samedi 22 janvier 2011

Pensées du matin

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Je ne crois pas au hasard. Ne l'ai-je pas écrit ici à de nombreuses reprises ? Un ami très cher, ô combien, vient de m'offrir un ouvrage remarquablement écrit, et que l'on doit à Pierre ZAOUI. La traversée des catastrophes. Philosophie pour le meilleur et pour le pire. Collection "l'Ordre philosophique". Éditions du Seuil, Paris, 2010. On comprendra sans doute pourquoi je n'adhère pas aux analyses de ce philosophe mais considère qu'elles poussent tout honnête homme à un retour sur lui-même et à la prise de décision radicale, quand on aura pris connaissance du titre que l'auteur donne à l'Introduction de sa réflexion : Vivre au dehors. Idées pour la constitution d'une éthique athée.
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Or juste avant ce chapitre, et pour lui donner l'éclairage général qui convient à son propos, Pierre ZAOUI donne quelques citations, dont celle-ci de F. SCHELLING :
"Qu'il est délicieux le ton des récits qui proviennent du monde à son premier matin, lorsque tout en cette heure sacrée, est encore rassemblée à la maison du père, jusqu'à ce que les fils s'en aillent vaquer à leurs occupations respectives, et qu'enfin des tribus et des peuples commence à s'élever la rumeur !"
Je ne sais comment interpréter cette réflexion-là. De quel père s'agit-il ? De quels fils ? Il se peut que l'image soit celle de l'humanité en train de se dégager des "liens" qui le tiennent au sacré, représenté par la figure paternelle, et que la rumeur des tribus et des peuples soit celle des nations en furie, enfin libérées, qui se combattent, et croient qu'en ce combat elles trouvent la la puissance.
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Or voici ce que je trouve, en ouvrant comme je le fais si fréquemment le livre que les MARITAIN ont consacré aux pages choisies de Léon BLOY, et qui vient en écho murmuré donner réponse à SCHELLING et à ZAOUI :
"La sainteté est un retour certain à l'intégrité primordiale qui a précédé la Chute, mais avec la colossale beauté complémentaire qu'y adjoignit la Douleur."
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SCHELLING est dans le symbole, BLOY dans la réalité de la mystique. Et c'est pourquoi il dit encore :
"Il n'y a de vrai que ce qui est Absolu."
et que le livre de MARITAIN se termine par cette ultime citation du polémiste que j'admire tant :
"Je meurs du besoin de la Justice."
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Je souhaite que ces pensées, trouvées dans le silence recueilli de ce nouveau matin retentissent en vos coeurs et vous fassent aimer l'Innocence de l'Enfant, la Vérité et la Justice.
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4 commentaires:

tippel a dit…

Cher Philippe Poindron que pensez vous de la décision du gouvernement UMP de rayer CELINE (l'auteur Français le plus lu à l'étranger) des célébrations nationales 2011.

Roparzh Hemon a dit…

A tippel : J'attends la réponse de M. POINDRON avec autant de curiosité que vous.

Philippe POINDRON a dit…

Je ne crois pas que cette décision soit juste. Les oeuvres de SADE sont accessibles à tous, et elles ne me semblent pas innocentes. On peut condamner l'antisémitisme de CELINE et admirer l'écrivain remarquable qu'il fut. Etait-ce si difficile à dire ? Sommes-nous donc incapables de faire la part des choses, incapables du moindre jugement, moral, ou esthétique ? Je n'en crois rien. Cette décision est politique et elle est destinée à amadouer les bien-pensants, journalistes essentiellement, et agitateurs professionnels du show-bizz. Ils mélangent tout. Ce n'est pas nouveau. Demain, je donnerai un exemple honteux de la partialité des médias.

tippel a dit…

Merci cher monsieur pour votre réponse.