Dans un courriel reçu aujourd'hui, une très chère amie me dit qu'elle trouve mon indulgence et mon sens moral à géométrie variable. Elle fait allusion à mon billet du 13 mai consacré au silence dont les médias ont entouré les propos de BENOIT XVI sur les prêtres pédophiles. Une telle réaction mérite une explication.
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Je voudrais rappeler que dans ce billet, j'ai qualifié ces actes de "crimes contre l'innocence des enfants". Je ne pense pas avoir manifesté une indulgence particulière en utilisant cette expression. J'y indiquais que BENOIT XVI avait déclaré que le pardon ne remplace pas la justice. Ceci signifie que le pape n'entend pas mettre sous le boisseau les procès et les condamnations des coupables. Et je n'ai pas non plus cette intention. Un crime est un crime. Un criminel est un criminel. Ces prêtres, hélas, sont des criminels. Et il faut bien appeler un chat un chat. Ils ne cessent pas pour autant d'être prêtres.
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Cependant, et parallèlement, je m'étonnais de l'indulgence que les médias et les cultureux manifestent, les uns pour le ministre de la culture - qui n'a point caché ses excursions sexuelles en Asie du Sud-Est, tout en prétextant que ses proies étaient des majeurs consentants (ce que la lecture de la confession incriminée ne laisse point du tout apparaître) - les autres pour Roman POLANSKI, qui a tout de même eu une ou des relations sexuelles avec une fillette de 13 ans, et, sans doute avec une autre jeune fille d'une quinzaine d'années (aux dires de l'actrice qui, aujourd'hui, révèle ces faits, sans toutefois apporter de preuves), sans parler des frasques de nos footballeurs.
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Je crois que cette manipulation médiatique a deux objectifs : le premier consiste à attaquer l'Église catholique en faisant peser sur son clergé un soupçon généralisé de corruption sexuelle. (Il faut déplorer qu'un trop long silence des évêques sur ce sujet alourdisse considérablement le climat ; la vérité seule est libératrice) ; le deuxième consiste à relativiser la gravité du crime en fonction de son auteur. C'est en quelque sorte un hommage que le vice rend à la vertu. Un acteur, un saltimbanque, un sportif connu a tous les droits et mérite notre indulgence ; pas un prêtre, qui ne peut y prétendre. Je dis, moi, qu'aucune de ces catégories de criminels ne doit échapper à la justice, au jugement des hommes et à la condamnation. La miséricorde revient à Dieu.
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Je ne sais, chère Danielle, si cette explication vous satisfera. Elle me semblait nécessaire, car je visais essentiellement les médias, sans excuser, bien entendu, les coupables de ces méfaits, et je ne voudrais pas donner à mes lecteurs la fausse impression que je minimise l'importance et la gravité de ce problème.
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3 commentaires:
Cher Philippe,
Merci de vos explications, mais elles ne me satisfont pas entièrement.
Non, les prêtres ne sont pas des hommes comme les autres, ils sont serviteurs du Christ et on peut attendre d'eux plus de sens moral que d'autres personnes.
En outre, j'ai dans mon département des cas de prêtres qui ont été couverts par la hiérarchie dans des cas de pédophilie et que l'on a laissé en contact avec des enfants. C'est cela qui est inacceptable!
La réaction des médias s'explique aussi par les exigences que l'Eglise a toujours eues en matière sexuelle pour l'homme de la rue. La sexualité a été niée voire réprimée générant souvent des frustrations. Alors constater qu'il a fallu pour que les victimes enfants soient reconnus dans leur souffrance que les problèmes soient portés sur la place publique, c'est navrant.
Quant à Frédéric Mitterand, je suis d'accord avec vous. Je n'ai pu terminer son livre "La mauvaise vie" tant mon malaise était profond. On peut lui pardonner ses erreurs, mais en faire un ministre... c'est choquant et indécent.
Dany,
Chère Dany,
Vous avez, une fois encore, entièrement raison. Mais c'est justement parce que cet aspect de consécration n'est pas manifesté par les médias, que leurs critiques deviennent injustes, en tout cas incompréhensibles. Il suffirait qu'ils disent, s'ils ne veulent pas montrer qu'ils sont croyants : "Pour un chrétien, un prêtre est consacré au service de son Dieu, incarné en Jésus-Christ. Nous ne sommes ps obligés de croire, mais nous pouvons souligner la contradiction entre le discours et les actes". Voilà qui est vrai, dépourvu d'ambiguïté, et non insinuant.
Bien entendu, la timidité des évêques en cette matière, voire leur silence, est inacceptable. Raison de plus pour saluer le courage de notre pontife.
L'Eglise n'a pas d'exigences en matière sexuelle, ni en aucune autre matière du reste : elle se borne à rappeler ce que Jésus à :"Vous demeurez dans mon amour, SI VOUS ETES FIDELES A MES COMMANDEMENTS". Qu'il y ait eu des clercs obsédés par les injonctions morales, surtout sexuelles, assénées à leurs ouailles, c'est l'évidence même. Mais, faute de formation intellectuelle suffisante, notamment philosophique, ils n'ont pas vu que "le mal" n'existe pas et qu'il n'est que la privation d'un bien. Seul le Malin existe. Et il a pour seul objectif d'entraîner dans sa souffrance et sa désespérance éternelles le plus grand nombre possible d'êtres humains. Vu sous cet angle, et si l'on comprend que tout agent agit en vue d'un bien, on peut voir que les choix moraux sont investis d'une plus ou moins grande "quantité" de bien. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre.
En tout cas, merci pour cet éclairage.
La gauche en embuscade
Et que dit en autre Sandro Magister.
L’accusation contre Ratzinger vise précisément l'homme qui, plus que quiconque dans la hiérarchie de l’Église, a agi pour porter remède à ce scandale.
Avec des effets positifs que l’on commence à percevoir ici ou là. Notamment aux États-Unis, où l’importance du phénomène dans le clergé catholique a nettement diminué ces dernières années. De fait, la campagne internationale contre la pédophilie n’a aujourd’hui qu’une seule véritable cible : le pape. Les affaires que l’on ressort du passé sont à chaque fois celles que l’on pense pouvoir retourner contre lui, soit en tant qu’archevêque de Munich, soit en tant que préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, avec en complément l'affaire de Ratisbonne pour les années où le frère du pape, Georg, dirigeait le chœur d’enfants de la cathédrale. Pourquoi ce pape est-il l’objet de tant d’attaques, provenant de l’extérieur de l’Église mais aussi de l’intérieur, bien qu’il soit clairement innocent de ce dont on l’accuse ?
Un début de réponse est qu’il est systématiquement attaqué justement en raison de ce qu’il fait, de ce qu’il dit, de ce qu’il est.
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