mardi 4 janvier 2011

Une parole qui remue

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Comment ne pas être remué, bouleversé de fond en comble par ce constat que Romain ALLAIN-DUPRE fait, lors d'une interview, à la journaliste qui l'interroge :
"Le pauvre n'est pas tant celui qui n'a pas, que celui qui se trouve à la porte de lui-même".
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Romain sait de quoi il parle. Brillant étudiant, analyste financier dans une multinationale américaine, il est saisi par le souci des pauvres, après sa conversion. Et il crée les Semeurs d'espérance. Il passe quatre soirées par semaine, avec les jeunes gens et jeunes filles de ce mouvement, pour aller à la rencontre des SDF, à celle des pauvres parmi les pauvres. Je ne sais pas si Romain est marié. Il a 37 ans.
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Le pauvre est à la porte de lui-même. Comme c'est vrai ! Voilà qui invite à voir nombre de nos prochains comme des pauvres en puissance, des pauvres accomplis, voire des pauvres absolus. Ah ! On peut toujours réclamer du pouvoir d'achat, du confort, du luxe, des commodités, on reste pauvre tant que l'on est à la porte de soi-même. "Alors rentrant en lui-même, il se dit : 'tant d'ouvriers chez mon père ont du pain en abondance ; je vais retourner chez mon père et lui dirai : père, j'ai péché contre toi, je ne suis plus digne d'être appelé ton fils'. Mais du plus loin qu'il l'aperçut, son père se précipita et se jetta à son cou, le couvrant de baisers". Et si quitter le statut de pauvre, consistait à retourner vers son père, c'est-à-dire à la source, et reconnaître sa dépendance ?
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Si vous saviez la colère qui me prend quand je les entends pérorer du haut de leurs tribunes, qu'elle soit de la majorité ou de l'opposition, déclamer et gloser sur les pauvres, ignorants de leur propre état de pauvreté, absolument absents de leur vie intérieure. Si vous saviez la honte que je ressens en ne faisant pas ce que pourtant ma conscience me montre si clairement.
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Ils peuvent se moquer des cathos, des culs bénis, des culs coincés et des grenouilles de bénitiers, tous ces gens qui prétendent penser pour nous. Je ne les vois pas beaucoup à l'oeuvre PERSONNELLEMENT dans les lieux dont ils dénoncent (avec justesse) l'existence, le délabrement et l'inhumanité. C'est qu'ils sont encore à la porte d'eux-mêmes, et que leur pauvreté, pour être invisible, n'en est pas moins poignante. Au terme de mon billet de ce jour, ayant progressé dans ma pensée, finalement je crois que c'est la compassion pour eux qui l'emporte, et pour ce qui me concerne, un appel pressant.
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"Nul n'est trop pauvre pour ne rien avoir à donner ; nul n'est trop riche pour ne rien avoir à recevoir" (Jean-Paul II).
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Renseignements sur les semeurs d'espérance : www.semeurs.org
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4 commentaires:

CORATINE a dit…

Bonjour. Nouvellement arrivée sur ce blog par hasard, j'ai lu quelques billets de Monsieur Poindron et je les ai trouvés fort pertinents et très bien écrits.
J'aurais voulu savoir ce qu'un homme tel que vous, qui semblez particulièrement croire en Dieu, pense de la théorie de Darwin et de l'évolution des espèces telle qu'il la décrit. Je sais que le sujet est très vaste mais je vous remercie d'avance pour votre réponse.

Philippe POINDRON a dit…

Je vais répondre par un long billet sur ce point, effectivement crucial. Je puis simplement vous dire qu'il est presque certain qu'il y a eu évolution, mais il est certain que l'explication de DARWIN, mutation-sélection, est fausse, et absolument certain qu'elle a suscité la création d'un puissant sentiment de supériorité chez les Européens ; à la recherche du chaînon manquant, ils le voyaient dans les races africaines et aborigènes, qualifiées 'd'inférieures'.
Rendez-vous dans un ou deux jours.
Bien amicalement à vous.

Geneviève CRIDLIG a dit…

Merci pour l'information concernant les Semeurs d'Espérance: une initiative déjà bien ancrée à Paris à ce que je vois sur leur site.

A transporter et à adapter en d'autres lieux ?
Sans doute existe-t-il des démarches apparentées dans ce qui s'appelle encore désespérément
"la province" ?

tippel a dit…

essai