premier, dont Antoine et moi faisons partie, est sévèrement bousculé et prié de suivre une quinzaine de gendarmes. Nous apprenons qu'ils nous conduisent à une bouche de métro. Effectivement, ils nous conduisent à la Station Madeleine. Antoine, avec des ruses de sioux réussit presque à sortir de la station par un couloir, j'essaye d'en faire autant avant qu'un gendarme (peu avenant) m'intime l'ordre de descendre sur le quai. Là nous sommes rejoints par d'autres gendarmes qui attendent que nous montions dans la rame. Nous laissons passer la première qui arrive, car Antoine n'aime point être contraint. Un sergent, très sympathique en compagnie de deux autres gendarmes nous entourent. Nous discutons avec le sergent qui voulait nous faire monter dans la rame : nous attendons. "Vous vous foutez de ma gueule" dit-il mais en riant et gentiment, j'insiste. "Vous allez tous la même direction". Ceci veut dire que ses supérieurs craignent de nouveaux rassemblement nocturnes. Le sergent nous interroge, nous demande ce qu'est notre mouvement. Il n'y a aucune animosité dans sa voix, mais de la sympathie et de la compréhension. Le métro arrive, nous montons. Fin de l'aventure. Les réprouvés de la République des francs-maçons rencontrent des sourires de complicité de la part de quelques voyageurs. Retour chez nous vers 1 h 40 du matin.
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HONTE A VOUS, MONSIEUR LE COMMISSAIRE QUI OSEZ DIRE DES CHOSES PAREILLES ! VOUS AURIEZ ÉTÉ DE CEUX QUI AURAIENT PARTICIPE A LA RAFLE DU VEL D'HIV SANS ÉTAT D'ÂME.
QUANT A VOUS, PETIT MONSIEUR AU BONNET DE LAINE QUI CROYEZ AVOIR DE L'AVANCEMENT EN FAISANT DU ZÈLE, JE NE DONNE PAS CHER DE VOTRE AVENIR PROFESSIONNEL.
ET QUANT A VOUS MONSIEUR MANUEL GAZ, N'OUBLIEZ JAMAIS QUE LA ROCHE TARPEIENNE N'EST PAS LOIN DU CAPITOLE.
Une question prioritaire de constitutionnalité a été déposé au Conseil Constitutionnel pour qu'il tranche la question des gardes à vue illégales.
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