Parmi les nombreux défauts qui sont les miens, il en est un que je me dois de confesser publiquement : je suis têtu. Il vous souvient que j'ai souvent cité le livre admirable et roboratif de Marcel De CORTE. Dans le droit fil du billet d'hier, je voudrais donc rajouter une remarque de cet auteur. Et tant pis si je radote. Je demande pourtant à mes lecteurs de bien peser l'importance de ce que dit ce philosophe.
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"Le rôle du technicien du conditionnement de l'opinion des esprits est de substituer le règne de l'opinion dite souveraine à l'exercice de l'intelligence, laquelle ne joue aucun rôle, sauf accidentel, dans les régimes démocratiques à vaste rayon d'action dont sont nantis les États modernes, faute de l'expérience qui la mettrait en branle. Or, le propre de l'opinion est d'être essentiellement malléable : les rapports ténus qu'elle entretient avec la réalité font d'elle une entité ductile, fluide, façonnable à l'extrême, à laquelle la volonté de puissance la plus forte impose sa forme. Au sens le plus rigoureux du terme, on se fait une opinion et on fait l'opinion. L'opinion est le produit d'une activité poétique et fabricatrice où l'imagination du producteur exerce une fonction capitale. Avec les moyens matériels dont les techniciens disposent aujourd'hui, la presse, la radio, la télévision, etc., il n'est pas exagéré de dire que l'opinion est fabriquée à la chaîne avec un art consommé de la manipulation, du tripotage et du trucage, dans les officines d'information qui abondent sur la planète. Notre siècle est celui de l'information déformante. Selon toute vraisemblance, il sera impossible à l'historien de connaître la vérité historique sur les événements qui se déroulent sous nos yeux depuis un demi-siècle." (In L'intelligence en péril de mort. Éditions du Club de la Culture français, Paris, 1969.) [Sur ce dernier point, par exemple, on pourra toujours citer l'assassinat du Président KENNEDY, ou les mystères du 13 mai 1958 qui a vu le retour du Général de GAULLE au pouvoir. Je ne crois pas que l'on connaisse jamais la vérité sur ces événements.]
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Le livre est épuisé, rare à trouver. Mais si vous avez l'occasion de le voir à l'étalage d'un bouquiniste, n'hésitez pas à en faire l'achat. D'une lecture facile, d'un contenu profond, fruit d'une pensée longuement mûrie, l'ouvrage est un des plus intéressants que j'ai jamais lu sur les ravages de la prétendue modernité.
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Nous voudrions des journalistes qui aient une culture philosophique approfondie, et qui sachent faire la différence entre le réel et l'imaginaire, entre le fait et l'opinion. Hélas, on ne nous propose que les ignobles du Canard enchaîné. Oh ! Des faits, ils en racontent et il est vrai que le journal est assez rarement attaqué, mais ses "informations" sont sélectionnées, tronquées, présentées de manière telle que derrière le fait se love la serpentineuse insinuation qui détruit les réputations, ternit les honneurs, et ne fait le profit qu'à quelques serviteurs de courants de pensée bien identifiables et que je vous laisse deviner. Ne parlons pas du Monde. C'est un cloaque, un concentré d'hypocrisie cauteleuse, qui se vautre dans les scoops ruineux pour notre patrie (ah ! monsieur PLESNEL !) et ne sert que la bien-pensance de gauche, de cette gauche qui fréquente les belles brasseries de Saint-Germain des Près, accueille en son sein de brillantes têtes d'oeuf dont je doute fort qu'elles connaissent le prix d'un ticket de métro. Je ne parle pas de Libération, tout de même de meilleure tenue. Marianne est piquée par le virus de l'antisarkozysme primaire. Quant au Figaro, il me semble que ses meilleures pages se concentrent dans le Carnet du jour.
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A demain.
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3 commentaires:
Cher auteur,
ce que dit DE CORTE est l'évidence même. Mais, le journalisme "de masse" pourrait-il être autre chose ? À ce sujet, je vous rappelle qu'aucun grand journal de France ne pourrait continuer à exister tel quel sans subventions. Ce serait donc une grande ingratitude de leur part que de ne pas aller dans le sens du plus fort.
Bien cordialement,
E. D.
C'est bien là tout le problème ! Je n'ai pas parlé de La Croix qui dans l'ensemble a une excellente tenue, malgré un léger strabisme lévogyre !
Je m'occupe de trouver la citation latine de Thomas d'Aquin. Il semble me souvenir qu'elle est dans la Somme Théologique. Peut-être le docteur angélique l'a-t-il empruntée à un quelconque auteur grec ? Je vais m'assurer de tout cela.
Dans ce pays ou l'on parle tant de démocratie et de statistiques, les chiffres des subventions versées à la presse, aux syndicats de l´Éducation Nationale etc. sont des sujets tabou.
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