Je vous disais hier que CONFUCIUS, par certains côtés, rappelait la pensée d'Emmanuel MOUNIER et de son personnalisme communautaire. Pour MOUNIER, il est impossible de dire "je" sans dire"nous". L'autre tient dans sa pensée une place irremplaçable.
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De son Traité du caractère, j'extrais ceci qui me semble répondre à l'importance que CONFUCIUS accordait à l'autre à travers les rites, entendons les formes sacrées de la politesse, quand elle exprime la beauté de la relation entre les hommes.
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"Aussi fréquent que le besoin de fuir le monde est le besoin de fuir dans le monde : "le monde"au sens biblique du mot, c'est autrui dépossédé de sa réalité de prochain et transformé en objet de divertissement. Pour cette jeune mère coquette, son enfant est un colifichet parmi d'autre ; pour ce mari avantageux, sa femme représente une parure flatteuse, un élément de son prestige social ; belle, elle pose sur ses journées le charme rare et miraculeux qu'apporte à la vie quotidienne la présence d'un luxe fragile. Combien d'hommes, qui passent pour répandus parmi les hommes, les maintiennent-ils, jusques et y compris leurs proches, dans une zone intermédiaire entre l'ignorance et l'indifférence, où ils s'effacent en tant que destins autonomes. La foule bruyante et bigarrée des hommes est une vaste foire où rien n'est plus aisé que de se perdre. Les relations mondaines fournissent à quelques uns un vaste alibi où ils vont chercher des surprises pour leurs désirs, des complicités à leurs faiblesses, un aliment à leur commérage, une fièvre d'intrigues semi-vécues, de scandales frôlés, d'impudeurs esquissées, de méchanceté à l'état naissant, agitations qui donnent à un coeur ingrat l'illusion de sentir et à une tête vide l'illusion de penser."
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Je ne puis m'empêcher de penser que les relations mondaines, telles que les décrit MOUNIER sont de celles qui ne cessent d'être présentées, encensées, critiquées ou jalousées par les médias, par l'opinion publique. Nombre de "nouvelles" que nous présentent tel hebdomadaire, tel quotidien, tel feuille de choux, sous la plume tiède et interchangeable de tel ou tel journaliste, peuvent tomber sous le coup de ce que MOUNIER en dit : surprises pour les désirs, avec les nouveautés qui déferlent quotidiennement sur nos écrans, complicité pour les faiblesses que les supporters de la majorité comme de l'opposition avoue pour leurs champions, scandales évoqués, supputés, imaginés, interprétés que le Canard Enchaîné, Marianne, Valeurs actuelles, Le Figaro, Libération, Le Monde, etc. nous réservent, recuits et ressassés, méchanceté de tels propos qui n'apportent rien au débat d'idée, ou aux propositions des responsables pour régler les difficultés dans lesquelles s'englue notre patrie. C'est bien vrai, les coeurs de pierre se donnent l'illusion de ressentir, alors qu'ils ne sentent vibrer que leurs tripes ; les têtes creuses, à l'aide des grands systèmes et des grands principes, se pavanent sur le devant de la scène. Mais il y a toujours des pauvres, des mal logés, des chômeurs, et je ne vois point que le politique ait compris l'importance de la relation symétrique et vraie, ritualisée par le courtoisie, pour commencer à régler ces problèmes. Traiter l'autre comme soi-même, se mettre à sa place, c'est commencer à ne pas supporter pour lui ce que nous ne supporterions pas pour nous-même.
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Demain, petit commentaire sur un excellent article de Denis TILLINAC.
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