vendredi 7 janvier 2011

Evolution selon Darwin, (1)

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Un (ou une) de mes lecteurs (lectrices) m'a demandé mon avis sur l'évolution ET sur DARWIN. Il faut d'entrée de jeu dire que ce sont là deux problèmes presque entièrement différents. Je vais essayer de clarifier la question.
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Au XIXe S., des savants, français notamment, comme CUVIER (qui toutefois niait le transformisme) ou BOUCHER de PERTHES font une constatation curieuse. Les couches géologiques les plus anciennes sont aussi celles qui contiennent les fossiles les plus primitifs. Les couches les plus récentes, au contraire, renferment des fossiles plus complexes, notamment dans leur organisation. Et il semble que le degré de complexification augmente d'autant plus que les couches sont plus jeunes. Une interprétation de ces observations consiste à dire qu'avec le temps, les formes de vie sont devenues de plus en plus complexes, qu'elles ont évolué. C'est une interprétation. Ce n'est pas encore une théorie.
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Vient DARWIN et son fameux livre de l'origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle etc. DARWIN explique l'évolution - bien que la génétique ne soit point encore née - en faisant remarquer que les petites différences que l'on observe au sein d'une espèce, d'un individu à l'autre (couleur des yeux, taille, couleur de la peau, cheveux frisés, crépus, plats, etc.), peuvent conférer aux individus qui les expriment des adaptations plus ou moins grandes à l'environnement, et que la meilleure adaptation confère au porteur du caractère un "avantage sélectif". Donc, dit-il, l'évolution est due à la sélection naturelle, et ne doit rien à un quelconque projet, quelle qu'en soit l'origine, qui guiderait la vie vers une fin. Tout est hasard. La formulation moderne de la théorie darwinienne est celle de la mutation-sélection. Lors de la formation des cellules reproductrices (gamètes), il apparaît des mutations. Certaines sont létales et conduisent à la mort ou au handicap ("maladies génétiques"), d'autres sont neutres, d'autres enfin confèrent un avantage sélectif. L'individu porteur de cette mutation favorable la transmet à sa descendance qui peu à peu occupe toute la niche vitale de l'espèce.
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L'élaboration de la doctrine de DARWIN conduit à la formation d'une théorie. Une théorie est un système explicatif qui rend compte, sans contradictions ni obscurité, de la totalité d'un ensemble de faits. Une théorie est donc une pure construction de l'esprit. Pour la valider, il faut le secours de l'expérience. Il est clair que nous ne pouvons conduire des expériences qui dureraient des millions d'années pour valider la théorie de DARWIN. Elle échappe à la vérification expérimentale. Sur le plan intellectuel, il est très important d'accepter ce statut précaire et non absolument scientifique d'une théorie.
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Cependant , en utilisant des êtres vivants à temps de génération court, comme les bactéries (il faut 20 minutes aux plus banales d'entre elles pour se multiplier), il est possible de mimer expérimentalement ce que l'on peut appeler une microévolution. Une bactérie initialement incapable d'assimiler, disons le lactose, pourra, placée dans des milieux sélectifs adaptés et par le jeu des mutations aléatoires, donner naissance à une descendance capable d'assimiler ce sucre : c'est le phénomène "d'invention génique". La microévolution est donc sinon absolument prouvée, du moins plus que très fortement probable.
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Mais le problème auquel nous sommes confrontés est le suivant : à partir de la soupe primitive dans laquelle apparaîtraient quelques molécules "organiques" comme des acides aminés, peut-on concevoir qu'apparaisse la vie par complexification progressive ? D'abord il faut noter que ces molécules, même si elles s'organisent, ne peuvent pas "muter" puisqu'elles sont dépourvues d'informations génétiques. Elles peuvent s'autoassembler, en fonction de leurs propriétés physiques (thermodynamiques) propres. Il faudrait donc supposer des milliards d'essais et d'erreurs, parfaitement aléatoires, pour qu'apparaisse une molécule de plus grande complexité et mieux adaptée à l'environnement : on est encore loin des formes de vie élémentaires. Disons donc très nettement que DARWIN à la sauce moderne n'explique rien des premières étapes de l'apparition de la vie que sa théorie serait censée expliquer.
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La théorie darwinienne se heurte selon moi (d'après aussi les objections de Michael DENTON) à trois obstacles majeurs : (a) il n'y a aucune forme de transition - quoiqu'en disent les tenants du darwinisme fort - entre les différents plans d'organisation d'un phylum à l'autre, par exemple des Invertébrés aux Vertébrés. Tout se passe comme si un plan d'organisation donné, mettons celui des Crustacés, est un plan d'ensemble qui contient sa justification dans sa totalité. Si macroévolution il y a, il faut expliquer cela ; or l'un des dogmes du darwinisme est que la nature n'a pas fait de sauts (natura non fecit saltum) ; (b) on pourrait s'attendre qu'une molécule aussi importante que l'hémoglobine chez les Vertébrés, par exemple, voit son degré de mutations augmenter avec l'âge géologique qui les sépare de leur ancêtre ; il n'en est rien ; il n'y a pas de rapport entre le temps géologique et les différences de structure primaire d'une protéine donnée ; pour illustrer par un exemple imaginé ce que veut dire ce constat, on dira qu'une hémoglobine d'oiseau présente un pourcentage de différence d'avec une hémoglobine de poisson primitif, du même ordre de grandeur que l'hémoglobine d'un grand singe. Or celui-ci est censé avoir fait son apparition très longtemps après les oiseaux. (c) A supposer qu'il apparaisse une mutation favorable par seconde, il ne s'est pas écoulé assez de temps depuis le big-bang (14 à 15 milliards) pour expliquer l'évolution en termes de mutations et sélection.
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Je résume : il semble avéré qu'il y a eu évolution. Mais scientifiquement, il est impossible d'affirmer qu'elle est due au seul jeu des mutation et de la sélection naturelle. Cette explication est scientifiquement fausse, et elle a conduit à des aberrations dont je reparlerai dans mon prochain billet.
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