mardi 8 juillet 2014

8 juillet 2014. Nouvelles de la Résistance : le vrai Peuple de France et autres considérations. Deuxième billet de ce jour

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Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche de devenir vrai, c'est la lâcheté.
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1. La citation du jour.
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De KANT (dans Observations sur le sentiment du beau et du sublime) : 
"Je suis par goût un chercheur. Je sens la soif de connaître tout entière, le désir inquiet d’étendre mon savoir, ou encore la satisfaction de tout progrès accompli. Il fut un temps où je croyais que tout cela pouvait constituer l’honneur de l’humanité et je méprisais le peuple qui est ignorant de tout. C’est ROUSSEAU qui m’a désabusé. Cette illusoire supériorité s’évanouit ; j’apprends à honorer les hommes ; et je me trouverais bien plus inutile que le commun des travailleurs, si je ne croyais que ce sujet d’étude peut donner à tous les autres une valeur qui consiste en ceci : faire ressortir les droits de l’humanité."
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2. Commentaires.
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Je comprends tout à fait ce que veut dire KANT. Longtemps, j'ai cru que le fait d'être professeur à l'Université et chercheur me mettait au-dessus du commun des mortels. En revanche, je n'ai jamais méprisé ce que l'on appelle le Peuple qui, pour moi, est certainement le dépositaire du sens commun, du sens moral, et du sens esthétique d'une patrie. Je pensais simplement que je pouvais l'éclairer. En somme, je croyais que j'avais des choses à lui apprendre, et c'est lui qui m'en apprend aujourd'hui.

En voulez-vous un exemple ? Le voici. Il inaugurera le temps de relâche de mes billets puisque je m'absente jusqu'au 20 juillet inclus.

Il y a 6 jours, alors que je rentrais chez moi, ayant laissé ma femme et ma fille faire du shopping, une activité pour laquelle je n'ai guère d'inclination, je réalise, alors que je suis dans le métro, que je n'ai pas pris les clés de l'appartement. Tant pis. J'attendrai dans le petit parc qui s'étend entre le périphérique et l'avenue Ferdinand Buisson. Il fait beau. Il y a du soleil que filtre les frondaisons des arbres. Le parc est merveilleusement entretenu par une équipe de jardiniers dont le responsable, avec qui je discute régulièrement, a un sens inné du jardin et compose des sous-bois et des jardinières exceptionnels. Il se trouve que ce parc héberge aussi des terrains de boule et des terrains de quilles aveyronnaises et qu'il arrive à des joueurs à l'accent rocailleux du Rouergue de venir s'entraîner. C'est le cas ce jour-là. Normalement, on n'entre sur le terrain que si l'on est membre du club. Je reste donc sagement à la porte tout en m'émerveillant de l'habileté des joueurs. Ils sont quatre. L'un d'eux voit que je les observe et me fait signe d'entrer. Je ne me fais pas prier. Il m'invite à m'asseoir et m'explique patiemment les règles de ce jeu subtil, des règles assez complexes qui impliquent, notamment, qu'il faille abattre une quille déterminée pour que les points (attribués au nombre de quilles abattues plus celui du bâton de jet) soient comptés. Parmi les joueurs, (André, Bernard, Pierrot et un quatrième dont j'ignore le prénom), il y en a un qui arbore une magnifique moustache. Il ne lui manque plus que le casque ailé, le bouclier, les saies et la lance pour faire un guerrier gaulois plus vrai que nature.

Nous parlons de l'Aveyron. Je leur indique que j'ai l'intention de louer une petit appartement à MILLAU. Eux sont du Nord, et il est clair qu'il n'est pas question de les confondre avec ceux du Sud ; selon eux, ils n'ont pas tout à fait le même accent que leurs cousins méridionaux. Il faut sans doute une oreille celte pour voir la différence ! Je devine qu'à l'issue de l'entraînement, et conformément à une habitude amicale, on servira à boire.

Il me faut partir hélas, et je le fais à regret. Et l'un des joueurs me dit : "C'est dommage. On voulait vous inviter à boire un coup".

Voilà la France, la vraie, celle du partage de la parole, du lien social, des traditions, de l'amitié. Voilà la France qu'on voudrait faire disparaître sous les coups d'une mondialisation marchande, inhumaine, parfaitement aseptisée et faite pour les quelques puissants qui se partagent les richesses du monde. Je ne sais pas comment ROUSSEAU a pu désabuser KANT, et du reste je m'en moque, car comme esprit faux quoique génial on ne fait pas mieux que Jean-Jacques. Mais je sais que KANT a raison : les maîtres de sagesse ne s'appellent pas HOLLANDE, TAUBIRA, HAMON ou Bernard HENRY-LEVY. Ils s'appellent André, Pierrot, Bernard ; ils ont le visage de ces joueurs qui ont su partager leur passion avec un passant inconnu. Ils sont l'honneur de la patrie et de l'humanité. Tout le reste, c'est de la littérature.
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3. Menues et divertissantes infos.
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La carte des Provinces de France (comparez à celle de monsieur HOLLANDE).

Réforme territoriale : pourquoi pas un retour à la France des anciennes provinces ?

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Gentilles finances de monsieur SAPIN contre méchantes finances de monsieur HOLLANDE.

Monsieur HOLLANDE dans son discours du BOURGET :

«Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire», avait lancé le 22 janvier 2012 le candidat socialiste à la présidence: «Il n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne. Mon adversaire, c'est le monde de la finance.» Promis, François Hollande allait mettre au pas le monde de la finance.

Monsieur SAPIN dans son intervention à AIX-EN-PROVENCE :

Aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence dimanche, Michel Sapin, qui admet une «provocation», explique que «notre amie c'est la finance: la bonne finance». 

Cherchez l'erreur. Décidément, le temps maussade est propice à la multiplication des imbéciles (bernanosiens, bien sûr).

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